PEPIN LE BREF SA VIE

LA MORT DE PEPIN LE BREF

Pépin III le Bref Peinture de Louis Félix Amiel commandée par Louis Philippe pour le musée de Versailles en 1837Pépin le Bref s'éteint à Saint Denis, le 24 septembre 768. Le fondateur de la dynastie carolingienne laisse à ses fils, Charles, le futur Charlemagne, et Carloman, un royaume vaste et pacifié, une économie florissante et une administration bien réorganisée.

Au debut de l'été 768, Pépin le Bref s'est emparé de Bordeaux et a définitivement soumis la province rebelle d'Aquitaine. Mais le vieux roi de 54 ans est fatigué. Après avoir fait étape à Saintes, il a regagné le nord des Gaules. Malade, il a ordonné qu'on le transporte à l'abbaye de Saint Denis. C'est là qu'il a vécu ses années de jeunesse et qu'il a reçu l'essentiel de sa formation. Là aussi, qu'en 754 il a été confirmé roi des Francs et a été sacré une deuxième fois par le pape Etienne II. C'est là, en outre, qu'il veut mourir après s'être recueilli une dernière fois et avoir accompli ses devoirs de chrétien, en compagnie de son ami l'abbé Fulrad.

Roi des Francs depuis 751, Pépin III le Bref, fils de Charles Martel et de Rotrude, est alors un souverain puissant. Après avoir déposé Childéric III, le dernier des Mérovingiens, pour incapacité, il a réunifié sous sa seule autorité les royaumes d'Austrasie et de Neustrie. Sur toutes les frontières, il s'est battu. Il a repoussé les Saxons au delà de la Weser, il a soumis la Bavière, repris la Septimanie aux Sarrasins, reconquis la turbulente et indépendante Aquitaine. Il laisse à ses fils, Charles, le futur Charlemagne, et Carloman, un vaste empire qu'il a considérablement agrandi et pacifié.
En ce début d'automne 768, Pépin le Bref ressent aussi la satisfaction d'avoir posé les bases d'une solide alliance à long terme entre la royauté franque et le Saint Siège. Pour ce faire, il n'a pas seulement aidé Rome à combattre les Lombards. Tout au long de son règne, il a oeuvré pour pour la réforme de l'Eglise des Gaules, a réuni régulièrement de nombreux conciles, a soutenu les actions des missionnaires, a milité pour une moralisation et une meilleure formation des clercs. En 756, il a instauré le principe de la dîme, selon lequel chacun doit attribuer un dixième de ses revenus au clergé. Au spirituel comme au temporel, il est fier de l'ordre qui règne en son royaume. L'administration centrale a été réorganisée. Si le maire du palais (fonction que Pépin le Bref a occupée et qui lui a permis d'accéder au trône) a été supprimée, les hautes charges héritées du palais mérovingiens ont été maintenues et confiées à des fonctionnaires soigneusement choisis. L'administration locale a été remise à des comtes compétents et fidèles. L'économie se porte bien. D'ailleurs, en 755, le roi a réaffirmé son monopole à battre monnaie et a même ordonné la frappe d'un denier normalisé, orné de son monogramme.

La puissance du roi des Francs n'est pas seulement reconnue du nord au sud des Gaules. Avec Constantin V, l'empereur d'Orient, Pépin le Bref entretient d'excellentes relations. Et, lors de la querelle des icônes, il a soutenu la modération et l'esprit de tolérance entretenus par l'Eglise de Rome. Au cours de l'hiver 767-768, il a reçu en grandes pompes à sa Cour un ambassadeur d'Al Mansur, le calife abbasside de Bagdad. Aujourd'hui, en ce milieu de septembre 768, Pépin songe que nul n'oserait plus railler sa petite taille, qui lui a valu le surnom de "le Bref". Il n'a qu'un seul regret : la nouvelle église, dont il a commandé l'édification à Saint Denis, à la place de l'abbatiale de Dagobert 1er, et qu'il a voulu la plus grande et la plus magnifique des Gaules, n'est pas achevée. Le vieil abbé Fulrad ne la consacrera que le 24 février 775.
Après avoir fait ses adieux à son épouse, Berthe au Grand Pied et partagé, selon la coutume franque, son royaume entre ses deux fils, Pépin le Bref surmonte sa fatigue pour dicter ses dernières volontés, qui ont été rapportées par l'abbé Suger dans ses Chroniques de Saint Denis. En signe d'humilité et d'expiation des fautes commises par ses prédécesseurs à l'encontre de l'Eglise, il souhaite être enterré face contre terre, sous le porche de l'abside de la basilique de Saint Denis.
Le 24 septembre 768, Pépin le Bref rend son dernier soupir. Premier roi "oint de Dieu" et sacré par le pape, le fondateur de la dynastie carolingienne a posé les fondements de la monarchie de droit divin et a largement préparé l'oeuvre de son fils, Charlemagne, le grand Empereur d'Occident.

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