ETIENNE AUBERT DEVIENT PAPE SOUS LE NOM D'INNOCENT VI
Le 30 décembre 1352, le cardinal-évêque
Etienne Aubert est sacré pape sous le nom d'Innocent VI. Au cours des
dix années de son pontificat, il tentera de mettre fin à la guerre
de Cent Ans en cherchant à réconcilier Anglais et Français.
Comme son prédécesseur Clément
VI, Etienne d'Aubert, devenu pape sous le nom d'Innocent VI, est
d'origine limousine. Né vers 1295 dans le hameau des Monts
en Beysac, en Corrèze, il a étudié le droit
à Toulouse, puis a intégré l'admnistration
royale et accédé en 1328 à la charge de juge-mage
pour la sénéchausée de cette ville. Ses qualités
de juriste l'ont conduit au Parlement de Paris et lui ont permis
d'entrer au service de Philippe VI en tant que conseiller. Durant
dix ans, il a cherché, sans succès, à mettre
fin à la guerre de Cent Ans et aux hostilités entre
Anglais et Français. C'est au roi de France qu'il doit
son ascension rapide dans la carrière ecclésiastique.
En 1338, il est devenu évêque de Noyon, deux ans plus
tard, évêque de Clermont, puis en 1342 cardinal-évêque
d'Ostie. Il a accédé au rang de cardinal grâce
à l'amitié de Clément VI, qui lui a confié
plusieurs missions diplomatiques. Il a ainsi participé en
tant que légat du pape aux discussions qui, en janvier 1343,
ont abouti à la trêve de Malestroit entre Français
et Anglais; puis à celles qui se sont conclues par une nouvelle
trêve après la capitulation de Calais en 1347.
Après la mort de Clément VI, le 6
décembre 1352, les cardinaux délibèrent en
faveur de Jean Birel, général de l'ordre des chartreux.
Mais l'ambitieux cardinal Talleyrand de Périgord, qui mène
le "parti fraçais" à la Curie, parvient
à les convaincre que l'élu est trop éloigné
des affaires publiques. C'est donc Etienne d'Aubert qui est désigné,
le cardinal Talleyrand estimant que cet homme déjà
âgé et souffrant de la goutte est suffisamment malléable
pour le laisser oeuvrer en coulisse. Sacré le 30 décembre
1352, sous le nom d'Innocent VI, le nouveau souverain pontife accepte
de voir son pouvoir limité au profit des cardinaux : il ne
peut désiger de nouveaux cardinaux avant que leur nombre
ne soit revenu à seize; ni nommer, déposer ou condamner
un cardinal sans le consentement du Sacré Collège;
une majorité des deux tiers parmi les cardinaux est obligatoire
pour toute transaction concernant les villes ou les pays relevant
de l'Eglise. Très vite, pourtant, Innocent VI va s'affranchir
du serment prêté lors du conclave et abolir les réformes
préues tout en distribuant des dignités aux cardinaux
pour s'assurer leur fidélité. A Avignon, il restreint
les réceptions fastueuses et prie les clercs de se préoccuper
de leur ministère. Il remet également de l'ordre chez
les frères prêcheurs et les hospitaliers; combat les
spirituels franciscains en n'hésitant pas à réactiver
l'Inquisition. Innocent VI cherche à réconcilier Jean
II le Bon, dont il a été le fidèle serviter,
avec son cousin le roi de Navarre Charles le Mauvais. Sans succès.
Il veut également obtenir la fin des combats entre Anglais
et Français. En avril 1354, le traité de Guines prévoit
la renonciation du roi Edouard III d'Angleterre à la Couronne
de France en échange de Calais et de Guînes, du Maine,
de l'Anjou, de la Touraine, du Poitou, du Limousin et de la Guyenne.
Ces dispositions étant inacceptales pour les Français,
le traité ne sera jamais ratifié, mais le pape le
prend comme base de discussion. Si la réconciliation franco-anglaise
lui tient tellement à coeur, c'est parce que son souci majeur
est da faire l'unité des Chrétiens face à la
menace ottomane. A la Noël 1354, une conférence de paix,
réunie à Avignon, se solde par un échec. Les
trêves sont brisées par les raids dans le Languedoc
du Prince Noir, le prince de Galles fils d'Edouard III. Afin d'éviter
l'affrontement, le pontife charge le cardinal Talleyrand de Périgord
de raisonner Français et Anglais. Nouvel échec. Et
le 19 septembre 1356, à la bataille de Poitiers, Jean le
Bon est fait prisonnier. A la suite de la défaite française,
les mercenaires des deux camps se retrouvent au chômage. Certains
d'entre eux se regroupent en compagnies, dont l'une, menée
par Arnaud de Cervole, dit l'Archiprêtre, menace Avignon et
ses richesses, sème la terreur dans la région. Privé
du soutien royal, Innocent VI n'a d'autre solution que de monnayer
son départ en septembre 1358. Deux ans plus tard, il est
confronté à une autre compagnie, dite des Tard-Venus
: pour proéger la cité papale, il entreprend de grands
travaux de fortification, mais ne sera débarrassé
des assiégeants que lorsque ceux-ci rejoindront les champs
de bataille d'Italie et d'Aragon. Pendant cette période menaçante
pour Avignon, l'autorité du Saint Siège à Rome
est rétablie grâce à l'action du représentant
du pape, le cardinal Gil d'Albornoz. Innocent VI se demande si l'heure
n'est pas venue de regagner la Ville Eternelle. Mais les caisses
sont vides à cause du tribut payé aux compagnies et
des campagnes militaires menées dans la Péninsule.
Par ailleurs, le souverain pontife est très diminué
et s'éteint le 13 décembre 1362.
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