FRANCOIS 1ER SIGNE LA PAIX PERPETUELLE AVEC LES
SUISSES (29 novembre 1516)
Les Suisses, bras armé de la Ligue
anti-française en Italie, sont battus à Marignan. Les treize cantons de la
Confédération concluent avec François 1er, le 29 novembre 1516 à Fribourg, la
Paix perpétuelle. Jamais traité ne portera mieux son nom, puisque cette paix
dure toujours.
Au début du XVIème siècle, les
Suisses sont à l'apogée de leur puissance militaire. Maximilien 1er n'en a pas
bien pris la mesure quand il a voulu renforcer sa tutelle sur ce territoire
d'empire. Il a dû leur reconnaître une indépendance de fait, après une
série de défaites, en 1499, lors de la guerre de Souabe. La Confédération
est forte de treize cantons depuis l'adhésion de Bâle et Schafhous, en 1501, et
d'Appenzell, en 1513. La principale richesse de ces terres alpestres ingrates,
ce sont leurs hommes. Ces solides montagnards vendent leur force sur les champs
de bataille d'Europe.
Toutefois le marché des mercenaires suisses est fermé au roi de France depuis
1510, les cantons ayant adhéré à la Ligue formée par le pape Jules II pour
chasser les "barbares" français d'Italie. L'évêque de Sion,
Matthaüs Schiner, dont l'influence s'exerce au-delà de son diocèse du Valais,
a convaincu ses compatriotes de défendre les intérêts pontificaux et
d'abandonner Louis XII.
L'ambitieux prélat n'est pas insensible à la promesse de la pourpre
cardinalice, qu'il obtiendra pour "ses bons et loyaux services". La
Confédération n'a pas non plus à se plaindre de ce choix, car elle a profité
des guerres d'Italie pour étendre ses possessions au sud des Alpes. Les
Français, eux, sont chassés de la Péninsule.
En 1513, bras armé du pape Léon X et d'une nouvelle Ligue, les Suisses
bloquent la tentative de retour de Louis XII dans le Milanais, battant les
Français à Novare et allant assiéger Dijon. Mais, en septembre 1515, les
redoutables fantassins armés de longues piques sont battus à Marignan par le
jeune roi François 1er.
Cette bataille qui a tant contribué
à sa gloire, François 1er ne l'a pas voulue. Jusqu'au dernier moment, il a
cherché un arrangement avec les redoutables piquiers suisses qui défendent le
Milanais.
Le 30 août, le roi est aux portes du duché, après les avoir pris de court en
franchissant les Alpes par une voie réputée impossible (le col de Larches) et
se dispose à acheter leur neutralité. Les chefs suisses signent le 8 septembre
une convention par laquelle ils acceptent de se retirer, moyennant 600 000
écus, dont 150 000 payables immédiatement.
Mais à Milan, le cardinal Schiner a retourné la situation. Il sait que les
cantons de Zurich, de Lucerne et d'Uri contestent le traité. Il a beau jeu de
répéter que les Français ne tiennent pas leurs engagements et que l'indemnité
promise après le siège de Dijon, deux ans plus tôt, n'a pas été versé. Il
fait miroiter une victoire facile et un butin fructueux. Le 13 septembre, les
Confédérés quittent Milan en rangs serrés pour Marignan, où campent les
Français. On sait ce qu'il advint. François 1er, "subjugateur
des Helvétiens" comme s'en enorgueillit sa mère Louise de Savoie,
reprend le duché aux Sforza.
Ses troupes réduisent les dernières places encore tenues par les Suisses qui
sont autorisés à sortir avec leurs bagages et à rentrer chez eux. Car le roi
de France a l'intention de traiter avec les cantons.
Si Marignan a porté un rude coup à
leur réputation d'invincibilité, les Suisses ne sont pas écrasés. Dès
décembre 1515, huit cantons, parmi lesquels Fribourg et Berne acceptent de
négocier avec la France. Mais les cinq autres, Schwyz et Uri en tête, sont
hostiles à tout rapprochement. Le cardinal Schiner, réfugié à la cour de
l'empereur Maximilien, reste influent. Au printemps 1516, des troupes suisses à
la solde du Habsbourg envahissent le duché sans rencontrer de résistance.
Mais, à Milan, les Français les attendent de pied ferme. Au bout de quelques
jours, Maximilien abandonne. Les marchandages avec les Suisses reprennent. Il
faut toute l'habileté de René de Savoie, oncle du roi et demi-frère bâtard
de la reine-mère, et beaucoup d'argent pour convaincre les notables de conclure
un traité.
Enfin, le 29 novembre 1516, à Fribourg, les treize cantons signent avec la France
la Paix perpétuelle. Les Suisses reçoivent un million d'écus d'or et chaque
canton se voit assurer une rente annuelle. S'ils évacuent les places du nord du
Milanais, Lugarno et Locarno, ils conservent Bellinzona, au débouché de la
vallée du Tessin, porte de la plaine lombarde. En contrepartie, ils s'engagent
"à
ne jamais aller au service des princes, seigneurs et communautés qui voudraient
prétendre endommager ledit seigneur roi en son royaume, en son duché de Milan
ou en ses appartenances".
Cette paix onéreuse en vaut la peine. François 1er est sûr que ses ennemis ne
pourront pas lever de troupes dans les cantons, quand lui pourra y trouver les
hommes dont il a besoin. Jusqu'à la Révolution, l'armée française emploiera
en permanence des Suisses. Quant à la Confédération, elle se tiendra à
l'écart des affaires européennes.
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