LE FUTUR CHARLES VII EPOUSE MARIE D'ANJOU
Les noces du futur Charles VII et de Marie
d'Anjou sont célébrées en août 1422 à Bourges.
Deux ans auparavant, le marié, seul fils encore vivant du roi fou Charles
VI, a été officiellement déshérité par le
traité de Troyes. Alors que le nord du royaume est sous la coupe des
Anglais et des Bourguignons, l'avenir du jeune couple semble bien sombre.
Le futur Charles VII a quitté le château
d'Angers pour Paris en juin 1416 afin de tenir son rôle de prince au Conseil
royal sous la tutelle de son futur beau-père, Louis II d'Anjou. Sa fiancée,
Marie d'Anjou, l'a accompagné, et tous deux ont vécu à
la Cour de sa mère, la reine Isabeau de Bavière, jusqu'à
l'affaire Louis de Boisredon en avril 1417. Capitaine des gardes du corps de
la reine, Boisredon a été exécuté et jeté
dans la Seine, enfermé dans un sac, sur lequel on a écrit : "Laissez
passer la justice royale". Accusée d'avoir trompé
le roi avec le capitaine, Isabelle de Bavière écrit à Yolande
d'Aragon, la future belle-mère de son fils, pour protester de son innocence.
Cependant, elle est séparée du jeune prince et de sa fiancée.
Charles et Marie ne se marient que neuf ans après
leurs fiançailles, en août 1422, à Bourges. Les noces sont
bien tardives : il a dix neuf ans, elle en a dix huit. Les circonstances
ont leur part dans ce retard. Au cours des dernières années, la
situation de l'époux a en effet bien évolué. En 1413, lorsqu'il
a été promis à Marie d'Anjou, il était le troisième
fils vivant du roi Charles VI. Depuis, ses frères aînés,
louis de Viennois et Jean de Touraine, sont morts. Devenu dauphin et héritier
légitime de la Couronne, il a été déchu de ses droits
et déshérité par le traité de Troyes, signé
en mai 1420, au profit du roi Henry V d'Angleterre. Renié par son père,
qui l'a qualifié de "soi-disant dauphin",
il a dû se réfugier à Bourges. Ce qui ne l'a pas empêché
de combattre vaillamment les Anglais et d'appeler les Ecossais à la rescousse
pour sauver le duché d'Anjou, où il a passé les plus beaux
jours de sa jeunesse et qui risquait d'être perdu pour sa "bonne
mère" Yolande d'Aragon. Chargé des finances du dauphin,
Jean Louvet est l'ordonnateur des noces de Bourges. Il organise une cérémonie
fastueuse, dont certains s'étonnent eu égard à la tiédeur
des sentiments que Charles semble éprouver pour sa promise. Marie d'Anjou
passe pour une jeune fille dénuée de charme et même disgracieuse,
au point que le chroniqueur bourguignon Chastellain déclare méchamment
qu'elle est "d'une laideur à faire fuir les
Anglais". Cependant, son époux la traitera avec respect et
affection, sans toutefois se priver d'admirer les belles dames de la Cour. Mais
le plus grave est que le faste déployé masque une situation financière
catastrophique.
A la mort de son père, en octobre 1422, le dauphin
se proclame roi de France. Mais il n'est pas maître en son royaume, ce
qui lui vaut de la part de ses ennemis le sobriquet de "roi
de Bourges". Et surtout ses dettes sont si importantes que Marie
d'Anjou est obligée de vendre ses bijoux et sa Bible enluminée
pour payer les créanciers les moins patients. Ellle va même jusqu'à
emprunter de l'argent à son valet de chambre. Bientôt, le mariage
porte ses fruits : Marie d'Anjou met son premier enfant au monde. Le 3 juillet
1423, elle donne le jour à un fils, le futur Louis XI, dans le palais
de Bourges, emprunté à l'évêché et orné
des magnifiques tapisseries flamandes appartenant au duc Charles d'Orléans.
Cet évènement est une occasion supplémentaire de s'endetter
alors que le Trésor royal est totalement épuisé. Deux heures
après la naissance, Charles VII a déjà envoyé des
faire-parts aux nobles, aux prélats, aux villes et à tous les
princes étrangers. Le baptême est célébré
dès le lendemain à la cathédrale Saint Etienne selon le
souhait de Yolande d'Aragon, qui est venue de Provence pour la circonstance.
L'officiant est l'évêque Guillaume de Chameaux, duc de Laon, dont
la vie dissolue est de notoriété publique. Les parrains sont le
chancelier de France et le duc d'Alençon. En l'absence de ce dernier,
c'est la comtesse de Tonnerre, Catherine de L'Isle Bouchard, qui tient l'enfant
sur les fonds baptismaux. Comme pour le mariage, il n'est pas question de célébrations
sans faste, quel que soit l'état des finances royales. Les accessoires
du baptême sont empruntés aux orfèvres de la ville. Mais
la tradition veut qu'ils soient offerts à l'église de l'officiant...
Si bien qu'après de mesquines explications, les religieux du chapitre
acceptent de se contenter de la promesse d'un dédommagement ultérieur.
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