JEANNE D'ARC S'EMPARE DE JARGEAU (12 juin 1429)
Portée par sa victoire à Orléans, Jeanne
d'Arc poursuit sur sa lancée. Au cours d'une campagne fulgurante, elle va s'emparer
de Jargeau, le 12 juin 1429, et chasser les troupes anglaises de la vallée de
la Loire. Son dessein est de faire "route libre et sûre" jusqu'à Reims,
où elle veut que le dauphin Charles, le futur Charles VI, soit sacré sans tarder.
Le 8 mai 1429, Jeanne d'Arc a libéré Orléans
assiégée par les Anglais. Dès le 11 mai, elle s'est rendue à Loches, afin d'y
rencontrer le dauphin, le futur Charles VII, et y est restée jusqu'au "troisième
jour de juin", dit la chronique. Ses exploits ont suscité une immense émotion,
et de tout le royaume chevaliers et gentilshommes accourent pour combattre sous
sa bannière et se mettre au service du dauphin Charles. "On
dit que le roi n'eut jamais si grande compagnie que l'on espère ici; et jamais
gens n'allèrent de meilleure volonté à la besogne qu'ils vont à celle-ci",
rapporte la chronique. Désormais Jeanne n'a qu'une idée en tête : faire sacrer
le dauphin à Reims au plus vite. Mais pour "faire route libre et sûre",
il faut d'abord chasser les Anglais des bords de Loire, les déloger des places
qu'ils occupent le long du fleuve et dans le pays avoisinant. Ce qui subsiste
de l'armée anglaise défaite à Orléans, commandée par le duc de Suffolk, a fait
retraite à Jargeau, à une quinzaine de kilomètres de la cité libérée. Le duc
de Bedford, qui assure la régence pendant la minorité du jeune Henry VI d'Angleterre,
s'apprête à s'y rendre avec des renforts.
Le commandement de l'armée française a
été confié au duc Jean d'Alençon, fidèle compagnon de Jeanne, qui estime dans
un premier temps pouvoir compter sur quelques 2 000 hommes. Mais, bientôt, il
dispose de forces deux fois plus importantes, avec l'arrivée des compagnies
du comte Jean de Dunois et de Florent d'Illiers, capitaine de Châteaudun. Les
chefs de guerre s'interrogent : est-il prudent d'attaquer Jargeau, où les troupes
anglaises se sont réfugiées en nombre? La Pucelle ne se départ pas de sa
tranquille assurance : "Jeanne, voyant
qu'il y avait quelques difficultés entre eux, leur dit qu'ils ne craignent aucune
multitude et qu'ils ne fassent pas difficulté de donner l'assaut aux Anglais,
car Dieu conduisait leur affaire. Elle dit que si elle n'en était sûre, elle
préfèrerait garder les brebis plutôt que de s'exposer à de tels périls",
témoigne Guy de Laval, à propos de ce qui sera sa première campagne. L'armée
royale se met en route pour Jargeau, avec dans l'idée de s'arrêter pour la nuit
aux portes de la ville. Mais, l'ennemi s'étant porté à sa rencontre, elle doit
engager le combat. "Ce que voyant,
Jeanne, prenant son étendard, alla à l'attaque, exhortant les soldats qu'ils
eussent bon courage et ils firent tant que, cette nuit-là, les soldats du roi
furent logés dans les faubourgs de Jargeau. Je crois que Dieu conduisait cette
affaire, car cette nuit il n'y eut pour ainsi dire pas de garde, de sorte que
si les Anglais étaient sortis de la ville, les soldats du roi eussent été en
grand péril", relate le duc d'Alençon.
Le lendemain 12 juin, Jeanne d'Arc met
de nouveau fin avec détermination aux atermoiements des capitaines, notamment
aux hésitations d'Alençon, qui juge toute tentative d'attaque prématurée : "Jeanne
elle-même me dit : Avant, gentil duc, à l'assaut! N'ayez doute, l'heure est
prête quand il plaît à Dieu (...) Agissez et Dieu agira! En nom Dieu, il les
faut combattre; s'ils étaient pendus aux nues nous les aurons, puisque Dieu
nous envoie pour les punir (...). Le gentil roi aura aujourd'hui la plus grande
victoire qu'il eut jamais. Et m'a dit mon conseil qu'ils sont tous nôtres",
insiste la Pucelle. Son "conseil", c'est à dire ses "voix",
l'a assuré de la victoire et c'est avec confiance qu'elle entraîne ses troupes
au combat. Peu après le début de la bataille, Jeanne grimpe sur une échelle
et s'élance vers le sommet des remparts en brandissant son étendard. Soudain,
une pierre l'atteint à la tête et provoque sa chute. Mais, aussitôt, elle se
relève et exhorte ses compagnons : "Amis,
amis, sus, sus! Notre Sire a condamné les Anglais. A cette heure, ils sont nôtres;
ayez bon coeur!" Alors que le combat fait rage, Suffolk
demande à être entendu pour obtenir une trêve. Mais il est trop tard. Dans un
irrésistible élan, les Français s'emparent de Jargeau, puis se lancent à la
poursuite de l'ennemi. Tandis que Suffolk est fait prisonnier, ses troupes se
replient en désordre vers Meung sur Loire et Beaugency. Cette dernière place
tombera quelques jours plus tard. Le 17 juin, dans la plaine de Beauce, Jeanne
disposera ses armées en ordre de bataille et remportera une nouvelle victoire,
à Patay.
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