LES CAPETIENS
HUGUES CAPET, CHEF D'ETAT
HUGUES CAPET ASSOCIE AU TRONE SON FILS AINE, ROBERT LE PIEUX
Lorsqu'il ceint la couronne de France, en juillet 987, Hugues Capet est pleinement conscient de la précarité de sa situation. Charles, duc de Basse Lorraine et dernier héritier des Carolingiens, n'a pas renoncé à faire valoir ses droits et compte parmi ses partisans des princes puissants. Afin d'assurer l'avenir de sa dynastie, le nouveau roi décide d'associer au trône son fils aîné, le futur Robert II le Pieux, posant ainsi les bases du principe d'hérédité royale et dynastique.
L'événement a lieu le jour de Noël de l'an de grâce 987. Hugues Capet n'est roi que depuis six mois. Aujourd'hui, il assiste au couronnement de son fils. C'est en l'église Sainte Croix à Orléans, capitale des nouveaux souverains, que la cérémonie se déroule sous le haut patronage de l'archevêque de Reims. A 17 ans, Robert devient roi dans sa ville natale, après que la décision de son père de l'associer au trône a été entérinée par les grands et les évêques du royaume. Il reçoit l'onction de la Saointe Ampoule, jadis miraculeusement apparue pour le sacre de Clovis. Ce qui lui confère la légitimité et confirme son statut de souverain reconnu et élu par Dieu. A dater de ce jour, la succession au trône de France doit lui échoir.
En faisant monter son jeune fils à ses côtés
sur le trône, Hugues Capet démontre qu'il a de la suite dans les
idées. Il prend son rôle au sérieux, n'en tire aucune gloire
personnelle et cherche à assurer l'équilibre du royaume et, surtout,
la pérennité de sa lignée.
En cette fin du Xème
siècle, les invasions normandes sont terminées, mais d'autres
menaces planent sur Hugues Capet. Charles, duc de Basse Lorraine, le dernier
héritier des Carolingiens, attend l'occasion de reprendre ce dont on
l'a dépossédé. L'Empire, lui aussi, lorgne sur la France.
Si pour certains, Hugues passe pour un intrigant, un usurpateur, un opportuniste,
pour d'autres il est dans son droit. Après avoir sacré Clovis,
Saint Rémi n'a-t-il pas déclaré que la lignée régnante
pouvait être déposée si elle lésait l'Eglise? Et
les derniers Carolingiens ne se sont-ils pas détournés de Dieu?
Par
ailleurs, l'aristocratie est puissante. Les grands féodaux règnent
parfois sur des territoires beaucoup plus vastes que ceux qui appartiennent
en propre à la Couronne. Ils sont souvent riches et disposent de fortes
armées. Elu, le roi peut n'être considéré que comme
un grand du royaume, juste un peu au dessus des autres, mais pouvant être
dépossédé tout à la fois de son titre et de ses
prérogatives. Sa position n'est guère assurée, pas plus
que l'avenir de sa lignée. Hugues Capet se doit de montrer qu'il n'est
pas un simple chef. Et c'est là que le sacre prend toute sa valeur. Il
transforme un haut personnage, certes élu et acclamé, en un être
unique, à la fois chef de guerre et chef spirituel. Un roi au dessus
du commun, intouchable. Car qui lui nuit, nuit à Dieu.
Hugues Capet
a sans doute eu l'idée d'associer son fils aîné au trône
au cours de l'été 987, qui l'a vu passer du statut de duc de France
à celui de roi élu par l'assemblée des grands.
Le futur Robert II le Pieux a été très
tôt préparé au rôle de souverain. Depuis 980, il fréquente
l'église épiscopale de Reims, dirigée par l'éminent
Gerbert d'Aurillac, l'un des plus grands lettrés de son temps. Là,
il reçoit une solide éducation religieuse et littéraire,
doublée de l'enseignement militaire qu'exige son rang.
Sur les bancs
de l'école, ses condisciples sont de futurs abbés et de futurs
évêques. Ils resteront des amis de valeur qui, tout au long de
son règne, seront des conseillers avisés et lui accorderont un
soutien sans faille.
Pendant l'été 987, Hugues Capet a exposé
son projet à l'archevêque Adalbéron de Reims. Ce dernier
a d'abord rejeté l'idée d'associer le jeune Robert au trône,
arguant qu'on "ne peut faire deux rois la même année".
Mais le souverain lui a alors révélé son dessein de partir
sans délai en Espagne, pour aider Borel de Barcelone menacé par
les Maures. L'expédition est dangereuse, il pourrait y perdre la vie.
La France, sans roi, sombrerait dans l'anarchie... L'argument a fait mouche,
et l'on a arrêté la date de Noël.
Sacré, Robert
est à son tour acclamé par les grands du royaume, qui reconnaissent
sa légitimité et son autorité. Quelques mois à peine
après son élection, Hugues Capet pose ainsi les bases d'une nouvelle
dynastie. La fonction royale va évoluer. Jusque-là, le royaume
appartenait au souverain. Elus, les Capétiens en deviennent les serviteurs.
En 1027, suivant l'exemple de son père, Robert le Pieux fera couronner
son fils aîné, le futur Henri 1er. Pendant six générations,
jusqu'à Philippe Auguste, les rois de France associeront de leur vivant
leur fils aîné à la Couronne. Peu à peu, l'élection
du souverain deviendra de plus en plus symbolique et, à la fin du XIIIème
siècle, le principe d'hérédité monarchique ne sera
plus contesté.
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