LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, LES
PERSONNALITES |
JEANNE D'ARC A CHINON : UNE RENCONTRE DECISIVE AVEC LE DAUPHIN CHARLES Jeanne d'Arc, la bergère de Donrémy, est à Chinon. Elle est venue y rencontrer le dauphin Charles de Ponthieu. C'est Dieu qui l'envoie... Pour débarrasser le royaume de l'Anglais, faire couronner Charles et le mettre sur le trône... Mais il lui faut convaincre le dauphin de la pureté et du bien-fondé de ses intentions. Il est le premier à céder. Robert de Baudricourt, capitaine de la petite place d'armes de Vaucouleurs, l'une des dernières garnisons encore fidèles au roi de France dans un pays occupé à moitié par les Anglais, a fini par se ranger aux arguments d'une petite bergère de dix sept ans. Deux éléments ont sans doute contribué à le faire changer d'avis, lui qui trainait des pieds depuis le mois de mai 1428 : le sauf-conduit accordé à Jeanne par le puissant duc de Lorraine et une missive remise par Colet de Vienne, l'émissaire du dauphin. Après des mois d'une instance acharnée, Jeanne obtient donc, à la mi-février 1429, quelques hommes en armes pour l'accompagner jusqu'à Chinon où réside le dauphin, dernier héritier vivant du roi de France, feu Charles VI le Fol, qu'elle entend faire couronner sous le nom de Charles VII. Jeanne a eu raison de tenir tête à
Baudricourt. Son escorte est réduite mais loyale et dévouée. Elle est composée de Jean
de Metz et de Bertrand de Pouligny, de leurs serviteurs respectifs Jean de Honnecourt et
Julien. Mais également de Colet de Vienne, qui doit s'en retourner à Chinon et va leur
servir de guide pour traverser des terres infestées d'Anglais. En compagnie de ces
hommes, qui, jureront-ils, n'ont à aucun moment "éprouvé
pour elle de désir charnel", Jeanne se met en route.Vêtue d'habits d'hommes,
elle chevauche comme si elle avait fait cela toute sa vie. Pendant les onze jours que dure
leur voyage, rien n'entrave leur marche, qu'ils effectuent la nuit. A deux reprises,
Jeanne brave le danger pour assister à la messe! Lorsqu'ils arrivent enfin à Chinon, par
la porte de Verdun, on semble les attendre. Un ange, dit-on, vient d'entrer dans la ville.
Nous sommes le vendredi 6 mars 1429 et midi vient de sonner. La petite troupe, fourbue et
éreintée, s'installe dans une auberge. Malgré la fatigue, Jeanne est impatiente de
rencontrer Charles. Mais n'est pas reçu par le roi qui veut! Intrigué, le dimanche suivant, Charles
de Ponthieu accorde audience à Jeanne. Elle ne le connaît point, ne l'a jamais vu.
Pourrait-elle, elle qui se dit "envoyée de Dieu", le reconnaître? Pour en avoir le coeur net, Charles attend
Jeanne mêlé à un groupe de seigneurs, richement vêtus, dans la grande salle du
château. Il est environ dix neuf heures, le soleil se couche. Quelques trois
cents chevaliers escortent
Jeanne jusqu'au dauphin et une cinquantaine de torches les éclairent. Le comte de
Vendôme conduit la jeune fille jusqu'au futur roi. Un homme prend alors la parole. C'est
le comte de Clermont. Il a pour mission de se faire passer pour Charles. Déjouant sans
hésitation la ruse, Jeanne s'agenouille devant un homme, plus pauvrement vêtu que les
autres, et dit : "Voilà le roi! En nom Dieu, gentil prince,
c'est vous et non un autre". Selon le récit de son confesseur, frère
Pasquerel, elle poursuit : "Je te dis de la part du Messire, tu
es vrai héritier de France et fils de roi, et il m'a envoyé à toi pour te conduire à
Reims, pour que tu reçoives ton couronnement et ta consécration, si tu le veux".
Charles est interloqué. Et si elle disait vrai? S'il avait enfin une chance de coiffer la
couronne dont il est privé depuis sept ans, depuis la mort de son frère aîné? Il sent
renaître l'espoir. Prenant Jeanne par le bras, il l'attire un peu à l'écart, dans
l'encoignure d'une fenêtre. Pendant près d'une heure, tous deux parlent à voix basse.
Nul ne sait ce qu'ils se dirent. Après leur entretien, Charles a les larmes aux yeux.
Jeanne, précise-t-il, lui a confié "un certain secret que
personne ne savait et ne pouvait savoir, si ce n'est Dieu". Page MAJ ou créée le |