JEANNE D'ARC EST DEUX FOIS CONGEDIEE PAR LE CAPITAINE DE BAUDRICOURT
Jeanne arpente les remparts de la place
forte de Vaucouleurs. Elle espère convaincre Robert de Baudricourt, allié
du dauphin, le futur Charles VII, de sa divine mission. Le capitaine l'éconduira
deux fois. Elle ne sera enfin écoutée qu'à son retour de
Nancy, où le puissant, mais peu louable, duc Charles de Lorraine l'a
invitée.
Vaucouleurs, c'est, sur les bords de Meuse,
aux confins de la Champagne et du Barrois, la seule place forte qui tienne pour
le roi de France en plein pays bourguignon. Robert de Baudricourt, son capitaine,
est resté fidèle au dauphin, le futur Charles VII. Son nom est
bien connu dans la région, et l'on sait qu'il entretient dans la place
une solide garnison. Vaucouleurs est à trente et un kilomètres de Domrémy.
En ce mois de mai 1428, aux alentours de l'Ascension, une petite paysanne en
cotte rouge arpente les hautes murailles de la citadelle. A tous, elle demande
où est le seigneur Robert et quand il voudra bien la recevoir.
C'est Jeanne. A son côté, se tient Durant Laxart, qu'elle appelle
son "oncle". Elle finit par le croiser, ce fameux capitaine. Elle
lui dit qu'elle est venue à lui de la part de son Seigneur; pour qu'il
fasse dire au dauphin qu'il se tienne bien et ne fasse la guerre à ses
ennemis; car le Seigneur lui donnera secours avant la mi-carême prochaine.
Les rires fusent. On couvre Jeanne de quolibets.
Mais, obstinément, elle poursuit son discours. Elle dit que le royaume
n'appartient pas au dauphin, mais à son Seigneur; et que son Seigneur
veut que le dauphin devienne roi; et qu'il ait le royaume en commande. Elle
dit encore que le dauphin deviendra roi que ses ennemis le veuillent ou non,
et qu'elle-même le mènera pour le faire sacrer. Folle ou sorcière?
Baudricourt est exaspéré par cette petite paysanne tout juste
sortie de l'enfance. A Durant Laxart, quelque peu penaud, il recommande de la
ramener chez elle, avec une bonne paire de claques! Il est vrai que le sire
de Baudricourt a fort à faire. Le duc de Bedford, qui exerce la régence
de son neveu, le jeune Henry VI, roi d'Angleterre et de France, en vertu du
traité de Troyes par lequel feu Charles VI a déshérité
le dauphin Charles, a décidé d'en finir avec cette poche de résistance
qu'est Vaucouleurs. Le 22 juin, il ordonne au gouverneur de Champagne, Antoine
de Vergy, d'assiéger la place. Un contingent de 2 500 hommes fait son
apparition. Grand émoi dans le pays alentour. Les paysans abandonnent
hâtivement leur demeure et, poussant leur bétail devant eux, cherchent
refuge à l'abri des murs de Neufchâteau, la seule ville fortifiée
des environs. Jeanne est là, elle aussi, qui se hâte avec ses
parents. Pendant quelque temps, elle va partager le sort des réfugiés,
entassés dans une auberge que tient une femme nommée La Rousse.
Avec son amie Hauviette, elle donne de temps à autre un coup de main
pour la vaisselle et la cuisine. A Vaucouleurs, le capitaine de Baudricourt
a regroupé sa garnison et renforcé les défenses de la forteresse.
Les opérations vont se dérouler en juillet. Baudricourt ne capitulera
pas. Mais c'est demi-victoire. Les assaillants se retirent à condition
que ses troupes s'interdisent toute agression contre les Bourguignons. L'accord
est conclu en septembre. Au moins Vaucouleurs reste libre. En revanche, les
menaces se précisent du côté d'Orléans. En octobre,
Bedford met le siège devant la ville.
A la fin de l'année 1428, le calme
est revenu dans le Barrois. Jeanne approche de ses dix sept ans. Sa volonté
est plus affirmée que jamais. Désormais, ses voix lui commandent
également d'aller délivrer Orléans. Au début
de l'année 1429, la voilà de retour à Vaucouleurs, toujours
vêtue de sa cotte rouge. De nouveau, elle arpente rues et remparts, espérant
une nouvelle entrevue avec Baudricourt. Cette fois encore, elle sera congédiée
sans ménagement par le capitaine. Mais une telle foi et un tel entêtement
ne peuvent laisser indifférent. Les bonnes gens de Vaucouleurs se laissent
gagner à sa cause. On s'active afin de lui procurer chausses, vêtements
d'homme et tout ce qui lui est nécessaire. On se met en quête d'un
cheval. Le bon et fidèle Laxart avance seize francs sur ses économies.
L'écuyer Jean de Nouillompont, dit Jean de Metz, un proche de Baudricourt,
se laisse à son tour convaincre par les projets de la Pucelle. Enfin,
un beau jour, un messager du duc de Lorraine, porteur d'un sauf-conduit pour
Jeanne, se présente. En son château de Nancy, le duc Charles II
a entendu parler de la jeune bergère et de ses prédictions. Il
souhaite la voir. Jeanne se met en route. Sa mission est de convaincre le duc
Charles Lorraine de lui permettre de trouver des gens pour la conduire en France,
avec l'aide du beau-fils du duc, René d'Anjou. Mais sa mission échoue.
A son retour, Baudricourt la recevra et, enfin, il l'écoutera...
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