PHILIPPE VI DE VALOIS, SA VIE

 

LA REGENCE DE PHILIPPE VI DE VALOIS

Le 1er février 1328, à la mort de Charles IV le Bel, le comte Philippe de Valois est désigné régent du royaume en attendant la naissance de l'enfant que porte la reine Jeanne d'Evreux. Lorsqu'une petite Blanche viendra au monde le 1er avril, il deviendra roi sous le nom de Philippe VI, la dynastie des Valois succédant à celle des Capétiens.

Lorsque le Capétien Charles IV le Bel s'éteint le 1er février 1328, il a une fille, mais aucun héritier mâle. Cependant, la reine Jeanne d'Evreux est enceinte. Nul ne sait si l'enfant sera fille ou garçon. Le comte Philippe de Valois, cousin germain du roi défunt, a pris le titre de régent; nommément désigné par Charles le Bel dans son testament pour tenir ce rôle jusqu'à la la majorité de l'enfant à venir si c'est un garçon, jusqu'à la naissance si c'est une fille. Par ailleurs, Charles le Bel a demandé aux pairs de France de choisir celui qui leur semblerait le plus capable de régner au cas où son héritier serait une fille. L'enfant que tout le royaume attend naît le 1er avril, alors que Philippe de Valois, apparemment serein, voyage en Normandie. C'est une fille, prénommée Blanche.

Les trois derniers Capétiens, fils de Philippe IV le Bel, étant morts sans héritier mâle, la Couronne doit revenir à celui dont le lien de parenté est le plus proche de leur père. Outre le régent Philippe de Valois, plusieurs seigneurs peuvent prétendre à la Couronne. Le roi Edouard III d'Angleterre est son petit-fils par sa mère Isabelle de France. Philippe d'Evreux est son neveu par son père, fils de Philippe III le Hardi; il est par ailleurs marié à Jeanne de Navarre, fille de Louis X le Hutin et de sa première épouse Marguerite de Bourgogne. Quant à Philippe V le Long, il a laissé quatre filles, dont trois sont mariées. Leurs époux ont donc eux aussi quelques droits sur la Couronne : il s'agit du duc Eudes IV de Bourgogne, du comte de Flandre Louis II de Nevers et du dauphin de Viennois Guigues VIII. Le comte de Valois n'est ni le plus proche descendant de Philippe le Bel (sur l'arbre généalogique, c'est Isabelle de France), ni le plus direct puisque les trois fils du Capétien, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, ont eu des filles. Mais il a de nombreux arguments en sa faveur. Tout d'abord, il est régent, fonction non négligeable dans un tel moment. Ensuite et surtout, il est le plus proche parent mâle en France. Aîné des hommes de la famille, il a trente cinq ans, passe pour sage et a la réputation d'un chevalier courageux. Enfin, il jouit de l'estime des barons.

Lorsqu'ils se réunissent juste après les obsèques de Charles le Bel, en février 1328, avant même la naissance de l'enfant posthume du roi, les Grands du royaume consultent des juristes. Certains d'entre eux, tel Eudes de Bourgogne, tuteur de la fille de Louis le Hutin, écartée du trône, remettent en cause l'exclusion des femmes à la succession royale, qui a déjà été invoquée lors de l'avènement de Philippe V le Long. On discute, on soupèse les droits et la légitimité des uns et des autres. Un nom revient fréquemment : celui d'Edouard III d'Angleterre, qui, à dix sept ans, est le petit-fils en ligne directe de Philippe le Bel. Mais il est facile de réfuter sa candidature : si les femmes ont droit à la Couronne, c'est Jeanne de Navarre, fille de Louis le Hutin, qui est le mieux placée; si elles n'y ont pas droit, le roi d'Angleterre ne peut tenir de sa mère un droit qu'elle n'a pas. Les seigneurs du royaume ne peuvent admettre avoir Edouard III pour roi sans risquer une crise politique future, les filles de Louis le Hutin, de Philippe le Long et de Charles le Bel pouvant à tout moment contester sa légitimité.
L'accord est finalement assez facile à trouver, les barons ne voulant pas d'un roi qui ne soit pas né en France. "Il n'avait jamais été vu ni su que le royaume de France eût été soumis au gouvernement du roi d'Angleterre", rapporte la chronique. Edouard III ne s'est guère fait d'illusion. Ce qui ne l'empêche pas désormais de parler du royaume de France comme de son héritage. Dès le mois de mai 1328, il fait rappeler à Philippe VI, sacré à Reims le 29 du mois, qu'il est "droit héritier" du royaume de France. Certes, il semble céder lorsqu'il prête hommage au Valois, son suzerain pour la Guyenne et le Ponthieu, à Amiens le 6 juin 1329, mais déjà l'éventualité d'une guerre se profile.
Philippe VI, que certains surnomment le "roi trouvé", choisi par ses pairs, n'aura de cesse d'asseoir la nouvelle dynastie des Valois. Sa légitimité est trop fragile, et dans maintes circonstances, il fera de son mieux pour éviter de s'aliéner ne serait-ce qu'une partie de ses sujets.

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