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MADAME ROYALE EPOUSE LE DUC D'ANGOULEME
Roi
en exil et sans héritier direct, Louis XVIII forme le dessein d'unir son neveu
et sa nièce afin d'assurer l'avenir de la dynastie des Bourbons. C'est ainsi
que le 10 juin 1799, au château de Mitau, en Courlande, Marie Thérèse Charlotte
de France, fille aînée et seule survivante des enfants de Louis XVI, va épouser
son cousin germain, Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême et fils aîné du
comte d'Artois, le futur Charles X.
Premier enfant de Louis XVI et de Marie
Antoinette, Marie Thérèse Charlotte de France, dite Madame Royale, est née le
19 décembre 1778. En août 1792, elle a été incarcérée à la prison du Temple
avec ses parents et son jeune frère, le futur Louis XVII. En janvier 1793, son
père a été décapité; en octobre suivant, sa mère a subi le même sort dramatique;
puis, en juin 1795, son cadet est mort à son tour. Depuis lors, la jeune princesse
a passé de longs mois dans la solitude et la tristesse. Enfin, le 18 décembre
1796, la veille de son 18ème anniversaire, elle a été libérée par la Convention.
Le 26 décembre, à Bâle, elle a été remise au Gouvernement autrichien en échange
des commissaires de la Convention livrés à l'ennemi par le général Dumouriez
en 1793.
C'est avec la plus grande joie que Madame
Royale a retrouvé son cousin en ligne maternelle, l'empereur François II. Celui
ci aurait voulu la garder à Vienne en la mariant à l'archiduc Charles, espérant,
après avoir vaincu les armées de la France révolutionnaire, réclamer pour elle
le duché de Lorraine. Mais, dans son coeur, la fille de Louis XVI se sent profondément
française et a préféré s'en remettre à son oncle paternel, le comte de Provence,
qui s'est proclamé roi de France sous le nom de Louis XVIII en juin 1795. Louis
XVIII tient à ce que sa nièce épouse son neveu, Louis Antoine de Bourbon, duc
d'Angoulême et fils aîné du comte d'Artois, le futur Charles X. N'ayant pas
d'enfant, le roi considère son neveu comme le dauphin légitime, comme celui
qui peut assurer la pérennité de la dynastie des Bourbons et sauver la Couronne
en danger. Depuis le château de Mitau, en Courlande, région de l'actuelle Lettonie,
mis à sa disposition par le tsar Paul 1er, il a persuadé François II, avec l'appui
de la future mariée, de consentir à ce mariage. Le 4 mai 1799, Madame Royale
quitte Vienne pour Mitau, où, le 3 juin, elle retrouve son cousin germain qu'elle
n'a pas revu depuis 1789 et les temps heureux de leur enfance à Versailles.
En cette chaude fin de matinée, Marie Thérèse, vingt ans, et Louis Antoine,
vingt trois ans, renouent timidement. La fiancée est chaleureusement accueillie
par la famille royale, par la petite Cour qui s'est formée autour de Louis XVIII
et par cent gardes royaux qui lui font une haie d'honneur enthousiaste. Son
oncle a veillé avec soin à l'aménagement de son appartement, où il a eu la délicate
intention de faire installer un clavecin, spécialement commandé à Londres, des
livres, des métiers à broder, un cabinet chinois.
Louis XVIII a décidé de hâter les noces.
Il ne cache pas que ses raisons ne sont pas entièrement familiales : "Les
longs malheurs de ma nièce, son courage, ses vertus ont rassemblé sur elle un
intérêt qui lui a valu un amour de la part des Français, et il est essentiel
d'en tirer parti et de me l'approprier en la mariant avec mon héritier",
admet-il. Les cérémonies nuptiales sont fixées au 10 juin 1799. Marie Thérèse,
charmante dans sa robe d'argent brodée de perles, fait une bien jolie mariée.
Dans la grande salle du château de Mitau, décorée pour la circonstance de fleurs
de lys, emblème de la monarchie française, elle donne son consentement en adressant
un lumineux sourire à son époux, dont le physique ingrat est compensé par une
infinie gentillesse. Le jeune couple est béni par le cardinal évêque Louis Joseph
de Montmorency Laval, sous le regard attendri du roi et de la reine Marie Josèphe
de Savoie. Après signature par les témoins, le contrat de mariage est adressé
par courrier spécial au tsar Paul 1er et à l'empereur François II, qui, en retour,
enverront l'un comme l'autre un somptueux collier de diamants à la mariée. Le
repas de noces qui suit les cérémonies se déroule en famille dans une atmosphère
joyeuse, animé par la gaieté de Marie Thérèse, qui fait oublier la réserve timide
de Louis Antoine. Louis XVIII est ravi et charmé par la grâce et la spontanéité
chaleureuse de sa nièce : "Non seulement
elle dit des choses obligeantes à tout le monde, mais elle dit à chacun ce qu'il
convient de faire", écrit-il à son frère le comte
d'Artois, père du marié, qui n'a pu assister à l'événement.
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