LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, LES
PERSONNALITES |
UN TRIBUNAL D'EXCEPTION Malgré les aléas de l'enquête préliminaire, l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon réunit pour juger Jeanne d'Arc une impressionnante assemblée d'éminentes personnalités. Il va préparer solennellement le "beau procès" auquel il aspire. Il est temps de décider du sort de Jeanne d'Arc, capturée en juin 1430 à Compiègne et depuis lors prisonnière des Anglo-Bourguignons. Elle ne peut comparaître ni en politique ni en chef de guerre vaincu : pour que le verdict soit inattaquable, elle sera donc jugée pour des raisons religieuses, en tant qu'hérétique et sorcière. On démontrera ainsi le peu de valeur du sacre de Charles VII, le "petit roi de Bourges", "ourdi" par une créature indigne de Dieu et de l'Eglise. Dès les premiers jours de janvier 1431, le procès est minutieusement orchestré par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon : il relève de sa juridiction, puisque la Pucelle a été capturée dans son diocèse. Un procès en hérésie relève aussi de l'Inquisition
et exige le concours d'un inquisiteur. Jean Graverent, grand inquisiteur de
France et entièrement acquis aux Anglais, désigne pour vicaire le dominicain
Jean Lemaître. Celui-ci fait preuve d'une mauvaise volonté manifeste : dûment
convoqué, il répond que "tant pour
la sérénité de sa conscience que pour une plus sûre conduite du procès il ne
voulait se mêler de cette présente affaire". Sollicité
à nouveau, il ne se présentera que lors de la deuxième séance du tribunal et
n'interviendra que très peu. Cet accroc au bon déroulement de la procédure préparatoire
explique que Pierre Cauchon, s'il préside seul, s'emploie à réunir des juges
au dessus de toute critique, en nombre (les assesseurs, toujours plus de quarante,
seront parfois près d'une centaine) et tous d'éminentes personnalités du clergé
ou de l'Université, à la mesure de l'importance qu'il attache à sa mission. Si les Anglais veulent éluder les motifs
politiques et aborder l'affaire au seul regard de la religion, ils ont cependant
délégué plusieurs hauts personnages, tels l'évêque de Norwich et Richard de
Beauchamp, comte de Warwick et gouverneur du jeune Henry VI, qui veille discrètement
en coulisse à ce que tout se déroule conformément aux intérêts de son pays.
Parmi les membres du tribunal figurent encore un conseiller examinateur, le
maître ès arts Jean de La Fontaine, chargé de recevoir les témoignages, un exécuteur
des mandements, l'huissier Jean Massieu, trois notaires greffiers, Guillaume
Manchon, Guillaume Colles et Nicolas Taquel. Page MAJ ou créée le |