PIERRE CAUCHON, EVEQUE DE BEAUVAIS
Avant de mener le procès de Jeanne d'Arc,
la grande affaire de sa vie, Pierre Cauchon fait une brillante carrière de théologien
et de juriste. Nommé évêque de Beauvais en 1420, il va devenir le serviteur
dévoué du duc de Bourgogne et du roi d'Angleterre, et le rester en dépit des
revers de fortune.
Né près de Reims vers 1371, Pierre Cauchon
fait de brillantes études à Paris. Licencié en droit canon, il obtient en 1405
le titre de maître en théologie, avant d'être nommé recteur de l'Université
de Paris. A partir de 1407, il est envoyé comme ambassadeur aux assemblées ecclésiastiques
qui tentent de venir à bout du Grand Schisme d'Occident, la grave division religieuse
qui depuis de longues années déchire la Chrétienté et oppose deux papes rivaux.
Cette mission sur une question des plus épineuses convient parfaitement à ce
fin juriste et orateur de talent.
Dans les années qui suivent, Cauchon ne
cesse de cumuler les distinctions. Il est nommé chapelier à Reims et à Beauvais,
deux fonctions pourtant en principe inconciliables. Vidame (seigneur temporel)
de l'Eglise de Reims, il s'attache au service du duc de Bourgogne Jean Sans
Peur et devient un membre éminent de la Cour ducale parisienne. Alors que Charles
VI est en proie a de graves crises de folie, que le royaume de France est déchiré
par la guerre de Cent Ans et par le conflit opposant Armagnacs et Bourguignons,
le prélat prend parti contre le dauphin Charles, futur Charles VII, pour les
Anglo-Bourguignons. En août 1413, après la révolte de Caboche, l'Université
fait momentanément allégeance aux Armagnacs : les Bourguignons sont chassés
de Paris, de même que Cauchon. Jean Sans Peur l'envoie au concile de Constance,
où il se fait le défenseur irréductible des thèses justifiant l'assassinat du
frère du roi, Louis d'Orléans, perpétré en novembre 1407 par le duc de Bourgogne. Cinq
ans plus tard, la capitale est de nouveau aux mains des Bourguignons. Cauchon,
nommé maître des requêtes, est chargé de différentes missions. Il participe
notamment, en 1420, à l'élaboration du traité de Troyes, qui dépossède le dauphin
Charles et fait du roi d'Angleterre Henry V l'héritier du trône de France. A
cette occasion, il est assisté par son neveu Jean de Rinel, qui comme lui sera
toute sa vie dévoué à la cause anglo-bourguignonne. En cette même année1420,
il est nommé évêque-comte de Beauvais. Bénéficiant de la protection de Philippe
le Bon, qui a succédé à son père Jean Sans Peur, assassiné en septembre 1419,
il va se révéler un serviteur aussi fidèle qu'efficace du nouveau duc de Bourgogne.
A l'instigation de Jean de Lancastre, duc
de Bedford, régent du royaume de France pendant la minorité d'Henry VI d'Angleterre
et dont il a toute la confiance, Cauchon obtient de l'Eglise l'éloignement de
Courtecuisse, l'évêque de Paris, pourtant nommé par le Saint Siège. Il est soutenu
par l'Université, qu'il représente auprès du pape Martin V. Ce qui ne l'empêche
pas d'être en même temps l'envoyé du roi d'Angleterre. Mais en 1429 la guerre
prend un tour nouveau. Jeanne d'Arc entre en scène, délivre Orléans, entraîne
le dauphin Charles vers Reims, où se trouve alors l'évêque Cauchon. Le 26 mai,
pour la Fête Dieu, il y porte le Saint Sacrement. Peu avant le 17 juillet, il
est expulsé de la cité, qui s'est ralliée au dauphin, lequel va, ce jour là, y
recevoir l'onction sacrée et devenir le roi Charles VII. Nouveau revers de fortune,
le prélat est également indésirable dans son évêché : la marche victorieuse
de la Pucelle a convaincu la population de Beauvais de chasser les Anglo-Bourguignons.
Ses biens sont mis sous séquestre et les revenus versés au trésor royal. Il
se réfugie à Rouen, capitale de la "France anglaise". Là, il reçoit
une rente sur les halles et les moulins de la ville, puis, en tant que conseiller
du jeune Henry VI, se voit attribuer une pension de cent livres tournois par
an. Exilé de son diocèse après neuf ans de pontificat, Pierre Cauchon n'a
rien perdu de sa combativité. Eminent juriste et négociateur, il va être opportunément
disponible pour mener les tractations destinées à mettre fin à l'épopée de la
Pucelle. C'est à Calais, fin 1430, qu'il va apprendre la nouvelle de l'arrestation
de Jeanne d'Arc.
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