LOUIS PHILIPPE SUR LES CHEMINS DE L'EXIL

Après la défaite de Neerwinden, en mars 1793, et la "trahison" du général Dumouriez. Louis Philippe, menacé d'être arrêté par la Convention, n'a eu d'autre recours que de quitter la France. Un exil qui va le conduire pendant quelque vingt ans de Suisse en Allemagne et en Scandinavie, d'Amérique en Angleterre et en Sicile.

Louis Philippe a bien vite quitté Mons et le quartier général des forces autrichiennes pour la Suisse, où se sont réfugiées sa soeur Adélaïde et sa préceptrice, madame de Genlis. Renié par les légitimistes et en butte à l'hostilité des autorités républicaines helvètes, il n'a pas la tâche facile. C'est seulement grâce à l'aide du général de Montesquiou, émigré lui aussi à Bremgarten, qu'Adélaïde et madame de Genlis trouvent asile au couvent de Sainte Claire et que Louis Philippe obtient un emploi de professeur dans un pensionnat de Reichenau, en Allemagne. Là, le duc de Chartres prend le pseudonyme de de Chabaud Latour et enseigne l'histoire, les langues vivantes, la géographie, le dessin et les mathématiques. Peu à peu, il apprend à se contenter de ses maigres émoluments et s'habitue à un modeste train de vie.
La nouvelle de la mort de son père, Philippe Egalité, le 6 novembre 1793, le met au désespoir : désormais, il n'est plus duc de Chartres mais d'Orléans, et le nouveau chef de la Maison princière. En juin 1794, il lui faut repartir, quitter le pensionnat, pour avoir engrossé la cuisinière, Marianne Benzoni.

En mars de l'année suivante, Louis Philippe est à Hambourg et, au cours de l'été, il part pour la Norvège et la Laponie. Mais, il doit fuir précipitamment pour la Scandinavie : cette fois, c'est la belle soeur d'un pasteur protestant qu'il a engrossée.
De retour en Allemagne, il refuse de faire allégeance à Louis XVIII, qui s'est proclamé roi à l'annonce de la mort du jeune Louis XVII, et de rejoindre les forces des émigrés. Il est toujours aussi rétif à l'idée de combattre ses anciens compagnons des armées révolutionnaires.
En France, le Gouvernement du Directoire craint une restauration monarchique et se méfie des Orléans. Il n'accepte de libérer le duc de Montpensier et le comte Beaujolais, les frères de Louis Philippe, qu'à condition qu'ils accompagnent leur aîné en Amérique. Le 25 octobre 1796, le duc d'Orléans embarque donc pour Philadelphie, où ses frères le rejoignent au mois de février suivant. Après un périple à travers les treize états américains, les trois Orléans atteignent Cuba et La Havane en mai 1798. Ils y resteront dix huit mois, jusqu'à ce que l'autorisation de se rendre en Angleterre leur soit enfin accordée.
En janvier 1800, Louis Philippe arrive à Londres. Touchant une pension du Gouvernement anglais, il s'établit à Twickenham. C'est là qu'il favorise l'installation de Louis XVIII en 1807 et qu'il consent finalement à servir sans réserve la royauté légitime.
Si Bourbons et Orléans restent toujours aussi méfiants les uns viv à vis des autres, il leur faut cependant faire front commun contre le nouvel adversaire qu'est le général Bonaparte.

A plusieurs reprises, en Amérique puis en Angleterre, le duc d'Orléans a songé à se marier. Le 25 novembre 1809, à Palerme, il épouse Marie Amélie de Bourbon Sicile. Cette union, de prime abord conçue comme l'aboutissement de la réconciliation dynastique, va rapidement se transformer en un heureux mariage d'amour. C'est aussi pour Louis Philippe l'occasion d'intervenir dans la politique de sa belle famille. Ayant accepté un commandement dans l'armée de Catalogne, il débarque en Espagne en 1810 pour lutter aux côtés des Bourbons contre Napoléon. Mais l'Angleterre ne l'entend pas ainsi, et le voilà contraint de rembarquer pour Palerme, après avoir échappé à la mort et au bonapartiste maréchal Soult. Décidément, il est écrit que Louis Philippe ne se battra pas contre des Français, quel que soit leur camp.
Le duc d'Orléans se contente donc de vivre en bon époux, et après la naissance de Ferdinand en 1810, de Louise en 1812 puis de Marie Christine en 1813, en bon père de famille. Seul le despotisme de sa belle-mère, l'autoritaire Marie Caroline d'Autriche, vient assombrir cette vie paisible et presque bourgeoise. Enfin, en 1814, tombe la nouvelle de l'abdication de l'Empereur. Le 16 mai, après quelques vingt longues années d'exil, le duc d'Orléans est de retour à Paris.

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