CHARLES VII LE VICTORIEUX, LES
PERSONNALITES
Jeanne d'Arc :
Le procès
CONDAMNEE AU BUCHER
Contre toute attente, Jeanne d'Arc a consenti à abjurer ses erreurs, ce qui lui a permis d'échapper (provisoirement) à la mort et lui a valu une sentence de "prison perpétuelle". Mais, quelques jours plus tard, elle reprend ses habits d'homme et revient sur son abjuration. Sous la pression des Anglais et de l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, le verdict de ses juges va tomber sans plus tarder. Déclarée hérétique et relapse, la Pucelle sera condamnée au bûcher le 29 mai 1431.
Au terme d'un long procès durant lequel elle a fait preuve d'une grande détermination, Jeanne d'Arc a soudain abandonné toute résistance : le 24 mai 1431, au cimetière Saint Ouen de Rouen, elle a signé son acte d'abjuration. C'est ainsi qu'elle a échappé au bûcher et a été condamnée "par sentence définitive à prison perpétuelle".
Soumise à la vindicte et aux offenses des
geôliers anglais, la Pucelle a quitté la tenue féminine qu'on lui a imposée
pour reprendre son habit d'homme, considéré lors du procès comme le signe patent
de son insoumission à l'Eglise et que, lors de son abjuration, elle a promis
de ne plus porter. Jugé très grave, le fait est immédiatement rapporté à l'évêque
de Beauvais Pierre Cauchon. Le lundi 28 mai, le prélat se rend auprès de la
prisonnière en compagnie d'assesseurs et du vice inquisiteur Jean Lemaître.
"Jeanne était vêtue d'un habit d'homme
(...), que sur notre ordre elle avait autrefois laissé et avait pris habit de
femme. Aussi l'avons nous interrogée, pour savoir quand et pour quelle cause
elle avait de nouveau repris cet habit d'homme. - Je l'ai pris de ma volonté,
déclare Jeanne; je l'ai pris parce que c'était plus licite et convenable
d'avoir habit d'homme puisque je suis avec des hommes que d'avoir habit de femme;
je l'ai repris parce que ce qui m'avait été promis n'a pas été observé, à savoir
que j'irais à la messe et recevrais le corps du Christ et serais mise hors les
fers -", mentionne le procès verbal.
Jeanne
ajoute que si on l'autorise à entendre la messe, à recevoir la communion et
si elle est mise "en prison gracieuse",
elle fera tout ce que l'Eglise ordonnera et voudra. Mais l'évêque de Beauvais
poursuit son interrogatoire et demande si depuis le jeudi de son abjuration
elle a "ouï les voix de Sainte Catherine
et Sainte Marguerite". La Pucelle acquiesce, expliquant
que Dieu lui a mandé par elles "grande
pitié en cette forte trahison à laquelle j'ai consenti en faisant abjuration
et révocation pour sauver ma vie, et que je me damnais pour sauver ma vie".
En marge du procès verbal, le greffier note alors : "Réponse
mortelle".
Jeanne aggrave son cas en précisant que
ses voix lui ont dit qu'elle faisait et avait fait grande injure à Dieu, en
confessant avoir mal agi : "Tout ce
que j'ai dit et révoqué, je l'ai fait seulement à cause de la peur du feu".
Elle affirme ne pas avoir compris le contenu de la cédule, l'acte d'abjuration
qu'on lui a fait signer, et souligne "qu'elle
n'avait pas l'intention de rien révoquer, sinon pourvu que cela plût à Dieu".
Des témoins prétendent qu'à l'issue de cette entrevue décisive, Cauchon lance
joyeusement aux Anglais : "Faites
bonne chère, c'est fait"! Car la procédure d'Inquisition
veut que les relaps, ceux qui ont abjuré leurs erreurs et y reviennent , soient
condamnés à mort et livrés "au bras séculier", au bourreau. C'est
la peine désormais encourue par Jeanne.
Le lendemain, mardi 29 mai, Pierre
Cauchon réunit d'urgence les assesseurs dans la chapelle du manoir archiépiscopal
pour les informer de cette "insouission à l'Eglise". Au cours des
délibérations, à la suite de l'abbé de Fécamp, quarante théologiens déclarent
que la Pucelle leur paraît relapse, mais que la cédule doit lui être relue et
la parole de Dieu exposée. Mais ils n'ont que voix consultatives, et l'évêque
de Beauvais ne tient pas compte de leur avis. Finalement, "ils
furent tous d'opinion qu'elle devait être réputée hérétique et qu'elle devait
être laissée à la justice séculière, en priant cette justice qu'elle la traitât
plus doucement qu'elle n'avait mérité". Cauchon ne
sollicite même pas, comme il devrait le faire, la sentence d'un tribunal séculier.
Le jour même, la prisonnière "fut
remise aux mains du bailli et sans que le bailli ou moi même à qui il appartenait
de prononcer la sentence en eussions prononcé une",
témoigne Laurent Guesdon, lieutenant du bailli de Rouen. Le 30 mai, sur la place
du Vieux Marché à Rouen, Jeanne d'Arc, condamnée à périr sur le bûcher, est remise
entre les mains du bourreau.
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