LE MONT SAINT MICHEL RESISTE AUX ANGLAIS (1424
- 1442)
Il y a eu la cuisante défaite
française d'Azincourt, en 1415. Deux ans plus tard, les Anglais s'imposent en
Normandie. En 1419, ils occupent toute la province, sauf le mont Saint Michel.
Entre ciel et mer, c'est le dernier bastion normand à résister à
l'envahisseur. Entre 1424 et 1442, privé de toute aide extérieure, le mont
Saint Michel va lutter de toutes ses forces. Soutenu dans son combat par la
bienveillante protection de l'archange qui a appelé à la rescousse de la
France en déroute une petite paysanne lorraine du nom de Jeanne d'Arc.
En ce matin de 1434, les troupes
anglaises de Lord Scales sont massées sous les murailles du mont Saint Michel.
Par centaines, les hommes du roi d'Angleterre s'attaquent au remparts avec toute
la puissance de leur artillerie. Sur la colline fortifiée, les flammes
détruisent les habitations, construites majoritairement en bois. Le tourbillon
de fumée qui s'échappe de l'incendie monte jusqu'à l'abbatiale demeurée
intacte. La résistance normande se dépense sans compter. Soudain un pan entier
de la muraille s'effondre, vaincu par les coups répétés des
boulets de canon. Une violente et confuse bataille au corps à corps s'ensuit.
L'ardeur des assiégés est telle que les Anglais refluent en désordre.
D'abord repoussés, ils doivent bientôt prendre la fuite, abandonnant armes et
bagages.
Le blocus du mont Saint Michel, qui
souffre déjà des effets de la guerre de Cent Ans, commence aux alentours du 28
septembre 1424.
Dès le milieu du XIVème siècle, le mont a été privé des revenus de ses
abbayes d'Outre Manche. Devant la menace anglaise, le futur Charles VI, alors
duc de Normandie, y a établi une garnison de 200 hommes d'armes et confié à
l'abbé Nicolas le Vitrier les fonctions de gouverneur et capitaine de la place.
Celui-ci sera assisté, en 1357, par un lieutenant au nom de Bertrand Du
Guesclin. Vers la fin du XIVème siècle, on a renforcé les défenses et
consolidé les remparts. La garnison, grossie de nobles normands et de leur
suite, est passée à 400 hommes.
Alors que les Anglais occupent la Normandie, à partir de 1417, l'abbé Jolivet,
bénéficiant de l'appui de Charles VI, a mis sur pied la plus grande campagne
de fortification du mont Saint Michel, qui a duré près de trois ans. Mais, en
1420, l'abbé s'est laissé tenter par les offres du roi d'Angleterre et, comme
de nombreux prélats normands, est passé à l'ennemi. Jean Gonault, successeur
de l'abbé félon, a repris la résistance en main. Le 20 septembre 1420,
l'abbatiale, construite quatre siècles plus tôt, s'est effondrée, redoublant
l'ardeur des Anglais.
A partir de 1424, coups de force et blocus rendent la situation des assiégés
fort précaire. Le trésor de l'abbatiale est mis au service de la guerre et
l'on bat monnaie avec les objets du culte fondus pour payer les hommes d'armes.
Défendus par la mer et les sables de la baie, galvanisés par la protection
surnaturelle de l'archange Saint Michel qui s'est manifesté à Jeanne d'Arc,
les assiégés résistent vaillamment pendant près de vingt ans.
Le mont Saint Michel sort victorieux de la guerre, mais meurtri. Les habitations
et l'abbatiale sont en ruine, les murailles des remparts éventrées. En 1421,
le futur Charles VII a obtenu du pape Martin V des indulgences pour ceux qui
apporteront leur aide à la reconstruction.
En 1444, l'abbé Guillaume
d'Estouteville entreprend de relever le choeur de l'église abbatiale. Il
reprend les plans du XIème siècle, les modernise et, peu à peu, le nouveau
choeur s'élève vers le ciel, véritable dentelle dans le plus pur style
gothique flamboyant.
Bénéficiant du prestige de l'archange Saint Michel, qui s'est imposé comme le
protecteur du royaume de France pendant la guerre de Cent Ans, le mont Saint
Michel voit les pèlerins revenir en masse. Renaissant de ses cendres, il va peu
à peu devenir la "Merveille de l'Occident".
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|