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LA CHAPELLE PALATINE DE CHARLEMAGNE
Consacrée par le pape Léon III en 805, la chapelle palatine
d'Aix la Chapelle est le symbole de l'union du pouvoir temporel et spirituel
réalisée par Charlemagne. Plus ancien et plus important monument de l'architecture
carolingienne, elle est aconsidérée à l'aube du IXème siècle comme l'une des
"merveilles du monde".
Charlemagne a fait d'Aix la Chapelle sa résidence habituelle
et sa capitale. C'est là, entre Rhin et Meuse, au coeur de son Empire, qu'il
passe l'hiver, reçoit ses vassaux et les ambassadeurs de tous les pays. Il a
décidé d'y faire édifier un palais digne de sa puissance, un ensemble monumental
comme on n'en a encore jamais vu en Occident. Il a confié à son architecte Eudes
de Metz la mission de faire d'Aix la Chapelle une "deuxième Rome".
L'élément principal du grand dessein architectural du
Carolingien est un immense et superbe palais, entouré d'une enceinte rectangulaire
ensserrant une superficie de trois à quatre hectares. Mais à cette résidence,
marque de son autorité de souverain, il convient d'ajouter un sanctuaire, symbole
de son rôle de champion de la Chrétienté. Aussi Charlemagne commande-t-il à
Eudes de Metz une église digne de rivaliser avec celles de Rome et de Byzance,
qui lui permette d'égaler, voire de surpasser, les Empereurs d'Orient, d'affirmer
et de renforcer sa position de maître de l'Occident. L'architecte entreprend
de faire construire une chapelle, à l'autre extrémité de la grande cour de deux
cents mètres de longueur. Les artistes les plus réputés sont convoqués; on fait
venir des ouvriers d'Italie, d'Angleterre, d'Irlande, de la main-d'oeuvre des
pays de l'Est; l'empereur demande à ses vassaux de lui envoyer les artisans
les plus compétents. De toutes les régions de l'Empire, les matériaux affluent,
et l'on rapatrie à grands frais des mosaïques d'Italie. Exceptionnellement,
le pape Hadrien 1er autorise Charlemagne à importer du marbre provenant de monuments
antiques de la Péninsule, destiné aux colonnes et aux dallages. Le chantier
est conduit avec une telle rigueur que cinq ans, de 789 à 794, suffisent pour
mener à bien l'essentiel des travaux. En 805, le sanctuaire est consacré par
le pape Léon III. Inspirée des églises byzantines d'Italie, la chapelle d'Aix
est la première construction de ce genre au nord des Alpes. Elle est bâtie sur
le modèle de la basilique San Vitale de Ravenne, édifiée par l'empereur Justinien
et copie de la basilique Sainte Sophie de Constantinople, alors considérée comme
le summum de la splendeur.
Edifice octogonal de quinze mètres de diamètres et de
trente trois mètres de hauteur, la chapelle palatine s'élève sur quatre étages
jusqu'à la coupole centrale. Le choeur est entouré d'un déambulatoire et dominé
par une galerie, tous deux voûtés selon la technique médiévale et séparés de
l'espace principal par des arcades. La galerie, surmontée de hautes voûtes en
berceau, domine des voûtes triangulaires plus basses et plus petites. La claire-voie
surplombant ses arcades est incrustée de mosaïques d'or et percée de larges
fenêtres, qui soulignent le contraste avec les espaces noirs et vides du dessous,
attirant irrésistiblement le regard vers le haut et la coupole centrale. Le
trône en marbre blanc de Charlemagne est disposé du côté ouest de l'édifice,
dans la galerie du deuxième étage, surplombant le portail de l'Eglise et faisant
face à l'autel du Christ Sauveur. Cette "galerie de l'Empereur", deux
fois plus haute que celle de l'étage inférieur, est séparée de l'espace central
par une double rangée de colonnes antiques en porphyre provenant de Rome et
de Ravenne. On y accède par deux tourelles flanquant la façade occidentale et
abritant les escaliers. La construction à trois niveaux de la chapelle symbolise,
tant par son plan que par sa fonction, la relation entre l'Empereur, son peuple
et Dieu : c'est dans la galerie du deuxième étage, à mi-distance entre ses sujets
et le Ciel, que Charlemagne assiste à la messe. L'entrée du sanctuaire par la
façade occidentale souligne le rôle de défenseur de la foi chrétienne du souverain.
Les décors, telle la grande mosaïque de la coupole représentant les vingt quatre
Vieillards de l'Apocalypse déposant leurs couronnes aux pieds du Christ
sont autant de référence à l'autorité impériale.
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