LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, LES PERSONNALITES |
LA MORT DU DUC JEAN DE BEDFORD Cloué au lit par la maladie, le duc Jean de Bedford, qui gouverne la France depuis l'avènement du jeune roi Henry VI d'Angleterre, ne peut assister au congrès d'Arras. Il va s'éteindre le 14 septembre 1435, laissant les mains libres au duc de Bourgogne Philippe III le Bon pour abandonner le camp anglais, négocier une paix séparée et son ralliement à Charles VII. Peu avant sa mort, en août 1422, Henry V d'Angleterre a confié à son frère cadet, Jean de Lancastre, duc de Bedford, la régence du royaume de France, dont, en vertu du traité de Troyes de mai 1420, le jeune Henry VI, son fils et successeur, est l'héritier aux dépens de Charles VII. Pendant la minorité de son neveu, Bedford s'est acquitté de cette tâche en faisant montre de grandes qualités d'administrateur. En 1430, il a officiellement renoncé à la régence, mais n'en a pas moins continué à exercer le pouvoir. Au début de l'année 1435, la domination des Anglais sur le continent décline. Alors que la guerre de Cent Ans s'éternise, le peuple n'aspire qu'à la paix. Malgré ses indéniables qualités d'homme d'Etat, le régent Bedford est de plus en plus impopulaire. On lui reproche son autoritarisme, sa politique fiscale injuste. On s'indigne de son penchant pour le luxe : certes, ce bel esprit oeuvre en bienfaiteur des lettres et des arts (il a fondé l'Université de Caen en avril 1432), mais il pille aussi à son profit les collections et les palais royaux. Enfin, son principal défaut est d'être anglais! Mais le problème le plus sérieux auquel il se heurte, c'est que, fort des victoires militaires remportées par Jeanne d'Arc, Charles VII a entamé des pourparlers avec les Bourguignons, qui risquent d'abandonner le camp anglais. En novembre 1432, l'épouse de Bedford, Anne de Bourgogne, est morte, laissant son frère, le duc de Bourgogne Philippe III le Bon, libéré du lien familial qui scellait son alliance avec l'Angleterre. Quelques mois seulement après son veuvage, le 23 avril 1433, Bedford s'est empressé de se remarier avec Jaquette de Luxembourg, fille d'un vassal du duc de Bourgogne, le comte de Saint Pol. Mais il a agi sans consulter Philippe le Bon, qui n'a guère apprécié cette attitude. De plus en plus las des Anglais, le Bourguignon s'est engagé dans la voie diplomatique pour trouver un accord de paix avec Charles VII. Afin de parler du règlement du conflit avec Bedford, il s'est rendu à Paris, mais n'y a pas trouvé l'Anglais, parti pour Rouen. En revanche, il a pu constater que dans la capitale sa popularité est intacte, et qu'elle ne doit rien à ses alliés anglais. C'est ce qui l'a incité, début juillet 1435, à accepter de se rendre à la conférence de paix d'Arras. Agé de quarante six ans, Jean de Bedford est usé
par la fatigue et les responsabilités; et il n'est pas question qu'il quitte
Rouen pour Arras. Cloué au lit par la maladie, il ne pourra assister aux pourparlers,
qui se dérouleront sans même qu'il puisse imposer ses volontés à la délégation
anglaise, menée par son oncle, Henry de Beaufort, cardinal de Winchester. Page MAJ ou créée le |