LES VALOIS DIRECTS
JEAN II LE BON, CHEF DE GUERRE |
LE PROJET DE CROISADE Le 31 mars 1363, Jean II le Bon accepte de prendre la croix au côté du roi de Chypre, Pierre 1er de Lusignan. Mais la fuite de son fils, le duc Louis d'Anjou, retenu en otage à sa place en Angleterre, puis sa mort prématurée, au mois d'avril 1364, mettront fin à son rêve de reconquête de la ville de Jérusalem. A la fin du mois d'août 1362, lorsque Jean II le
Bon prend la route d'Avignon, il a deux objectifs. D'abord, il espère
obtenir une aide financière de la papauté afin de payer la rançon
due au roi d'Angleterre Edouard III d'Angleterre depuis la défaite de
Poitiers de septembre 1356 et d'obtenir la libération de ses fils, les
ducs Louis d'Anjou et Jean de Berry, retenus en otage à sa place. Ensuite,
il souhaite marier son dernier fils, Philippe le Hardi, duc de Touraine, avec
la reine Jeanne de Naples, veuve de Louis de Tarente. Le 9 mars 1363, Pierre 1er de Lusignan, roi de Chypre,
arrive à la Cour d'Avignon. Urbain V a-t-il retenu le roi de France tout
ce temps afin qu'il rencontre le vainqueur des Turcs, qui a pour projet de reprendre
Jérusalem? Le roi de Chypre veut obtenir le soutien de Jean le Bon et,
comme le raconte la Chronique des quatre premiers Valois, sait trouver les mots
justes : "Très cher Sire, il ne m'appartient pas de m'asseoir près
de vous, qui êtes le plus noble roi des Chrétiens. Car, au regard
de vous, je ne suis qu'un de vos chevaliers". L'idée d'une croisade
séduit le roi pour plusieurs raisons : elle lui permettrait de restaurer
son image et son prestige après le désastre de Poitiers et d'obtenir
quelques compensations financières de la part de l'Eglise. Le 31 mars,
vendredi saint, Urbain V prêche le saint voyage en présence des
rois de France et de Chypre, et du roi Valdemar V du Danemark. Les deux fils du roi de France sont toujours retenus en
otage, non plus à Londres, mais à Calais. En décembre 1362,
alors que leur père est à Avignon, ils élaborent avec l'Angleterre
un nouveau traité prévoyant, outre les dispositions déjà
prises, la remise en gage de la quasi totalité du Berry. Jean le Bon
étant d'accord, ce doit être une simple formalité. Mais
Edouard III demande que ce traité soit ratifié par les états
généraux, qui le repoussent en octobre 1363. Les princes savent
qu'ils vont devoir renoncer à la relative liberté dont ils jouissent
à Calais pour retourner en Angleterre. Louis d'Anjou demande l'autorisation
d'aller en pélerinage à Notre Dame de Boulogne. En fait, il rejoint
sa femme, Marie de Blois-Châtillon, avec qui il se réfugie au château
de Guînes. "Vous avez blêmi l'honneur de votre lignage",
déclare Edouard III furieux. Son frère le dauphin, le futur Charles
V, envoyé par leur père, a beau tenter de le raisonner, rien n'y
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