UN TRAGIQUE ACCIDENT

En cette calme et chaude matinée du 13 juillet 1842, le duc d'Orléans s'apprête à quitter Paris. Il doit aller déjeuner à Neuilly chez ses parents, le roi Louis Philippe et la reime Marie Amélie. L'héritier du trône ignore qu'il n'a plus que quelques heures à vivre.

Au début de l'été 1842, la duchesse Hélène d'Orléans a quitté Paris pour Plombières, où elle doit prendre les eaux avec ses enfants. Pendant son absence, son époux, le duc Ferdinand, s'est installé aux Tuileries et va chaque soir dîner avec ses parents à Neuilly. Le 12 juillet, Marie Amélie a proposé à l'aîné de ses fils de revenir déjeuner le lendemain. Le prince a volontiers accepté l'invitation de cette mère si aimante que, comme ses frères et soeurs, il appelle affectueusement "chère Majesté". Il a convenu de passer à Neuilly avant de se rendre à Saint Omer, où il doit diriger des manoeuvres militaires.
Un peu avant onze heures du matin, Ferdinand d'Orléans est prêt à partir. Mais sa voiture ne peut disposer de son attelage habituel. Certains chevaux sont déjà au camp de Saint Omer, d'autres ont formé l'équipage de la duchesse pour Plombières. Le postillon chargé de conduire le léger phaéton à quatre roues estime dangereux de le laisser mener par les deux jeunes chevaux nerveux prévus en remplacement. Le duc s'impatiente de ce contre temps. Si ce postillon a peur du risque, qu'il cède donc sa place à l'intrépide John, qui ne recule devant aucune difficulté.

Le duc d'Orléans quitte enfin les Tuileries. Conduit par le dénommé John et ayant jugé inutile de se faire accompagner par ses aides de camp, il est seul à bord de la voiture, qui va bon train. Les rues de Paris sont si tranquilles que le cocher ne peut s'empêcher de mener vivement son fougueux attelage. Porte Maillot, la phaéton prend la direction de Neuilly et s'engage dans le chemin de la Révolte. Mais, soudain, les chevaux s'emballent et l'ardent John a le plus grand mal à les retenir. Craignant sans doute qu'il ne perde le contrôle des bêtes et de la voiture, Ferdinand d'Orléans se lève et saute sur la chaussée. Mais la vitesse lui fait perdre l'équilibre et, dans sa chute, sa heurte violemment le pavé. Inerte et sans connaissance, le prince est transporté en hâte dans une épicerie voisine par un John bouleversé qui a enfin réussi à maîtriser son attelage et à arrêter le phaéton. Un médecin du quartier examine le prince sans constater de blessure apparente. Malgré une saignée pratiquée en urgence, le duc ne reprend pas conscience.
Très vite, la nouvelle du terrile accident se répand dans la capitale. Tandis que Louis Philippe et la reine accourent au chevet de leur fils aîné, les ducs d'Aumale et de Montpensier, les frères du blessé, la princesse Clémentine, sa soeur, le maréchal Gérard, le chancelier Pasquier et tous les proches de la famille royale prient en pleurant pour le malheureux.

Autour de la modeste épicerie (où trône un portrait de Napoléon!), une foule nombreuse s'inquiète de savoir si l'héritier du trône de France va survivre à l'accident. Les heures s'égrènent, angoissantes, interminables. Le duc d'Orléans ne sort du coma qu'un bref instant, murmure quelques mots inintelligibles, puis sombre à nouveau dans l'inconscience. Le chirurgien du roi n'est guère optimiste : il craint une fracture de l'os temporal. Le blessé a de plus en plus de mal à respirer et son visage est d'une pâleur extrême. Les médecins parviennent à améliorer passagèrement son état en lui appliquant des ventouses de fortune. Eplorée, Marie Amélie, qui rend son insistance à voir son fils responsable de l'accident, fait demander le curé de Neuilly.
Vers quatre heures de l'après midi, dans la chaleur accablante de la petite boutique, l'assistance, terrassée par l'émotion, assiste à l'ultime convulsion du mourant. Quand le duc d'Orléans rend son dernier soupir, le désespoir de ses parents est indescriptible. Le choc de cette mort soudaine et imprévue laisse le roi accablé de douleur. C'est d'un pas de vieillard que Louis Philippe, soutenant la reine défaillante, suit la civière sur laquelle repose la dépouille de Ferdinand d'Orléans. La foule émue les escorte jusqu'à Neuilly. Chacun pleure avec les parents anéantis la perte de ce magnifique jeune de 32 ans, héritier du trône et apprécié de tous.

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Retour Ferdinand d'Orléans

Retour Louis Philippe, sa Vie

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