CHARLEMAGNE, LES PERSONNALITES
ALCUIN LE LETTRE DE CHARLEMAGNE
En 781, Charlemagne rentre d'Italie. Alors qu'il fait étape à Parme, on lui présente le lettré saxon Alcuin. Séduit par la personnalité et la grande culture du moine, le roi l'invite à séjourner à la cour. Les deux hommes seront bientôt unis par une grande amitié et un profond respect mutuel.
Originaire de Northumbrie, en Grande Bretagne, Alhwin (également appelé Albinius ou Alcuin) est né vers 730. Lorsque sa route croise celle de Charlemagne, il est directeur de l'école épiscopale d'York, où il a fait ses études et qui est la plus réputée de son pays. C'est lors d'un voyage en Italie, qu'il rencontre à Parme Charlemagne. Ce dernier, ébloui par son érudition, le retient auprès de lui et le ramène à la cour. Début 782, Alcuin débarque en Gaule. Il ne sait pas encore qu'il ne retournera en Grande Bretagne que pour de courts séjours et qu'il est destiné à devenir l'ami et le premier conseiller du monarque le plus puissant d'Europe. A son arrivée à la cour, Alcuin est âgé d'à peine une dizaine d'années de plus que Charlemagne. Le roi, qui porte une haute estime aux érudits qu'il se plaît à réunir en son palais, est un homme d'action. Alcuin, homme de réflexion, ignore, pour sa part, la fureur des passions et l'esprit de vengeance. Mais ce qui rapproche ces deux personnalités d'exception, c'est surtout leur tempérament commun. Comme Charles, Alcuin a le goût de vivre et de bien vivre, aussi fin gourmet que grand amateurs de bons vins. Affable, il déteste la morosité, mais il incite cependant le roi à bannir les spectacles trop frivoles à la cour. Issu d'une famille aristocratique, le moine monte parfaitement à cheval et accompagne volontiers le souverain à la chasse. Il aime aussi à se baigner en sa royale compagnie. Mais Alcuin refuse fermement de suivre Charles en campagne. S'il tolère la guerre ce n'est que parce qu'il la considère comme un instrument de propagation de la foi chrétienne. Participant activement à la lutte contre les hérésies, il juge cependant que la conversion forcée est une tromperie. Selon lui, avant de baptiser les païens, il faut d'abord les évangéliser.
Peu à peu de nombreux disciples et
anciens élèves rejoignent Alcuin à la cour et cohabitent en bonne intelligence avec les
lettrés italiens, tels Paul Diacre ou Pierre de Pise. Alcuin, nommé à son arrivée à
la tête des abbayes de Troyes et de Ferrières en Gâtinais, dans le diocèse de Sens,
est désormais le premier conseiller de Charlemagne. Principal artisan de la Renaissance
Carolingienne, il est à l'origine de la création d'écoles où sont formés les futurs
serviteurs de l'Etat. Sous l'influence du "précepteur de la Gaule", une
ordonnance de 789 fixe un véritable programme scolaire et prévoit les disciplines à
enseigner. Les sept arts libéraux (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique,
musique, géométrie et astronomie) sont mis à l'honneur. A partir de 794, Alcuin prend
la direction de l'école palatine d'Aix la Chapelle. Il instruit aussi bien les enfants
que les adultes. Charlemagne, donnant l'exemple comme en toute chose, est son élève le
plus passionné. Le souverain participe avec enthousiasme aux jeux littéraires organisés
par le "maître principal". Alcuin s'attache aussi à l'instruction des
prêtres et fait publier un texte officiel du credo.
En 796, Alcuin est nommé abbé de Saint Martin de Tours, l'un des sanctuaires les plus
importants de Gaule. Désormais retiré de la cour, il reste en relation étroite avec
Charlemagne par le biais d'une correspondance épistolaire abondante. Prenant sa nouvelle
charge à coeur, l'abbé s'emploie à rehausser le prestige de l'école monastique.
Lorsqu'il meurt, en 804, le royaume franc a été profondément marqué par sa réforme
intellectuelle et scolaire.
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