VERSAILLES : UN MUSEE DEDIE "A TOUTES LES GLOIRES DE FRANCE"

A l'occasion des fêtes données pour le mariage de son fils aîné, Ferdinand d'Orléans, avec la princesse Hélène de Mecklembourg, Louis Philippe rouvre solennelement Versailles, fermé depuis la Révolution. En ce 10 juin 1837, le châtea devient un musée dédié "à toutes les gloires de la France".

Versailles, ce symbole de la monarchie absolue, qui a contribué à l'élan révolutionnaire de 1789 par sa splendeur grandiose, par sa richesse jugée écrasante et provocante, est resté endormi pendant des décennies. Il revit enfin, en ce jour de juin 1837. Louis Philippe est un homme de son siècle, le XIXème, un de ces rois citoyens qui ont compris le message. Il faut rouvrir Versailles, mais l'offrir à tous, comme gage d'une ère nouvelle et libérale. L'idée d'en faire un musée a séduit le roi, qui a décidé de dédier Versailles "à toutes les gloires de France" afin de célébrer les grands moments de l'histoire nationale, depuis Clovis jusqu'à la la Révolution et l'Empire. L'architecte Piere Fontaine a procédé, aux frais de Louis Philippe, aux rénovations indispensables après un si long abandon.
En 1797, Versailles est devenu le musée de l'Ecole française. Mais c'est le 10 juin 1837, par une clémente et douce journée de printemps, qu'a lieu "l'inauguration de Versailles", selon l'expression de la chroniqueuse de l'époque, madame de Boigne. Louis Philippe profite des fêtes données en l'honneur du mariage de son fils Ferdinand et d'Hélène de Mecklembourg Schwerin, célébré le 30 mai, pour faire découvrir au public le nouveau visage du plus beau palais du monde. Le roi, la reine Marie Amélie et la famille royale sont prêts à accueillir leurs invités dans le salon de l'oeil de Boeuf. Quelques dizaines d'années plus tard, en 1901, le musée sera ouvert au public.

Le festin de noces renoue pour un soir aec les fastes du Versailles d'antan, celui du Roi Soleil et de Louis XV, celui des splendeurs passées. Deux rangées de tables de vingt couverts attendent les 1400 convives privilégiés qui assisteront à la fête dans la galerie des Glaces et les salons voisins. Hommes politiques, femes du monde, écrivains, officiers et notables se pressent pour admirer la galerie étincelant de toutes ses célèbres glaces au milieu de laquelle trône la table royale. Derrière le siège de Louis Philippe, madame de Boigne remarque, amusée, l'inscription qui orne un tabelau : "Le roi gouverne par lui-même". Louis Philippe est, pour une fois le seul à avoir orchestré cette soirée unique, qu'il veut parfaite. Après les fastes gourmands, le roi guide ses invités dans les trois salles du nouveau musée, qui font suite à l'ancien appartement de la reine. Puis, il leur fait découvrir les jardins éblouissants, les jeux d'eau et la perspective du Grand Canal noyée dans les feux du magnifique coucher de soleil de soleil de juin. La fête ne s'achèvera que tard dans la nuit, avec la représentation du Misanthrope de Molière par la Comédie Française et un ballet dansé par la troupe de l'Opéra.

En transformant Versailles en musée, Louis Philippe a opté pour le consensus politique. En tant que roi des Français, il ne peut, malgré son envie, se permettre d'habiter un château où rôdent les fantômes de Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et de Marie Antoinette. Les légitimistes ne lui auraient pas pardonné de vivre dans un lieu qui ne lui revient pas de droit, à lui qui est de la branche d'Orléans des Bourbons. Les républicains, quant à eux, auraient vu d'un fort mauvais oeil un roi de France à la nouvelle manière renouer avec les pires défauts de l'Ancien Régime, qui faisait une part trop belle à la monarchie absolue et au luxe ostentatoire sysmbolisés par Versailles.
En faisant cadeau de ce musée superbe à la Nation, Louis Philippe entend adresser un message de paix et de concorde au pays tout entier, car ce sont les rois mais aussi le peuple qui ont fait l'histoire de France. Versailles, devenu musée, symbolise à présent l'unité nationale. Et bientôt, le château étant l'un des monuments les plus célèbres et les plus visités du monde, la renommée internationale de la France.

Le plus de la fiche

Retour Louis Philippe, les Arts et les Sciences

© 2003 cliannaz@noos.fr