LES NOCES FASTUEUSES DE PHILIPPE LE BON ET D'ISABELLE DE PORTUGAL
Pour la troisième
fois, Philippe le Bon, fils unique de Jean Sans Peur et duc de Bourgogne, va
prendre femme. Les noces du plus riche des princes d'Europe seront d'un faste
inouï, à la hauteur de sa puissance et de sa fortune. L'infante Isabelle de
Portugal, belle et sage, a trente trois ans. "Le grand duc d'Occident", son
aîné d'un an, va trouver en elle une partenaire à sa mesure.
Epouser la fille
d'un roi, Jean 1er de Portugal, et d'une princesse de la Maison royale
d'Angleterre, convient tout à fait à celui qui possède la fortune de dix
rois. Philippe le Bon, bien que vassal du roi de France Charles VII, est plus
riche que bien des souverains européens. Et c'est royalement qu'il reçoit
celle qui va devenir sa femme.
Isabelle de Portugal débarque au port de l'Ecluse, aux Pays Bas, en décembre
1429. Son escadre a quarante jours de retard, tant elle a essuyé de tempêtes et tant
la navigation a été difficile. Pendant que la princesse se repose, confiée
aux bons soins des deux cents dames et demoiselles que le duc a sélectionnées pour
constituer sa Maison, à Bruges, où vont avoir lieu les noces, on s'affaire à
mettre une dernière main aux préparatifs des festivités.
Pour célébrer dignement son troisième mariage, Philippe le Bon n'a pas lésiné.
Depuis des mois, on travaille, sous la haute main du chancelier Rolin, aux
préparatifs d'un mariage qui va se dérouler dans un faste inouï. En octobre,
Nicolas Rolin est arrivé à Bruges à la tête d'un extravagant convoi composé
de quinze chariots de tapisseries, de trois carrosses, d'une litière, de vingt
trois chars
d'apparat, d'un chariot de joyaux et de cinquante charrettes croulant sous les fûts de
vin. Pour l'occasion, la duc de Bourgogne a fait redorer et redécorer son
luxueux hôtel. Les plus belles tapisseries de Flandre ornent les grandes salles
et la chapelle. Partout, ont été déposées des fontaines d'où coulent le vin
et l'eau de rose. Les cuisines ont été équipées de rôtissoires
supplémentaires, de dressoirs pour les innombrables plats du festin de noces.
La ville, pleine à craquer de seigneurs invités et de badauds, attend avec
impatience de faire connaissance avec sa nouvelle duchesse.
Le samedi 7 janvier
1430, Philippe le Bon et Isabelle sont unis à l'Ecluse par l'évêque de
Tournai, Jean de Thoisy. Le marié a fière allure, paré à son habitude de
gemmes étincelantes et de velours noir. La marié affiche une beauté sereine
et patricienne rehaussée par les parures dont l'a comblée son époux.
Le dimanche 8 janvier, le duc et la duchesse s'embarquent pour Bruges, six
vaisseaux portugais leur font escorte. Ils sont accueillis par les délégations
de Flandre et celles des "nations" de Bruges, marchands anglais,
vénitiens, génois ou florentins qui possèdent des comptoirs dans la cité.
Acclamée par la foule, Isabelle se rend en litière au palais, accompagnée du
chambellan du duc, le seigneur de Roubaix, et de son frère, l'infant don
Ferrante, ses chevaliers d'honneur. A sa suite, le long des rues encourtinées
de drap vermeil, s'étire le cortège des invités, preux chevaliers et belles
dames, écuyers et hérauts. Devant l'hôtel ducal, soixante treize trompettes souhaitent la
bienvenue à la nouvelle duchesse de Bourgogne. En haut de l'escalier, celle-ci
est attendue par la duchesse de Bedford, sa belle-soeur, qui lui prend sa main
pour la conduire dans la chapelle où l'office va se dérouler dans une pompe
qui n'exclura pas le recueillement.
Isabelle de Portugal
et Philippe de Bourgogne ont en commun le goût du cérémonial. Leur mariage
inaugure une ère de faste et d'opulence, réglée par une étiquette issue de
leurs talents conjugués et qui va faire de la Cour de Bourgogne un modèle
savoir-vivre européen. Le festin nuptial en est le parfait exemple.
La table du duc, ce jour là, se transforme en monument de raffinement. Des
fanfares annoncent les plats. Les mets sont de véritables sculptures d'où
jaillissent des cavaliers chevauchant des porcelets rôtis, des fées de sucre,
des châteaux forts. D'un pâté géant sort un mouton entier! L'assistance
admire et déguste des rôts par dizaines, des bouillis, des vins de Beaune et
de Macon épicés de cannelle et de gingembre, des gelées... Les invités
assistent à un moment d'exception. Seuls les privilégiés ont été conviés
à ce royal festin. Les festivités vont se prolonger pendant une semaine
entière, avec encore des banquets, des tournois, des joutes, des bals
inoubliables.
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