LES VALOIS DIRECTS
JEAN II LE BON, LES PERSONNALITES |
L'AFFAIRE DU CONNETABLE RAOUL DE BRIENNE Le 19 novembre 1350, Raoul de Brienne, connétable de France, comte d'Eu et de Guînes, est exécuté sur ordre de Jean le Bon. Sans procès. Sans explication autre que celle de trahison. Mais quelle trahison? Aux défenseurs du connétable, le souverain oppose un silence tenace : si bien que cette affaire reste aujourd'hui encore mystérieuse. Peu après son avènement, en août 1350, Jean II le Bon
a un geste qui lui attire la sympathie des Grands. Il fait libérer les fils
de Robert d'Artois, emprisonnés au Château Gaillard depuis 1333, après que leur
père a été banni du royaume par Philippe VI de Valois. Pour la noblesse, la
clémence du roi semble d'excellent augure, mais elle va vite déchanter. A l'hôtel de Nesle, Raoul de Brienne vient avant tout
rendre hommage à Jean le Bon, qui n'est plus seulement son ami le duc de Normandie,
mais qui est devenu son roi. Au moment où il salue le souverain, celui-ci le
convoque froidement en particulier. Là, il brandit une lettre et exige des explications.
Pour toute réponse, le connétable, qui semble reconnaître cet écrit, blêmit.
Arrêté sur-le-champ par le prévot de Paris, il est jeté au cachot. En présence
de plusieurs grands seigneurs, Gautier de Brienne, duc d'Athènes, son beau-frère,
le duc Pierre de Bourbon, les comtes d'Auvergne et de Montfort et le cardinal
Gui de Boulogne, l'accusé reconnaît sa trahison. Face au mutisme du souverain, on échafaude diverses hypothèses.
En ce début de Guerre de Cent Ans, Edouard III d'Angleterre, petit-fils de Philippe
le Bel par sa mère, prétend à la Couronne de France depuis l'avènement de Philippe
VI de Valois, tandis que guerres et trêves se succèdent. Certains arguent que
Raoul de Brienne lui aurait promis le château de Guînes en guise de rançon.
Or, cette forteresse, qui menace Calais, aux mains des Anglais depuis août 1346,
doit rester française : si elle passait à l'ennemi, celui-ci aurait la maîtrise
du détroit du Pas de Calais, et la porte du royaume de France lui serait grande
ouverte. Condamner Raoul de Brienne aurait ainsi évité au roi soit de verser
une lourde compensation financière, soit une perte territoriale majeure en ces
temps de guerre. D'autres prétendent que le comte Raoul aurait prêté allégeance
à Edouard III et se serait engagé à le reconnaître comme roi de France : soucieux
de ne pas remettre en cause sa légitimité, le Valois aurait étouffé l'affaire
afin de ne pas relancer la querelle avec l'Anglais à propos de la succession
au trône des Capétiens. Page MAJ ou créée le |