LES CONSEQUENCES DES CROISADES (1270)
Les croisades ont donné lieu à une dizaine d'expéditions
militaires qui ont rassemblé une grande partie de la chrétienté
d'Occident. Si le bilan politique et militaire est maigre, les conséquences
religieuses et économiques sont multiples.
Les croisades ont-elles réussi? Ont-elles échoué? Quel
bilan en tirer? L'appréciation des historiens varie selon les époques
et selon le point de vue. Car les conséquences de cette gigantesque entreprise
médiévale apparaissent à la fois positives et négatives.
L'influence des croisades se mesure essentiellement dans deux domaines, le religieux
et l'économique.
Mises sur pied pour délivrer les Lieux Saints de Jérusalem,
les croisades ont, dans un premier temps, réussi sur ce point. Dès
la première expédition, les croisés ont pris la ville sainte.
Mais leur succès n'a pu s'inscrire dans la durée, et celle-ci
n'est restée dans le giron de la chrétienté occidentale
que moins d'un siècle! En 1187, Saladin les en a chassés et y
a rétabli définitivement la prédominance musulmane. En
revanche, les croisades ont renforcé la papauté en Occident. Au
cours du Moyen Age, les papes ont su se servir de l'idéal de la croiisade
pour unifier la chrétienté occidentale. Une manière d'asseoir
le poids et l'autorité de Rome et de l'Eglise. Deux instruments du pouvoir
de la papauté en sont issus, l'Inquisition et l'indulgence plénière. La
croisade menée au début du XIIème siècle dans le
Languedoc contre les Albigeois (ou cathares) est à l'origine de l'Inquisition,
une justice d'exception destinée à lutter contre les prétendues
hérésies. Octroyée par Urbain II quand il lance la première
croisade, l'indulgence plénière accorde au croisé la rémission
totale de ses péchés. La pratique des indulgences donnera lieu
à des trafics que Luther, le moine allemand fondateur du protestantisme,
dénoncera au XVIème siècle. L'aventure des croisades
a provoqué de nombreuses fractures entre les diverses religions. Les
communautés juives, notamment en Allemagne, ont subi, lors du passage
de la Croisade des Pauvres en 1096, de véritables "pogroms".
Les prédications destinées à susciter de nouvelles expéditions
en Terre Sainte ont, elles aussi, attisé la haine. Malgré le désaccord
de la hiérarchie de l'Eglise et malgré les relations qu'ont nouées
intellectuels chrétiens et juifs, l'antisémitisme s'inscrit dans
la société médiévale. L'intolérance religieuse
s'est également développée entre Chrétiens d'Orient
et d'Occident. Ayant aussi pour objet d'apporter un soutien aux frères
orientaux, la croisade a, de fait, entériné la division des Eglises
et suscité une haine durable. En 1204, le sac de Constantinople par les
croisés a blessé à mort l'empereur byzantin. Dès
lors, le divorce a été consommé. Lors des croisades,
les Chrétiens d'Occident ont été en contact étroit
avec l'Islam, qu'ils considèrent comme une hérésie. Chacun
restant sur son quant-à-soi, chrétiens et musulmans ont développé
les uns à l'égard des autres un sentiment de supériorité,
ont cultivé une forme d'ignorance. Au XIIIème siècle, quelques
religieux intellectuels se sont pourtant intéressés de près
à l'Islam et ont tenté d'en faire progresser la connaissance.
L'épopée des croisades a suscité de grands mouvements
démographiques : mobilisation des forces combattantes, passage important
de pélerins, installation en Orient de populations nouvelles, venues
de France ou d'Italie. L'industrie des transports, essentiellement maritimes,
en a bénéficié largement. Une circulation intense de capitaux,
de biens et de marchandises a stimulé l'économie médiévale.
Les techniques bancaires se sont affinées afin de faciliter les mouvements
financiers. L'activité économique liée aux croisades
a profité en premier lieu à quelques ports méditerranéens.
Elle a participé à la révolution commerciale qu'a connue
l'Occident et à l'intensification des échanges entre les deux
rives de la Méditerranée. Si Marseille et Barcelone ont tiré
leur épingle du jeu, ce sont les trois grandes cités italiennes
Pise, Gênes et Venise qui ont récolté les plus gros bénéfices.
Elles ont installé quartiers et comptoirs dans les royaumes latins d'Orient
et se sont assuré peu à peu le "leadership" commercial.
A partir du XIIIème siècle, la Cité des doges s'est construit
un véritable empire et dominera encore longtemps le commerce en Méditerranée.
D'importantes fortunes se sont ainsi bâties, ce dont les fastueux palais
de Venise témoignent encore aujourd'hui.
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