LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF DE GUERRE

 

LA BATAILLE DES EPERONS D'OR

C'est près de Courtrai, petite ville de Flandre occidentale située sur les bords de la Lys, que se cristallise le contentieux entre Français et Flamands. Au matin du 11 juillet 1302, la puissante armée envoyée par Philippe le Bel est taillée en pièces par les milices communales des villes de Flandre. La défaite de l'élite de la chevalerie française annonce par ailleurs la fin de la lourde cavalerie féodale qui devra bientôt (on le verra à Azincourt, en 1415) céder la place à la piétaille. A l'issue d'un combat tragique, les éperons d'or jonchent par milliers le champ de bataille. Une image d'une telle intensité dramatique que la bataille de Courtrai est devenue la bataille des Eperons d'or...

La bataille de Courtrai et le massacre de la chevalerie française qui s'ensuit illustrent, de la façon sans doute la plus dramatique, les relations conflictuelles qu'entretiennent le royaume de France et le comté de Flandre depuis plus de cinquante ans.
Les choses s'enveniment vraiment lorsque les Flamands se soulèvent contre le gouverneur Jacques de Châtillon, nommé par Philippe le Bel. Guillaume et Jean de Namur ainsi que Guillaume de Juliers prennent la tête des milices flamandes. Les trois hommes ont un compte personnel à régler avec le roi de France. En 1296, leur père et grand-père, Guy de Dampierre, comte de Flandre par la grâce de Saint Louis, s'est vu confisquer le gouvernement des principales villes de Flandre par Philippe le Bel. Quelques six années plus tard, la situation n'a guère évoluée. Le contentieux entre les Flamands et le roi de France est loin d'être réglé, bien au contraire.

En janvier 1300, les troupes françaises entrent en Flandre. Le comte et ses fils sont arrêtés et incarcérés en France pendant que Philippe le Bel confie l'administration du comté au très maladroit et malchanceux Jacques de Châtillon. Lorsque ce dernier arrive en Flandre, la révolte gronde. Les artisans de Bruges se rebellent contre les échevins de la ville qui veulent leur imposer des impôts exorbitants. Les troupes de Châtillon tentent de rétablir un semblant d'ordre.
Dans la nuit du 17 au 18 mai 1302, une centaine de soldats français sont égorgés dans leur sommeil par les extrémistes brugeois. Philippe le Bel ne peut pardonner ces Mâtines de Bruges. Chacun en Flandre comprend que cette fois-ci, il n'y aura pas de trêve.
Gagnées aux idées des indépendantistes brugeois, la plupart des villes de Flandre rejoignent, au cours du printemps 1302, le camp de la rébellion et obligent les troupes françaises à se replier. Dans le donjon de Courtrai, une modeste garnison s'est retranchée en espérant l'arrivée de renforts providentiels. Début juillet, une imposante armée flamande, augmentée de mercenaires aguerris, se rassemble dans la plaine voisine. Entre-Temps, Philippe le Bel a convoqué son ost et en a confié le commandement au neveu de Saint Louis, Robert d'Artois. Le 8 juillet les deux armées se font face.

Les forces flamandes consistent en des gens de métiers organisés en unités d'infanterie très mobiles, et dont les piques peuvent former une palissade quasiment infranchissable. Les Flamands sont ici en pays connu. En outre, ils ont aménagé le terrain en creusant de nombreux fossés autour de leurs positions. De son côté, l'ost royal rassemble l'élite de la chevalerie française. Lourdement lestés par de pesantes armures, armés de lances et d'épées, les chevaliers de Philippe le Bel ont l'habitude du combat par assaut frontal.
Au petit matin du 11 juillet 1302, Robert d'Artois donne le signal de l'attaque. Impatiente de s'assurer une victoire qu'elle croit aisée, la cavalerie française s'ébranle avant même que les arbalétriers français n'aient pu écorner les défenses ennemies. Aussitôt, les chevaliers et leurs montures s'embourbent dans les fossés marécageux et s'empalent sur les piques ennemies. Trop lourds pour s'extirper de ce bourbier, les chevaliers français sont jetés à terre et égorgés. Les Flamands ne font pas de prisonniers. Robert d'Artois et plusieurs centaines de ses pairs sont ainsi mis à mort. Devant ce désastre, l'arrière-garde préfère se replier vers Lille. Pour Philippe le Bel, ce n'est plus là une défaite, mais une humiliation. Guy de Dampierre est bientôt de retour à la tête de son comté. En 1303, il soutient le mouvement de démocratisation qui gagne la plupart des grandes villes flamandes. Deux ans plus tard, le 18 août 1304, le roi sauvera tout de même la face en prenant sa revanche sur les Flamands à Mons en Pévèle.

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