CHARLES VIII, CHEF DE GUERRE
CHARLES VIII, MAITRE EPHEMERE DU ROYAUME DE NAPLES
(Février
1495)
Affichant ses prétentions sur le royaume de Naples comme héritier de René d'Anjou, Charles VIII est le premier roi de France à se lancer dans l'aventure des guerres d'Italie. Il met ainsi fin à quarante ans de paix en France (depuis la fin de la guerre de Cent Ans en 1453) et en Italie, depuis la paix de Lodi en 1454.
Sitôt sur le trône, en 1491, Charles
VIII prépare soigneusement son entreprise en écartant ses adversaires potentiels. En
novembre 1492, Henry VIII d'Angleterre, contre une forte somme, renonce à ses incursions
continentales. En janvier 1493, l'Espagne reçoit le Roussillon, la Cerdagne et 200 000
écus. En mai, Maximilien d'Autriche et son fils Philippe le Beau reçoivent l'Artois, la
Franche Comté et le Charolais. Les arrières de l'expédition italienne semblent
garantis. Manque un motif. C'est alors que Charles VIII est sollicité par Ludovic Sforza
dit le More.
L'usurpateur, qui contrôle le duché de Milan, sans encore s'en dire duc, devient son
allié en mai 1492. Parallèlement, le roi de France fait établir le bien-fondé
juridique de ses revendications sur le royaume de Naples.
La mort du roi Ferdinand 1er, à Naples,
le 13 janvier 1494, déclenche le mouvement. Le 13 février, Charles VIII quitte Amboise.
Il est à Lyon le 6 mars. En juin, 30 000 hommes, dont des milliers de Suisses et même
des Albanais, sont prêts à partir. L'artillerie est puissante et en partie montée sur
roues. L'obstacle le plus gênant reste le pape Alexandre VI. Pour l'affaiblir, Charles se
tourne vers le cardinal Julien delle Rovere, le futur pape Jules II, pour lors ennemi
juré du pontife romain.
Dès juin, le duc d'Orléans et ses éléments avancés occupent Gênes. Le 29 juillet,
Charles quitte Lyon. Le 2 septembre, il est à Turin. Peu après les forces napolitaines
sont défaites à Rapello, non loin de Gênes, grâce au premier débarquement de
l'histoire appuyé par l'artillerie de marine. La voie est ouverte. Le 9 novembre, Charles
est à Pise. Il ne reste plus que Rome sur la route de Naples. Alexandre VI sent bien qu'il
n'a pas les moyens de s'opposer militairement au roi de France. Le souverain ne peut
cependant pas aisément le déposer, même s'il occupe Rome, ce qu'il a promis de faire
sans heurts. Le pape laisse donc les Français entrer dans la ville, le 31 décembre, et
négocie.
Le 15 janvier 1495, un accord entre Alexandre VI et Charles VIII met fin aux espoirs des
cardinaux rebelles, au premier rang desquels Julien della Rovere, de faire désigner un
nouveau titulaire du siège apostolique. Le texte ne règle pas la question de Naples. Le
roi de France n'obtient, fin janvier, que la promotion de deux cardinaux français alors
qu'Alphonse II de Naples a abdiqué en faveur de son fils Ferdinand II. Charles quitte
alors Rome pour Naples, confiant dans le soutien d'Alexandre VI.
Mais le pape trahit aussitôt le roi de
France. Les Aragon d'Espagne soutiennent leur branche napolitaine et dénoncent le traité
de Barcelone, signé avec Charles VIII en janvier 1493. Le roi n'en démord pas pour
autant. Le 22 février 1495, il entre dans Naples, chevauchant modestement un mulet, ne
portant qu'un atour blanc au poing, pour symboliser non point une conquête mais la
croisade. Car il ne lui reste plus désormais qu'à attaquer l'infidèle et prendre la mer
vers la Terre Sainte.
Le grand projet est très vite abandonné. Le frère de Bajazet II, Djem, dit aussi Zizim,
otage du pape confié à Charles en janvier, meurt le 25 février.
Le 31 mars, Maximilien d'Autriche, Ferdinand d'Aragon et Ludovic le More forment la Ligue
de Venise, à l'instigation d'Alexandre VI, pour chasser Charles VIII d'Italie Le 12 mai,
comme pour un baroud d'honneur, le roi de France traverse Naples suivi d'une procession
éclatante, portant les insignes de ses quatre royaumes (la France, Naples,
Constantinople et Jérusalem). Quelques jours plus tard, le 20 mai, pour éviter d'être
fait prisonnier par la coalition italo-hispide-autrichienne, il quitte la ville. Le 6
juillet, à Fornoue, au nord de l'Italie, il échappe de peu à la défaite et parvient à
revenir en France. L'Italie de la Renaissance est morte, la péninsule est désormais
dominée par des puissances extérieures et la vie politique décline. Mais le rêve
italien des rois de France n'a encore rien perdu de sa séduction.
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