LES VALOIS DIRECTS
JEAN II LE BON, CHEF D'ETAT |
JEAN LE BON TENTE DE REFORMER L'ARMEE Mal organisée, indisciplinée et finalement impuissante, telle est l'armée de Jean le Bon. Par l'ordonnance du 30 avril 1351, le roi met en place une réforme ambitieuse. Hélas! les résultats ne seront pas à la hauteur de ses attentes, tant est pesant l'esprit d'indépendance des grands seigneurs. Au cours du XIVème siècle, le recrutement
et l'organisation d'une force militaire sont une préoccupation permanente pour
les rois de France. Tous, ou presque, ont tenté de réformer l'armée royale,
qui pêche par ses insuffisances, son manque de cohésion et son inefficacité.
Les conseillers de Jean le Bon ont aisément identifié la source du mal : le
recrutement anarchique de la troupe et le manque de "patriotisme"
des féodaux. Dans l'espoir de remettre un peu d'ordre
parmi tant de confusion, Jean le Bon édicte le 30 avril 1351, une ordonnance
sur le "règlement des gens de guerre". Le premier principe retenu
est de payer correctement la troupe pour éviter qu'elle ne vive sur le pays
et ne se livre aux habituels pillages. Les soldes sont revalorisées. Les seigneurs
portant bannière, les bannerets, perçoivent quarante sols tournois au lieu de
trente, les chevaliers vingt au lieu de quinze, les écuyers dix. L'infanterie
féodale, fournie par les communes, est aussi concernée par les libéralités du
roi. Tous les "piétons" (des arbalétriers et des archers, qui touchent
sept sols, au plus modeste sergent à pied, qui n'en perçoit qu'un) voir leur
ordinaire s'améliorer. Le second principe retenu par l'ordonnance est la création d'une véritable armée royale se substituant aux troupes seigneuriales, sans ordre ni discipline. Barons, vassaux et arrière-vassaux sont logés à la même enseigne et intégrés dans des compagnies. Les capitaines de ces unités, responsables de la tenue et de la disponibilité de leur troupe, doivent rendre compte au connétable et aux maréchaux. Malheureusement, on est encore loin des compagnies d'ordonnance que créera Charles VII en 1445. Et les capitaines de Jean le Bon, bien que librement choisis par leurs subordonnés, ne jouissent pas d'une forte autorité auprès de leurs hommes. Les conseillers du roi ne s'y trompent pas et évitent d'imposer des transformations et un règlement trop coercitifs. Les insignes et les armes sont ainsi laissés à la libre inspiration des "retenus". Les seigneurs se battent sous leurs couleurs et non sous l'oriflamme du roi, qui n'est encore qu'une bannière parmi d'autres. Mais, surtout, le droit à la retraite individuelle, autrement dit à la désertion, est maintenu. A condition, cependant, que l'intéressé avise le connétable ou les maréchaux de ses intentions avant de quitter le champ de bataille. Mais à Poitiers, le 19 septembre 1356, nombreux sont ceux qui n'auront pas cette politesse. Jean le Bon, premier roi de France à tenter de bousculer l'individualisme des barons, le paiera au prix fort. Page MAJ ou créée le |