THOMAS BUGEAUD, GOUVERNEUR GENERAL

Début 1841, après l'échec de la colonisation restreinte, Louis-Philippe décide d'envoyer Thomas Bugeaud, qui connaît admirablement le terrain, pour mettre en oeuvre la conquête totale de l'Algérie. Pendant quelque 6 années, le maréchal va mener une lutte acharnée contre le rebelle Abd el Kader et tenter d'instaurer un système de colonies militaires.

Si Louis-Philippe a choisi d'envoyer Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, en Algérie, c'est parce que celui-ci connaît admirablement le pays. Et aussi parce qu'il a toutes les qualités requises pour le poste de gouverneur. Militaire aguerri, il parle l'arabe et connaît parfaitement la géographie et la mentalité algériennes. C'est pour cela aussi que Bugeaud demande Louis-Philippe (outre le fait avoir les moyens d'une politique globale) une augmentation substantielle de ses effectifs et de ses finances. Le roi se rend compte que seuls le pragmatisme et l'expérience dictent ces exigences à ce stratège qu'il admire. La requête est acceptée. Bugeaud obtient, pour une période de 7 ans, 100 000 hommes et un crédit de 100 millions de francs. Voilà qui va lui permettre d'organiser la conquête à long terme. Dès sa descente du bateau, Bugeaud s'engage solennellement : seul le drapeau français doit flotter en Afrique du Nord.

Sitôt installé dans son quartier général d'Alger, Bugeaud entreprend la mise en oeuvre de sa stratégie. Il n'ignore pas qu'Abd el Kader, l'émir rebelle, est impossible à vaincre lors d'une bataille rangée, car ses troupes sont trop mobiles, surtout dans l'ouest du pays. il faut donc rationner le ravitaillement de l'ennemi et semer la panique dans ses rangs en le poursuivant avec des colonnes mobiles. Parallèlement, les Français s'emploient à convaincre les populations indigènes de "coopérer". Au besoin, ils confisquent les récoltes et les troupeaux des partisans du chef algérien, dévastent systématiquement les régions insoumises. L'étau se resserre sur Abd el Kader. Après la prise de sa smala, sa capitale itinérante, en mai 1843, celui-ci se réfugie au Maroc, Bugeaud tente d'y intervenir. Mais le sultan Moulay Abd el-Rahman ne suit pas le fougueux maréchal, qui remporte quand même, l'année suivante, la bataille d'Isly. Toutefois Abd el Kader est toujours en fuite, et Bugeaud est découragé par la frilosité de la France, qui hésite toujours à officialiser ses initiatives. Privé du soutien de Paris, qui l'a pourtant nommé maréchal en 1843, ne pouvant appliquer sa politique de conquête totale, il demande un congé et part fin 1844.

Les vacances de Bugeaud "en métropole" ne durent que quelques mois. En septembre 1845, le général Lamoricière, son fidèle lieutenant qui assume en son absence les fonctions de gouverneur, l'appelle au secours. Abd el Kader recommence à attaquer les positions françaises, et seul Bugeaud est capable de s'opposer au chef rebelle. En octobre, le maréchal est de retour sur cette terre qu'au fil des années il a appris à aimer. A la tête de 3 500 fantassins et de 450 cavaliers, il se lance à la poursuite de l'ennemi récalcitrant. Pendant des mois, jusqu'en mars 1846, il s'acharne. Abd el Kader est acculé, recule.
Le maréchal est un guerrier. Mais il se veut aussi paysan. Et, sans relâche, depuis sa nomination en février 1841, il travaille à la mise sur pied de colonies militaires. Pendant que l'armée défriche, ouvre des routes, la colonisation s'étend. Même si les méthodes de Bugeaud n'ont pas le succès espéré, le nombre des colons passe de 25 000 en 1841 à près de 110 000 en 1847.
 Le maréchal gentilhomme, avec toute la fougue de ses origines périgourdines, sait se faire aimer de ses hommes, dont il partage le quotidien. De retour à Alger, il est accueilli en héros. Certes, l'ennemi n'est pas pris, mais il est exsangue. Abd el Kader propose un échange de prisonniers. Le maréchal refuse de traiter d'égal à égal avec l'émir. Celui-ci fait tuer 280 Français. Mais Louis-Philippe, tout à ses préoccupations diplomatiques internationales, refuse de laisser Bugeaud entrer au Maroc pour le capturer.

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