LES CAPETIENS
LOUIS VIII LE LION, CHEF D'ETAT

 

LE FUTUR LOUIS VIII DEBARQUE EN ANGLETERRE

En débarquant sur le sol anglais, au printemps 1216, le futur Louis VIII réalise un exploit qu'aucun conquérant ne rééditera par la suite. A l'automne précédent, une ambassade des barons hostiles à Jean sans Terre est venue offrir au fils de Philippe Auguste rien moins que la couronne d'Angleterre. Avec le soutien tacite de son père, le prince Louis va soigneusement préparer sa conquête et sera accueilli à Londres en libérateur.

En 1216, le conflit entre Philippe Auguste et Jean sans Terre dure déjà depuis quatorze ans et le roi de France n'a toujours pas abandonné son ambition de conquérir le royaume d'Angleterre.
Après la victoire de Bouvines, en 1214, au crépuscule de son règne, Philippe Auguste (qui n'a pourtant pas encore la cinquantaine) suit les affaires du royaume depuis son palais. Son pouvoir n'est en rien affaibli, pas plus que son appétit de conquête. Mais c'est son fils, le futur Louis VIII, qui prend désormais la tête de l'armée royale.
En 1216, le prince Louis approche la trentaine. Depuis longtemps au service de son père, il a acquis de l'expérience et fait maintes fois preuve de bravoure. C'est lui qui a anéanti les troupes de Jean sans Terre à La Roche aux Moines en 1214.

Depuis ses échecs militaires contre Philippe Auguste, Jean sans Terre a vu son pouvoir s'affaiblir. Avec ses sujets, le roi se comporte en tyran. La cruauté dont il fait preuve pousse la noblesse et le clergé anglais à rechercher le soutien du roi de France. En 1215, s'il bénéficie de la protection du pape Innocent III, auquel il est soumis par serment de vassalité depuis 1213, Jean sans Terre est impuissant dans son royaume, d'autant plus que la perte de tous ses fiefs de France l'a discrédité. Son refus d'appliquer la Grande Charte du 19 juin 1215 (promulguée afin de lutter contre les abus de toutes sortes) porte à son comble l'exaspération des barons anglais, en rébellion contre leur souverain depuis deux ans. Philippe Auguste, qui, en 1212, a bien failli débarquer sur le sol anglais, suit l'affaire de près. Mais, soucieux de ne pas entrer en lutte ouverte avec le pape, il adopte une position neutre. En fait, il intrigue secrètement en faveur de son fils qui peut légitimement prétendre au trône d'Angleterre. En effet, Blanche de Castille, l'épouse de Louis, est, par sa mère, la petite-fille d'Henry II Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine. C'est donc naturellement, qu'à l'automne 1215, les barons font appel à Louis. Confiant en son étoile, le prince ne va pas laisser passer sa chance de coiffer la couronne d'Angleterre.

Louis prépare sa conquête mais c'est son père, Philippe Auguste, qui l'organise et se charge des négociations politiques importantes. Méfiant, le roi exige des barons anglais en gage de loyauté vingt quatre otages, tous de noble lignage. Et ce n'est qu'après avoir obtenu satisfaction qu'il permet à Louis de s'engager à leurs côtés. Le pape, lui, n'est pas dupe des manoeuvres françaises et envoie à la Cour de France un de ses légats, Galon, pour tenter d'y mettre un terme. Lors de l'assemblée de Melun, en avril 1216, le roi déclare à l'envoyé de Rome : "Le royaume d'Angleterre n'a jamais été le patrimoine de Saint Pierre  ni ne le sera. Le trône est vacant depuis que le roi Jean a été condamné dans notre Cour comme ayant forfait à la mort d'Arthur". Furieux, Galon menace Louis d'excommunication si Philippe Auguste ne renonce pas à son projet. Le prince s'adresse alors à son père : "Seigneur, je suis votre homme lige pour le fief que vous m'avez assigné sur le continent, mais il ne vous appartient pas de juger au sujet du royaume d'Angleterre". Impuissant, le prélat ne peut alors empêcher Louis de réunir une flotte de 800 navires, de lever une armée de 1 200 chevaliers et de plusieurs milliers d'hommes avec le soutien tacite du roi de France.
Fin décembre 1215, cent vingt chevaliers français ont traversé la Manche. En janvier 1216, une flotte de vingt navires aborde la côte anglaise. Au printemps, Louis s'embarque à son tour et doit affronter, dans la nuit du 18 au 19 mai, une effroyable tempête qui empêche toute intervention de la marine anglaise. Au matin du 21 mai, sept nefs françaises accostent à Stonor sur l'île du Thanet. Louis entre dans Sandwich sans rencontrer de résistance. A Londres, il est accueilli en libérateur et reçoit, à l'abbaye de Westminster, les hommages des évêques, des nobles et des bourgeois anglais. Il est alors persuadé d'avoir atteint son but. Mais la mort de Jean sans Terre, en octobre 1216, au lieu de lui permettre de monter sur le trône d'Angleterre va briser toutes ses espérances.

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