LES VALOIS DIRECTS
JEAN II LE BON, CHEF D'ETAT |
JEAN LE BON FAIT EMPRISONNER CHARLES LE MAUVAIS Le dauphin, le futur Charles V, a convié en son château de Rouen tous les "sang bleu" de la province. A commencer par le comte d'Evreux, Charles le Mauvais, roi de Navarre. La fête bat son plein lorsque surgit Jean II le Bon qui vient se saisir Charles le Mauvais. Excédé des manigances de son cousin avec les Anglais, le roi laisse éclater sa colère qui couve depuis près de deux ans, depuis la mort, en janvier 1354, de son favori le connétable Charles d'Espagne La Cerda. Dans la salle d'honneur du château de Rouen, les invités du dauphin, qui reçoit en tant que duc de Normandie, font bonne chère. Soudain la porte s'ouvre et l'on vocifère : "Que nul ne bouge s'il ne veut être mort de cette épée!". L'assistance, stupéfaite, voir alors surgir le roi Jean II le Bon, coiffé de son heaume, brandissant l'épée, ivre de colère. A ses côtés, son frère Philippe d'Orléans, son fils cadet Louis d'Anjou et ses cousins d'Artois forment une escorte menaçante. A l'extérieur, une centaine de cavaliers en armes tiennent le château. Jean le Bon se dirige vers la table d'honneur, agrippe le roi de Navarre par le cou et l'arrache violemment de son siège en hurlant : "Traître, tu n'es pas digne de t'asseoir à la table de mon fils!". Colin Doublet, écuyer de Charles le Mauvais, tire alors son couteau pour protéger son maître et menace le souverain. Il est aussitôt appréhendé par l'escorte royale qui, par la même occasion, s'empare du Navarrais. La colère de Jean le Bon est loin
d'être apaisée. Malgré les supplications de son fils qui, à genoux, implore de ne
point le déshonorer ainsi, le roi se tourne vers Jean d'Harcourt, infatigable défenseur
des libertés provinciales. Il lui assène un violent coup de masse d'armes sur l'épaule
avant d'ordonner son arrestation. Le soir même, le comte d'Harcourt et trois de ses
compagnons, dont l'écuyer Doublet, sont conduits au lieu-dit du Champ du Pardon. En
présence du roi, le bourreau, un condamné à mort qui gagne ainsi sa grâce, leur
tranche la tête. Le 9 novembre 1357, les Parisiens
apprennent l'évasion de Charles de Navarre. Que s'est-il passé? L'ordre de le libérer
est pourtant venu des états, réunis le 7 novembre, et dominés par Etienne Marcel et
l'évêque de Laon, le "Navarrais" Robert le Coq. Mais à Arleux, les portes de
la forteresse ne se sont pas ouvertes pour autant. Car le dauphin n'a donné aucun ordre.
Mais, sur place, Jean de Picquigny, lié au parti navarrais, a pris le château d'assaut
et délivré Charles de Navarre. Quelques 350 ans plus tard, un autre souverain sera obligé, lui aussi, de porter les couleurs de la ville de Paris... Mais ceci est une autre histoire! Page MAJ ou créée le |