LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, CHEF DE GUERRE |
LA TRIPLE ALLIANCE D'AMIENS CONTRE LE "ROI DE BOURGES" Soucieux d'assurer la stabilité de la coalition contre Charles VII, le "roi de Bourges", le duc Jean de Bedford, régent du royaume de France pandant la minorité du jeune Henry VI d'Angleterre, convie à Amiens les ducs Philippe de Bourgogne et Jean de Bretagne. Le 17 avril 1423, avec ces partenaires dont le soutien est indispensable à la réalisation des desseins anglais, il signera un traité de triple alliance, prévoyant de sceller les liens politiques et militaires par un double mariage. Le 31 octobre 1422, dix jours après la mort de Charles VI, Charles VII s'est proclamé roi de France. S'il ne règne que sur une partie du royaume, les Anglais, qui le surnomment le "roi de Bourges", ont pris la mesure de sa détermination et sont loin de le considérer comme quantité négligeable. Depuis la mort d'Henry V, en août de la même année, c'est le jeune Henry VI qui règne sur l'Angleterre, ainsi que sur la France, en vertu du traité de Troyes de mai 1420, par lequel Charles VII a été déshérité. Pour Jean de Lancastre, duc de Bedford et régent de France pendant la minorité de son neveu, il est essentiel de consolider l'alliance avec les ducs Philippe le Bon de Bourgogne et Jean V de Bretagne. C'est pourquoi, au printemps 1423, il les réunit à Amiens. La France gouvernée par Bedford s'étend sur la Normandie,
le nord du Maine et ce qui reste de la Guyenne. Le régent exerce également son
autorité sur la région parisienne, le pays chartrain, la Champagne, la Brie
et la ville de Calais. A ces territoires directement placés sous son autorité
s'ajoutent le duché de Bourgogne, les comtés de Flandre et d'Artois, de Rethel
et de Nevers, de Mâcon et de Charolais, possessions de son puissant allié bourguignon.
La zone d'influence anglaise est théoriquement plus riche que la zone française,
mais, les combats se déroulant pour l'essentiel au nord de
la Loire, la guerre y a fait de terribles dégâts. Partout, ce ne sont que villages
détruits et champs abandonnés, où les hordes de loups se multiplient, faisant
régner la terreur. En comparaison, les provinces situées au sud de la Loire
semblent préservées. Mais cette France fidèle à Charles VII est pauvre : les
revenus qu'elle procure sont sans commune mesure avec ceux du nord du royaume.
Pourtant, les Etats provinciaux accordent au Valois les subsides nécessaires
à la lutte contre les Anglais. Malgré sa jeunesse, son inexpérience, voire son
manque de charisme, le roi de Bourges n'est pas aussi isolé que certains le
prétendent. Le duc de Bedford n'a d'ailleurs pas la faiblesse de le sous-estimer
et sait qu'il ne pourra le vaincre sans le soutien inconditionnel de ses alliés. Mais Bedford n'entend pas partager : il veut gouverner
seul jusqu'à la majorité du jeune Henry VI et estime que le duc de Bourgogne
n'a aucun droit sur la Couronne de France. Limité dans ses ambitions à l'intérieur
du royaume des fleurs de lys, Philippe le Bon l'est également à l'extérieur.
Ses rêves d'expansion se heurtent souvent aux intérêts anglais, dans le Hainaut,
en Hollande et dans le Brabant notamment. Si bien que Bedford, craignant un
retournement d'alliance, juge prudent de le convier à Amiens en même temps que
le duc de Bretagne, afin de tisser de nouveaux liens, qu'il souhaite plus personnels
et indissolubles. Après de longues négociations, les pourparlers aboutissent
à la signature d'une triple alliance entre l'Angleterre, la Bourgogne et la
Bretagne contre Charles VII. En outre, le comte Jean 1er de Foix, l'un des plus
puisssants seigneurs du Midi, adhère à cet accord. Signé le 17 avril 1423, le
traité d'Amiens doit être scellé par deux mariages : il est convenu que les
soeurs de Philippe le Bon, Anne de Bourgogne et son aînée, Marguerite, veuve
depuis décembre 1415 du dauphin Louis de France, frère de Charles VII, épouseront
respectivement Jean de Bedford et Arthur de Richemont, frère du duc de Bretagne.
En nouant ces liens familiaux, Bedford entend renforcer les liens politiques
qui ne semblent plus suffire à garantir la pérennité d'une alliance indispensable
aux desseins anglais. Page MAJ ou créée le |