LES VALOIS DIRECTS
JEAN II LE BON, CHEF D'ETAT |
JEAN LE BON DONNE SA FILLE EN MARIAGE A CHARLES LE MAUVAIS Le 12 février 1353, Charles le Mauvais, roi de Navarre et comte d'Evreux, épouse Jeanne de France. En lui donnant sa fille, une enfant de huit ans, Jean II le Bon espère apprivoiser et calmer son impétueux cousin, intrigant et trublion invétéré. Si les Valois sont coutumiers de ce genre de stratégie matrimoniale, cette fois-ci, l'échec sera patent. Charles le Mauvais, arrière-petit-fils en lignes paternelle et maternelle de Philippe III le Hardi et petit-fils en ligne maternelle de Louis X le Hutin, n'a jamais abandonné ses prétentions à la Couronne de France. Il considère les Valois comme de vulgaires usurpateurs. Jean le Bon ne prend certes pas la menace à la légère. Car Charles est aussi roi de Navarre et chef de la puissante famille d'Evreux, dotée de riches possessions en Normandie et dans la vallée de la Seine. Dès 1351, le roi de France tâche de faire preuve de bonne volonté. Il nomme Charles le Mauvais, alors âgé de dix neuf ans, lieutenant général du Languedoc. Une promotion enviable. Mais le Navarrais devant rejoindre Toulouse, c'est aussi un répit pour Jean le Bon qui éloigne ainsi de la Cour son encombrant cousin. Mais, quatre mois plus tard, Charles le Mauvais est de retour à Paris. Le roi décide donc de l'associer à la Couronne en lui donnant la main de sa fille aînée, Jeanne de France. Il espère que, devenu "fils du roi", Navarre abandonnera ses prétentions à la Couronne et tempérera ses élans contre les Valois. Mais, là encore, le roi se trompe. Jean le Bon entend régler cette affaire
de mariage rapidement. Jeanne n'est encore qu'une fillette de huit ans et il n'est nul besoin
de demander son consentement. Quant à Charles le Mauvais, le roi, qui a la "garde
féodale" de son jeune cousin, abrège sa minorité. Début février, le roi et la Cour se transportent au château de Vivier en Brie, demeure familiale des Valois, édifiée par Charles, frère de Philippe le Bel et grand-père de Jean le Bon. Mais la bâtisse est mal équipée pour accueillir de telles cérémonies. Aussi trois charrettes remplies de vaisselle, d'argenterie et de tapisseries accompagnent le cortège royal. Le 12 février, les préparatifs des noces sont achevés. Charles de Navarre, vêtu de velours vermeil, et Jeanne de France, dont la robe brodée d'or est ornée de milliers de perles, sont unis dans la Sainte Chapelle, dédiée à Saint Louis. Autour d'eux sont rassemblés les enfants du roi. Ses deux filles, Marie (sept ans) et Isabelle (trois ans), sans leur soeur Marguerite (quatre ans) qui est au couvent de Poissy, sont vêtues d'habits d'apparat violets doublés de vair. Le dauphin, le futur Charles V, et ses frères, Louis, Jean et Philippe de France portent des robes azur et vermeil. Seule la reine, Jeanne de Boulogne, offre une image de sobriété. La cérémonie est une vraie réussite et tous rentrent à Paris avec le sentiment du devoir accompli. Mais ce mariage a-t-il calmé les impatiences du nouveau gendre de Jean le Bon? Charles de Navarre sait d'expérience que les fils à naître de cette union ne pourront jamais régner, car la Couronne ne peut être transmise par les femmes. Donc son entrée dans la famille royale ne le rapproche pas réellement du trône. Reste la dot, lot de consolation. Mais les caisses du Trésor sont pratiquement vides, et Navarre doit insister pour en toucher les premiers deniers. Dès le printemps 1353, tant chez les "Navarrais" que dans l'entourage de Jean le Bon, tout le monde s'accorde à penser que ce mariage n'a rien réglé et que le roi est bien loin d'avoir "dompté" son gendre. L'assassinat du connétable et favori, Charles d'Espagne La Cerda, par les sbires de Charles le Mauvais, le 8 janvier 1354, sera la tragique issue de ce marché de dupes. Page MAJ ou créée le |