LES CAPETIENS
LOUIS X LE HUTIN, CHEF D'ETAT

 

LOUIS X LE HUTIN : UN REGNE DE DEUX ANS

Louis X le Hutin monte sur le trône à vingt cinq ans, le 29 novembre 1314. Son père Philippe le Bel lui lègue un domaine agrandi de la Champagne et de la Navarre, une monarchie renforcée, mais aussi un royaume au bord de la révolte. Pendant son court règne de deux ans, il saura faire des concessions, sans jamais rien céder sur les prérogatives du roi.

A la mort de son père Philippe le Bel, Louis X a eu, dit-on, quelque peine à obtenir de l'Eglise des prières publiques pour le repos de l'âme du défunt. Les Français sont las du trop long règne de Philippe. Ils ne retiennent de sa politique de puissance et de grandeur que les crimes politiques, la prolifération des fonctionnaires trop zélés, les dépenses jugées excessives quand la conjoncture économique se dégrade sérieusement. Louis X hérite d'une situation explosive. Est-il préparé à y faire face? Fils aîné de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre, il est né le 4 octobre 1289 à Paris. Roi de Navarre, à la mort de sa mère, en 1305, il gouverne depuis la France. Il épouse Marguerite de Bourgogne qui lui donne une fille, Jeanne. Marguerite, condamnée pour adultère, croupira en prison. Sa mort, au printemps 1315, arrange trop bien les affaires de Louis X pour qu'il n'ait pas été soupçonné de l'avoir fait assassiner. Le souverain se remarie avec une lointaine cousine de la Maison des Anjou de Naples, Clémence de Hongrie, espérant un héritier mâle sur lequel ne pèsera pas de présomption d'illégitimité.

L'agitation sociale dans le royaume a pris une tournure politique. La petite noblesse, ruinée par la hausse des prix, supporte mal les prétentions administratives et fiscales de la monarchie. Si elle rêve d'un retour à la féodalité, elle se pose surtout en défenseur des libertés face à l'Etat centralisé que Philippe le Bel a commencé de mettre sur pied. Des ligues se constituent un peu partout dès 1314. En Bourgogne, en Champagne, en Ile de France, elles se confédèrent pour donner davantage de poids à leurs revendications.
Louis X choisit de négocier. Sans offrir de réformes générales, il compose avec chacune des ligues, sachant à l'occasion jouer sur les particularismes locaux. Il octroie ainsi des chartes dans lesquelles il s'engage à respecter (sous réserve de ses droits) les libertés et coutumes des chevaliers, des écuyers, des clercs, voire du "commun" des villes. Le roi semble reculer.
En réalité, il ne cède rien sur l'essentiel. Le caractère contradictoire, voire antagoniste, des intérêts des différents ordres de la société, vide ses concessions de leur substance. Les textes laissent, en outre, une large place à l'interprétation, suffisante pour que les légistes, le moment venu, y trouvent des failles allant dans le sens des intérêts de la couronne. Mais les ligueurs sont satisfaits et le mouvement, au demeurant peu cohérent, est vite désamorcé. Pour certains observateurs, cette stratégie aurait été soufflé à Louis X par son père avant qu'il meurt.

Mis sur la touche par Philippe le Bel, les Grands rêvent d'être associés plus étroitement à la gestion du royaume. A leur tête, Charles de Valois, frère de Philippe, homme d'expérience et d'autorité, a des comptes à régler avec les conseillers du défunt roi. Louis X n'ose braver ouvertement son oncle. Il tergiverse et tente d'épargner ceux qui ont servi son père. La plupart voient leurs biens confisqués, mais ils ont la vie sauve. Mais le roi sacrifie le plus proche conseiller de Philippe le Bel, l'impopulaire Enguerrand de Marigny. On examine les comptes du chambellan sans trouver à redire. Le 24 janvier 1315, il reçoit quitus pour sa gestion. On lui demande alors des explications sur la considérable fortune personnelle que, petit chevalier normand, il a réussi à amasser. Louis X l'abandonne à la vindicte de son oncle. L'homme se défend, n'avoue rien, pas même sous la torture. Il est pourtant pendu au gibet de Montfaucon, le 30 avril 1315. Les Grands qui ont obtenu son exécution ne désarment cependant pas et poursuivent leur lutte pour prendre les affaires du royaume en main.
Par ailleurs, le roi doit mater une nouvelle rébellion des Flamands, qui refusent d'appliquer la convention de Marquette conclue en septembre 1314. Pour financer sa campagne, il rappelle les juifs et les Lombards, chassés par son père, et vend leur affranchissement aux derniers serfs d'Ile de France. Il échoue contre les Flamands et se promet de recommencer au printemps suivant. Mais la situation économique est désastreuse, des milliers de personnes meurent de faim dans le nord du royaume. Louis X décède brutalement, le 4 juin 1316, à Vincennes, après avoir bu du vin glacé à l'issue d'une partie de jeu de paume.

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