LOUIS XI, LE PEUPLE
FRANCOIS VILLON, VOYOU ET POETE
En 1489, un éditeur parisien, Pierre Levet, publie, sous la direction de Clément Marot, la première édition imprimée des poèmes de François Villon. Cela fait vingt cinq ans que l'on est sans nouvelle de l'auteur du Testament. Libéré de prison le 5 janvier 1463, l'enfant terrible du Quartier Latin s'est volatilisé sans que l'on sache ce qu'il est devenu, ni comment il mourut.
En 1431, on brûle Jeanne d'Arc à Rouen. Un orphelin, François de Montcorbier, ou des Loges, est adopté par le chapelain de l'église Saint Benoit le Bétourné, Guillaume de Villon. François, devenu Villon, l'appellera plus tard "son plus que père". En grandissant l'enfant montre des dons certains pour l'étude et une tendance prononcée à la turbulence, ce qui ne l'empêche pas de réussir. Inscrit à la faculté des arts en 1443, il en sort bachelier en 1449, et trois ans plus tard, obtient sa licence et le titre de maître ès art. Le royaume de Villon, c'est le Quartier Latin, celui des universités le jour, mais surtout celui des cabarets et des bordels, une fois la nuit tombée. Paris est ville ouverte. L'insécurité y règne comme jamais. La peste revient souvent, les hivers sont rudes, la famine est là, les loups rôdent aux portes de la ville. Anglais et Armagnacs lancent des raids et pillent la capitale. Professeur indigne, François Villon fréquente les "Coquillards", une fameuse bande de malfaiteurs. Il est de tous les sales coups : bagarres, cambriolages, rapines. Aux voyous, le poète emprunte le verbe imagé. Aux grands du monde comme Charles d'Orléans, il doit d'être libéré à plusieurs reprises après avoir passé quelque temps à méditer dans les geôles parisiennes.
François a dix
huit ans et participe à ses
premiers chahuts. Un jour, la plaisanterie tourne mal, un étudiant est abattu par la
police. Les cours sont suspendus dans les écoles du Quartier Latin. Un peu plus tard, en
juin 1455, Villon transperce d'un coup d'épée un prêtre à la suite d'une altercation.
Contraint de fuir Paris, le poète erre plusieurs mois en province. Six mois plus tard,
une heureuse lettre de rémission lui permet de regagner Paris. Mais pas de
s'assagir. Le soir de Noël 1456, il prend part au vol de 500 écus d'or au Collège
de Navarre. A nouveau, il doit fuir et se réfugier en province. Il est peu probable
qu'entre 1457 et 1461, François Villon ait séjourné à Paris. Il mène une vie errante,
s'arrêtant parfois quelque temps comme à Blois où il participe à un concours de
poésie organisé par Charles d'Orléans.
Mais sous la torture, un des malfaiteurs qui a pris part au casse du collège de Navarre
révèle la présence de Villon ce soir-là. Incarcéré à Meung sur Loire, Villon subit
la rigoureuse captivité de l'évêque d'Orléans. Avant d'être chanceusement élargi
lors du passage du roi Louis XI dans la ville, Villon rentre à Paris. Novembre 1462, le
poète est incarcéré quelques jours au Châtelet avant d'être libéré contre la
promesse de rembourser les 120 écus d'or (sa part du butin) au Collège de Navarre. A la
fin du même mois, de malheureuses circonstances le mettent en présence de Ferrebouc, le
notaire pontifical qui s'occupe de l'affaire du Collège. Un camarade de Villon transperce
l'homme d'un coup d'épée. Arrêté, le poète est torturé. La condamnation ne tarde pas
: la pendaison. Villon fait appel auprès des juges. Le 5 janvier 1463, le Parlement casse
le jugement : la peine est commuée en bannissement de dix ans de Paris et sa région.
Villon demande trois jours pour réunir ses affaires, il écrit une Louange à la cour où
il remercie ses juges. Dans Question au clerc du guichet, il se félicite d'avoir fait
appel à la condamnation et montre une belle envie de vivre. François Villon, environ trente
ans, disparaît à tout jamais. Que devient-il ? Nul ne le sait.
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