BAYARD DEFEND MEZIERES CONTRE LES IMPERIAUX (26 septembre 1521)
La guerre qui a éclaté au printemps
1521 entre François 1er et Charles Quint a bien mal commencé pour
la France. Dans le Nord, les troupes impériales, commandées par
Henri de Nassau et le redoutable Franz von Sickingen, enlèvent les places
fortes les unes après les autres, presque sans coup férir. En
confiant à Bayard la défense de Mézières, le roi
espère bien que les évènements vont prendre un tour plus
favorable.
Mézières prise, la route de
la Champagne et de Paris serait ouverte aux envahisseurs. Chacun le sait. Mais
la place peut-elle résister à Henri De Nassau et au célèbre
Franz von Sickingen, un "vrai pirate de terre"? Certains conseillent
à François 1er de l'abandonner car elle n'est "ni tenable,
ni gardable". Le duc d'Alençon, chargé de la défense
du front nord, informe le roi, dans une lettre du 31 juillet 1521, qu'il a décidé
d'y envoyer en mission d'inspection Pierre du Terrail, seigneur de Bayard. Le
héros de Marignan a quitté sans trop de peine ses fonctions d'administrateur
du Dauphiné et a retrouvé la compagnie du duc Antoine de Lorraine,
dont il assure la lieutenance. Le 4 août, depuis Reims, Alençon
rend compte au roi de la mission de Bayard et du conseil de guerre qui a suivi
: bien que Mézières "ne
soit en état d'attendre un siège, ledit sieur de Bayard pense
que étant dedans... il pourra la garder".
François 1er nomme donc le "chevalier sans peur et sans reproche"
lieutenant général dans la place. Bayard la rejoint le 7 août
avec ses troupes. Le chef de la garnison, Jean d'Albret, sieur d'Orval, se réjouit
de cette arrivée : "Et vous
avertis, Sire, que vous avez ici une compagnie de gens qui sont bien délibérés
de vous faire service". Aussitôt, Bayard
prend les choses en main. Donnant l'exemple (il porte des sacs de terre comme
un vulgaire terrassier), il s'emploie jour et nuit à faire renforcer
les remparts. Pendant ce temps, les Impériaux ont mis le siège
sous Mouzon, à une vingtaine de kilomètres au sud-est. La place
tient moins de temps qu'on aurait pu l'espérer et se rend le 29 août.
Ce même jour, Bayard reçoit des renforts commandés par le
jeune Anne de Montmorency.
Le 30 août, Mézières
est assiégée. Bayard et Montmorency, qui vont mener en commun
sa défense, informent Alençon de l'encerclement de la ville. Ils
se félicitent de l'arrivée à point nommé de l'argent
de la solde. Car nul doute que la chute de Mouzon a été précipitée
par la mutinerie des gens de pied, qui n'avaient pas été payés.
Selon l'usage, les Impériaux somment la place de se rendre. La réponse
de Bayard étant bien évidemment négative, les boulets commencent
à pleuvoir. Quatre jours d'intense canonnade n'ébranlent nullement
les défenses de Mézières. Le siège s'annonce long,
et les Français sont déterminés à tenir coûte
que coûte. Pendant ce temps, François 1er renforce son armée
pour venir au secours des assiégés. Mais à Reims, il est
retardé par de fortes pluies. A Mézières, les vivres s'épuisent
et une épidémie de "flux au ventre" commence à
affaiblir les hommes. Pourtant le moral reste bon. Les assiégés
vont tenter des sorties pour desserrer l'étau et aller quérir
du ravitaillement. Ils seront favorisés par la mésentente qui
règne entre les généraux de Charles Quint. Le prince de
Nassau et l'Allemand Sickingen, plus mercenaire que gentilhomme, ne s'apprécient
guère.
Selon un biographe de Bayard, la chevalier
a su tirer avantageusement parti de cette faille. Il aurait chargé un
paysan de traverser les lignes ennemies avec un faux message dans lequel il
annonçait le venue prochaine de secours et laissait entendre, au détour
d'une phrase, qu'Henri de Nassau songeait à passer au service du roi
de France. Comme il l'espérait, son agent fut capturé par les
hommes de Sickingen. Malgré les dénégations de Nassau,
ce dernier voulut quitter sa position, jugée dangereuse en cas
de renforts français. Les deux généraux faillirent en venir
aux mains et "le lendemain levèrent le siège, sans jamais
oser y donner assaut". Selon un autre auteur, Martin du Bellay, c'est
une ruse d'Anne de Montmorency qui aurait sauvé les Français.
Un capitaine des Impériaux, ancien soldat du roi de France, aurait demandé
à une de ses connaissances, restée au service de François
1er, une bonne bouteille en souvenir de leur vieille amitié. Montmorency
l'aurait conduit dans une cave, lui aurait montré de nombreux tonneaux
(pleins d'eau) et l'aurait renvoyé avec plusieurs bonnes bouteilles de
vin. Croyant la garnison française abondamment pourvue en vivres, Nassau,
trompé, aurait jugé plus prudent de lever le siège. Quoi
qu'il en soit, le 26 septembre 1521, Mézières est dégagée,
après avoir vaillamment résisté pendant quatre semaines.
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