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CHARLES X PART POUR L'EXIL
Après avoir abdiqué en faveur de son petit-fils,
le jeune duc Henri de Bordeaux, Charles X quitte Rambouillet. Le 3 août
1830, il prend dignement la route de l'exil. Lentement, le vieux roi déchu
traverse la Normandie, comme pour mieux faire ses adieux au pays qui l'a vu
naître et sur lequel il a régné pendant à peine six
ans. Le 16 août, il est à Cherbourg, où il s'embarque pour
l'Angleterre.
Le 2 août 1830, à Rambouillet, Charles X a abdiqué
en faveur de son petit-fils, le jeune duc Henri de Bordeaux. Pendant que le
Parlement et le duc d'Orléans, nommé lieutenant général,
décident de l'avenir du royaume à Paris, le roi et sa famille
s'apprêtent à prendre la route pour Cherbourg où Louis Philippe
a dépêché Tupinier, directeur des Ports, pour prendre les
mesures nécessaires à leur embarquement en Angleterre. Le lendemain,
Charles X quitte Rambouillet avec le duc d'Angoulême, son fils, la duchesse
d'Angoulême qui, fille de feu Louis XVI, est à la fois sa nièce
et sa belle-fille, la duchesse Marie Caroline de Berry, son autre belle-fille,
et ses petits enfants, Henri de Bordeaux et Marie Louise. Sur la route de Dreux,
le roi prend congé des quelques 12 000 soldats qui lui sont restés
fidèles. L'instant est pathétique : pendant que des officiers
brisent leur épée en signe de deuil, les étandards se baissent
dans le roulement des tambours. Charles X ne sera plus escorté que par deux
mille hommes, quatre compagnies de cavaliers, des troupes de la garde et des gendarmes.
Ainsi que par trois commissaires, l'avocat Odilon Barrot, le magistrat Schoenen
et le maréchal Maison, que son cousin Louis Philippe a chargés
de le "protéger". Certes, Charles X reconnaît que, comme
sa famille, il n'est plus en sécurité sur le territoire français.
Il décide cependant de prendre son temps pour quitter son pays, en souverain,
égrenant les étapes de la route de l'exil selon son bon plaisir;
ou presque...
A Dreux, le cortège royal est entré sous une
chaleur écrasante, Odilon Barrot doit convaincre la population, qui a
pavoisé la ville et ressorti la cocarde tricolore qu'on vient de rétablir,
de recevoir dignement le roi et les siens. Il plaide la générosité
: "Il n'y a plus qu'une famille déchue, qui
va vers l'exil et qu'il faut respecter". Et il est entendu : la
garde nationale fait une haie d'honneur jusqu'à l'hôtel de Pierre
de Barrey, rue Parisis, où les voyageurs passent la nuit. Le lendemain
matin, le cortège repart, escorté par mille hommes. Sur la route
de Verneuil, Charles X quitte sa voiture pour chevaucher à côté
de celle de son petit-fils. Hommes et chevaux marchent au pas, traversent des
villages où le drapeau tricolore flotte ostensiblement. Sur les chemins
de Normandie, avant même d'avoir quitté le royaume de France, chacun
ressent la douloureuse impression d'être déjà en exil et
les coeurs se serrent. Sous le soleil implacable, le duc d'Angoulême est
blême. Son épouse, qui persiste à aller à pied, a
des absences. La pétillante Marie Caroline de Berry a perdu son entrain
et ne peut retenir ses larmes. Seuls les enfants, Henri et Marie Louise, prennent
plaisir à ce voyage imprévu et à la découverte des
beaux paysages du bocage normand.
Le 6 août, les exilés sont hébergés
au château de l'Aigle, transformé en Hôtel de Ville. C'est
là que Charles X reçoit un message. Louis Philippe lui réclame
le petit duc de Bordeaux, afin de le faire proclamer roi sous le nom d'Henri
V. Mais à une condition : que le reste de la famille quitte la France.
La réponse est catégorique : c'est NON! Le lendemain, les voyageurs
font étape dans une maison amie à Merlerault. Le 8 août,
ils sont à Argentan, à l'hôtel de Raveton. Ils y sont accueillis
avec des fleurs et un peu de sympathie. Mais aussi avec une mauvaise nouvelle
: le duc d'Orléans est devenu Louis Philippe 1er, roi des Français.
L'accablement se lit sur le visage de Charles X à mesure qu'il parcourt
la longue liste de ses amis qui ont finalement prêté serment à
son cousin.
Pendant que le nouveau roi se dépêche d'organiser son départ
pour "adoucir" son exil, Charles X reprend la route. Alors que le
capricieux été normand se fait pluvieux, le cortège royal
traverse tour à tour Falaise, Condé sur Noireau, Vire, Saint Lô.
Le 15 août au soir, à l'hôtel de Mesnildot, à Valognes,
le vieux roi, en habit bleu sans nulle décoration, fait ses adieux aux
hommes de sa dernière escorte. Car il est prêt à partir
pour l'étranger. Cette épreuve, il l'a en effet déjà
vécue bien des années auparavant, alors que son frère aîné,
Louis XVI, tentait encore de sauver son trône face à la tourmente
révolutionnaire.
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