LES CAPETIENS
CHARLES
IV LE BEL, CHEF D'ETAT
LA BARONNIE DE BOURBON EST ERIGEE EN DUCHE-PAIRIE
Petit-fils de Saint Louis, Louis 1er de Bourbon est particulièrement bien en cour auprès des derniers Capétiens. En décembre 1327, Charles IV le Bel fait de la baronnie de Bourbon un duché. L'année suivante, c'est Philippe VI, premier roi de la dynastie des Valois, qui érige le duché en pairie. Ces faveurs successives inaugureront la montée en puissance de la Maison de Bourbon.
Le véritable point de départ de la lignée des Bourbons est un mariage : celui de Béatrix, héritière des Bourbons Dampierre et de Robert, comte de Clermont en Beauvaisis et sixième fils de Saint Louis. Robert de France n'a joué qu'un rôle secondaire dans les événements de son temps et n'a guère résidé dans le Bourbonnais. Un accident survenu lors d'un tournoi en 1279 en est peut-être une des raisons, car, à la suite de celui-ci, le prince est resté momentanément "privé de ses facultés physiques et de ses facultés intellectuelles".
Néanmoins, ce mariage de l'héritière
des sires de Bourbon avec un fils de France se traduit immédiatement
pour la Maison de Bourbon par un accroissement de son prestige et de sa puissance
territoriale; en outre ses domaines se trouvent augmentés du comté
de Clermont, apporté par Robert de France. Désormais, l'activité
et l'influence des Bourbons ne vont plus se limiter à leur seul fief,
mais, pour la première fois, vont jouer un rôle de premier plan
dans l'histoire du royaume
C'est avec Louis 1er de Bourbon, fils de Béatrix
et de Robert, que le nom de la Maison apparaît dans la grande histoire.
Lui aussi passe peu de temps dans le Bourbonnais; c'est qu'il est avant tout
un des grands officiers de l'entourage royal. Cousin de Philippe IV le Bel,
il combat au côté du roi au cours de la guerre contre la Flandre,
d'abord à Furnes en août 1297, puis à Mons en Pévèle
en août 1304. Lors de la défaite de Courtrai, en juillet 1302,
il contribue à sauver les restes de l'armée française.
Louis
1er augmente encore son prestige à la Cour en appuyant quelques années
plus tard la candidature du comte Philippe de Poitiers au trône de France
après la mort de Louis X le Hutin, en juin 1315. A l'avènement
de celui qui est devenu Philippe V le Long, Louis de Bourbon, à l'instar
de son frère Jean, seigneur de Charolais, entre au Conseil étroit
du souverain. En 1320, il est, avec Charles de Valois, oncle du roi, l'un des
deux feudataires à vendre à Philippe le Long son droit de battre
monnaie dans le Bourbonnais et à Clermont pour la somme de quinze mille
livres. Il est alors on ne peut mieux en cour.
En décembre 1327, le roi Charles IV le Bel propose
un échange à Louis de Bourbon. Il voudrait en effet adjoindre
le comté de Clermont, où il est né, à son patrimoine
: en compensation, il offre le comté de la Marche, qui a constitué
jusque-là son fief d'apanage. Finalement, il cède non seulement
le comté de la Marche, mais aussi les châteaux et châtellenies
d'Issoudun, de Saint Pierre le Moûtier et de Mont Ferrand, de façon
à assurer à leur nouveau détenteur mille cinq cents
livrées de terre de revenus. Pour sa part, Louis de Bourbon s'engage
à garantir au roi le comté de Clermont et à le dégager
des charges qui pourraient y être assujetties concernant le douaire de
sa femme ou de tout autre douaire. Fait encore plus important, le même
mois, le roi fait de la baronnie de Bourbon un duché en y incluant le
comté de la Marche et les châtellenies. "Si les terres unies
au duché du Bourbonnais en vertu de cet échange étaient
aliénées en tout ou en partie, ce qui aura été aliéné
retournera à son premier état", précise l'acte d'officialisation.
Charles IV ne s'arrête pas là et promet à Louis de Bourbon
de lui bailler d'autres terres pour compenser la plus-value du comté
de Clermont; et déclare que l'hommage pour ces terres tenues du roi devra
être prêté en une seule fois.
Quand Charles IV meurt,
en février 1328, Louis de Bourbon soutient la candidature de Philippe
VI de Valois, dont la soeur a épousé son fils. On lui a fait comprendre
que plus vite il se ralliera, plus vite ses avantages gagnés quelque
temps plus tôt en terres et en titres seront garantis. Son engagement
au coôté du nouveau souverain sera récompensé : en
1328, son duché de Bourbon sera érigé en pairie et le comté
de Clermont lui sera même restitué.
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