LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, LES
PERSONNALITES |
LE DERNIER HIVER DE JEANNE D'ARC En cet automne 1429, à Bourges où elle loge depuis quelques semaines sur ordre du roi, Jeanne d'Arc s'ennuie. Désormais, ce ne sont que des opérations secondaires, fort éloignées de sa mission divine, que va lui confier La Trémoille, le premier conseiller de Charles VII. En novembre, la Pucelle va réussir à s'emparer de Saint Pierre le Moûtier. Mais ce sera sa dernière victoire : le mois suivant, elle échouera devant la Charité sur Loire. Depuis qu'elle a échoué devant Paris, Jeanne d'Arc est rongée par l'inaction. Le roi entend certes tirer avantage de ses victoires militaires, mais en recourant à la diplomatie, tant pour mettre fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons que pour faire la paix avec les Anglais. Après avoir refusé que le duc d'Alençon l'emmène guerroyer en Normandie, le grand chambellan Georges de La Trémoille, qui exerce une forte influence sur le roi, songe à confier à la Pucelle des missions militaires de moindre importance. Veut-il ainsi l'occuper pour l'éloigner de la Cour? Espère-t-il ruiner son crédit auprès du souverain, pour se débarrasser d'elle? En octobre 1429, sur l'avis de La Trémoille, le Conseil royal, réuni à Mehun sur Yèvre, décide d'attaquer Saint Pierre le Moûtier et la Charité sur Loire, tenues depuis plusieurs années par le seigneur brigand Perrinet Gressard. Depuis ces forteresses du comté de Nevers, celui-ci lance des incursions dans le Berry et le Bourbonnais, pillant et rançonnant les habitants des villes et des campagnes environnantes. S'il faut en finir avec ce chef de bande, c'est non seulement parce qu'il a le front de déclarer tenir ces places du roi de France, mais surtout parce qu'il offre ses services de mercenaire, tantôt au régent anglais Bedfod, tantôt au duc de Bourgogne, Philippe le Bon. La Trémoille confie le commandement des opérations à son
demi-frère, le sire Charles d'Albret, lieutenant général dans le Berry. Jeanne
l'assistera dans cette mission, bien loin d'être divine. Fin octobre, les troupes
du roi mettent le siège devant Saint Pierre le Moûtier, située à quelques lieues
au sud de Nevers. Le 24 novembre, les troupes royales mettent le siège devant
la Charité sur Loire. Perrinet Gressard a tiré la leçon de l'échec de Saint
Pierre le Moûtier : il est fin prêt à les recevoir. Ses hommes résistent si
vaillamment que bientôt les assiégeants doivent reconnaître la suprématie d'un
adversaire aux forces bien supérieures en nombre. "Au
plus fort de l'hiver, et à peu de gens devant la Charité au siège (...) furent
environ un mois les troupes de la Pucelle et s'en levèrent honteusement",
relate laconiquement le héraut de Berry. Pour Jeanne et Charles d'Albret, la
défaite est d'autant plus cuisante que les assiégés n'ont pas reçu la moindre
aide extérieure. Sans compter que, lors d'une retraite qui ressemble fort à
une déroute, ils ont dû abandonner leur artillerie à l'ennemi, en particulier
"la Bergère", l'énorme bombarde de la ville d'Orléans. Page MAJ ou créée le |