PEPIN LE BREF LE CHEF D'ETAT

LE RENOUVELLEMENT DU SACRE DE PEPIN LE BREF
(28 juillet 754)

Le 28 juillet 754, à Saint Denis, pépin le Bref est sacré roi des Francs pour la seconde fois et des propres mains du pape Etienne II. Lors de cette cérémonie solennelle, ses fils Carloman et Charles, le futur Charlemagne, reçoivent également l'onction sacrée. Le premier des Carolingiens légitime ainsi son accession au trône et jette les bases d'une monarchie héréditaire.

Couronnement de Pépin le Bref à Saint Denis Peinture de François Dubois commandée par Louis Philippe pour le musée de Versailles en 1837Lors du champ de mai de 751, qui s'est tenu à Soissons, Pépin le Bref s'est fait proclamer roi des Francs par l'Assemblée des Grands. Fort du soutien du pape, il a fait déposer Childéric III, dernier des rois mérovingiens. Afin d'affirmer sa légitimité, ses conseillers ecclésiastiques l'ont engagé à procéder à une nouvelle cérémonie. Celle-ci a été réglée par les prélats, qui se sont inspirés des sacres de Saül et de David, décrits dans la bible au Livre des Rois. Ayant ainsi remis en vigueur un usage des traditions juive et orthodoxe, Pépin le Bref est le premier roi de France "élu de Dieu" en ayant reçu l'onction sacrée.

Par ce coup d'Etat feutré, le fils de Charles Martel a substitué aux Mérovingiens sa famille, celle des pippinides, qui deviendra bientôt la dynastie carolingienne. Cependant, dans le royaume, quelques uns contestent encore son accession au trône et, surtout, continuent à défendre le droit du sang mérovingien et à militer en faveur de l'élection libre du roi par les Grands, conformément à la coutume germanique. Pépin le Bref va donc devoir agir pour ancrer définitivement sa légitimité et celle de ses descendants.
Pendant ce temps, en Italie, le pape Etienne II, comme Zacharie à qui il a succédé en 752, doit faire face aux ambitions d'Aistolf, le roi des Lombards. Celui-ci a envahi Pavie, cité qui fait partie de l'exarchat de Ravenne, ancien territoire byzantin. Pire, les armées d'Aistolf menacent directement Rome, et leur chef a la bonne intention de faire du pape un simple évêque lombard.
Etienne II se tourne alors vers les Francs et rappelle à Pépin le Bref qu'il a promis aide et soutien au Saint Siège. Le souverain pontife envisage même d'aller plaider sa cause en pays barbare. Il prépare son voyage avec Chrodegand de Metz et le duc Audgar qui lui ont été envoyés par le roi des Francs. Mais, pressé par Constantin V, l'Empereur d'Orient, d'exiger en son nom la restitution des villes indûment occupées, il lui faut d'abord rendre une brève visite à Aistolf. Sa mission se solde par un échec et, le 14 octobre 753, le pape peut, le conscience en paix, partir pour la Francie.

Après avoir atteint Aoste en novembre, puis franchi les Alpe, Etienne II arrive à Saint Maurice, dans le Valais, où l'attendent Fulrad de Saint Denis et le duc Rothard, chargés de l'escorter jusquà la villa royale de Ponthion, près de Vitry le François, en Champagne. C'est là que, le 6 janvier 754, jour de l'Epiphanie, il est reçu par Pépin le Bref. Sitôt engagés, les pourparlers aboutissent, le jour de Pâques, lors de l'assemblée de Quierzy : le pape légitimera les Carolingiens et le roi s'engagera à libérer la papauté de l'oppression lombarde.
Avant de lancer ses troupes en Italie, Pépin le Bref tente de trouver un règlement diplomatique au conflit et prend contact avec Aistolf. Mais le roi des Lombards refuse de négocier.
Tandis que les préparatifs de son expédition militaire dans la Péninsule sont menés tambour battant, Pépin le Bref obtient la confirmation éclatante de son accession au trône. Le 28 juillet, lors d'une seconde et solennelle cérémonie, qui se déroule en grande pompe à Saint Denis, le pape Etienne II oint le roi des Francs de ses propres mains. Il lui décerne en outre le titre de "patrice des Romains", affirmant ainsi son rôle de protecteur de la Ville Eternelle et de la Chrétienté. Puis c'est au tour de son épouse, la reine Berthe, et de ses deux fils, Carloman et Charles, de recevoir l'onction sacrée.
Pépin le Bref et ses successeurs désormais légitimés et "élus de Dieu", il reste au roi des Francs à s'acquitter de sa part du marché en allant libérer Rome du joug des Lombards.

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