UNE CATASTROPHE POUR LA MONARCHIE DE JUILLET

 Le 13 juillet 1842, Ferdinand d'Orléans est mort dans un tragique accident. La disparition soudaine du fils aîné de Louis Philippe laisse la famille royale inconsolable. La France entière s'émeut du destin de ce prince de 32 ans, populaire et libéral, qui incarnait l'héritier du trône idéal. Dans la majorité comme dans l'opposition, au sein du Gouvernement comme à la Chambre, un débat passionné se fait jour. Si le roi, qui va sur ses 70 ans, venait à disparaître, qui donc assurerait la régence en attendant que le jeune comte de Paris atteigne ses 21 ans?

Le 13 juillet 1842, le duc Ferdinand d'Orléans est mort dans un tragique accident. Dans tout le royaume, l'émotion est immense. Le 3 août, à la cathédrale de Paris, une messe est célébrée à la mémoire du défunt. Sept mille personnes sont venues partager la douleur de la famille royale. Pendant tout le service religieux, le visage du roi est inondé de larmes. La reine, qui, le jour du drame, s'est effondrée, tente à présent de trouver la force de soutenir son époux. Tous deux savent qu'ils ne se remettront jamais de la disparition tragique de leur fils aîné. La duchesse Hélène d'Orléans aussi est inconsolable. Aux Tuileries, elle a ordonné que rien ne soit dérangé dans la chambre de son défunt mari. La coupe contenant les raisins qu'il a goûtés avant de partir vers la mort, la cuvette d'eau où il a plongé ses mains, le Journal des Débats daté du 13 juillet 1842 doivent rester tels qu'il les a laissés. Pour cette famille si durement éprouvée, l'opinion publique manifeste respectueusement sa compassion.

A 32 ans, Ferdinand d'Orléans, progressiste et partisan du régime parlementaire, représentait un héritier du trône idéal. Il incarnait l'avenir souriant d'une France tournée vers la démocratie. Le décès de ce prince libéral et assez populaire pour régner en faisant pratiquement l'unanimité est un coup dur pour la Monarchie de Juillet, dont l'avenir semble désormais fort incertain.
"J'ai tout perdu et la France aussi; elle a perdu celui qui l'idolâtrait, celui qui la comprenait si bien", s'est exclamé la duchesse d'Orléans en apprenant la mort de son époux. De fait, il va bien falloir se préoccuper de pourvoir à la succession au trône. Le chansonnier libéral Pierre Jean de Béranger confie à Chateaubriand : "Je trouve que la Providence se fait furieusement républicaine". Alexandre Dumas prophétise : "Dieu vient de supprimer le seul obstacle qui existait entre la Monarchie et la République". Les légitimistes, partisans des Bourbons de la branche aînée en exil, voient en la disparition de l'héritier de Louis Philippe un signe du destin et de la colère divine... N'a-t-il pas été frappé un 13 juillet, veille du 14, symbole de la Révolution? Son accident n'est-il pas survenu dans un lieu au nom évocateur : le chemin de la Révolte? Républicains et légitimistes, critiques mais réalistes, admettent par leur ironie même la force et la légitimité qu'a incarnées le duc d'Orléans, à qui ils rendent un hommage incontestable.

L'opinion publique, dans sa grande majorité, s'inquiète pour l'avenir du pays. Le fils aîné de Ferdinand d'Orléans, le jeune Henri, comte de Paris, n'est encore qu'un enfant de 4 ans. Si Louis Philippe, qui va sur ses 70 ans, venait à décéder, il faudrait envisager une régence jusqu'à ce que le petit prince ait atteint ses 21 ans et sa majorité. Dans son testament, rédigé en avril 1840, le duc d'Orléans a fait part de ses voeux : "Si par malheur l'autorité du roi ne pouvait veiller sur mon fils jusqu'à sa majorité, Hélène devrait empêcher que son nom fût prononcé pour la régence et désavouer hautement toute tentative qui se couvrirait de ce dangereux prétexte pour enlever la régence à mon frère Nemours, ou à son défaut l'aîné de mes frères".
Le roi partage le point de vue de son fils disparu. Il est également aussi attaché au principe masculin de la succession au trône que méfiant à l'égard de sa belle fille, née Mecklembourg Schwerin et d'origine allemande. Ce problème devise la famille royale comme la classe politique et l'opinion. A l'instigation de Louis Philippe, le Gouvernement prépare un projet de loi instituant la régence en faveur de son deuxième fils, le duc de Nemours, et ramenant la majorité du comte de Paris à 18 ans. Après des débats houleux et passionnés à la Chambre, le texte est adopté et promulgué le 30 août.

Le plus de la fiche

Retour Ferdinand d'Orléans

Retour Louis Philippe, sa Vie

© 2002-2003 cliannaz@noos.fr