LOUIS XV, LES ARTS ET LES SCIENCES
JACQUES DE VAUCANSON
VAUCANSON RENOVE L'INDUSTRIE DE LA SOIE
Célèbre pour ses merveilleux automates, Jacques de Vaucanson a tout juste trente ans lorsqu'il se voit confier la tâche de réorganiser l'industrie de la soie. Nommé par Louis XV inspecteur général des manufactures de soie en 1741, il va se lancer dans une audacieuse entreprise de modernisation des manufactures textiles et va dans le même temps concevoir maints outils innovants.
En 1738, Jacques de Vaucanson a enchanté la Cour et la ville avec ses merveilleux automates. Son génie pour la mécanique a été reconnu par l'Académie des Sciences et Louis XV entend bien y recourir dans des domaines autres que le simple divertissement. En 1739, le contrôleur général Philibert Orry demande à l'ingénieux savant d'étudier les moyens pour accroître la productivité des manufactures de soie, cette industrie étant victime de la concurrence piémontaise.
Vaucanson commenca par se rendre à Lyon
afin d'observer les méthodes en vigueur et d'envisager les techniques à mettre
en place. En 1741, il reçoit du roi le titre d'inspecteur général des manufactures
de soie et, après plusieurs déplacements dans le Dauphiné et le Piémont, livre
un rapport magistral, très apprécié de ses autorités de tutelle. Il peut désormais
passer à l'étape suivante : mettre en oeuvre ses idées sur la modernisation,
la rationalisation et l'automatisation des manufactures de soie françaises.
La
mission qui lui est assignée donne à Vaucanson l'occasion de faire appel à toutes
ses compétences de mécanicien, mais révèle en outre ses capacités d'organisation
et d'imagination. Il s'efforce de normaliser les tâches des ouvriers aussi bien
que de dimensionner efficacement les pièces des machines. L'analyse des gestes
répétitifs effectués sur un poste de travail n'est pas si éloignée de l'étude
anatomique précise qu'a exigée la réalisation de ses automates. Cependant, un
homme n'est pas un automate et l'organisation scentifique du travail que l'ingénieur
général entend mettre en oeuvre ne va pas sans susciter quelques réactions hostiles.
En 1744, les ouvriers s'insurgent devant l'application des règlements mis au
point pour les fabricants de Lyon par Vaucanson, qui est obligé de quitter
la ville.
Restant avant tout un mécanicien, Vaucanson est plus heureux avec
les techniques. Les réalisations qu'il conçoit avec quelques ouvriers dans son
hôtel de Mortagne, à Paris, sont remarquablement innovantes. Pour remplacer
le moulin à organsiner (tordre la soie), dit "à la bolognaise", dont
on se sert alors pour torsader plusieurs fils de soie ensemble et qui se révèle
peu performant, il crée en 1750 un outil dont une chaîne entraîne la transmission
du mouvement et qui porte son nom.
Doué d'une vision d'ensemble, Vaucanson
imagine du même coup la machine à fabriquer cette nouvelle machine. Il fera
de même avec toutes ses inventions, créant parallélement les machines-outils
nécessaires à leur fabrication, car il se rend compte que des qualités de celles-ci
dépendent les performances de celles-là. Pour obtenir des réalisations performantes,
il faut des machines-outils d'une très grande précision et d'une très grande
fiabilité : c'est pourquoi l'ingénieur général décide de construire en métal
(et non en bois comme on le fait alors habituellement) un tour, une machine
à percer et une machine à fabriquer les chaînes. Il élabore par ailleurs le
premier métier à tisser automatique, destiné aux étoffes unies, ainsi qu'une
inventive calandre pour les tissus d'or et d'argent. Pour le relevage des fils
de chaîne, il imagine de substituer au tireur de lacs (l'ouvrier chargé de positionner
les cartons programmes) un mécanisme automatique, tout en remplaçant le chapelet
de cartons par un cylindre perforé.
En 1752, Vaucanson est chargé de mettre
sur pied à Aubenas la première manufacture royale de soie (où l'efficacité de
ses machines est démontrée), puis, en 1757, celle de Lavaur. Ses efforts en
matière d'organisation, sans doute prématurés, n'obtiennent pas les résultats
qu'on aurait pu en attendre et ses manufactures modèles ne fonctionneront que
quelques années. Ses machines aux qualités unanimement saluées n'en permettront
pas moins un développement important de l'industrie textile et, promises à un
bel avenir, marquent une étape capitale dans l'évolution des techniques.
Page MAJ ou créée le 2002