LES VALOIS
HENRI III, SA VIE |
HENRI III ADOPTE LA "FRAISE" Henri III a une passion pour les nouveautés de la toilette, les accessoires les plus somptueux, les bijoux et les colifichets précieux. Au début de l'année 1578, il lance la mode de la "fraise". A l'instar des mignons du roi, les élégants adoptent unanimement cette collerette plissée, qui va bientôt prendre des dimensions aussi extravagantes que vertigineuses. Collerette plissée, tuyautée ou goudronnée, la "fraise" aurait selon certains été importée d'Italie par Catherine de Médicis. Pour d'autres, elle aurait été ramenée en Europe par les Anglais, qui, aux Indes, se seraient conformés à la coutume locale en adoptant ce collet de mousseline empesé à l'eau de riz, destiné à protéger les vêtements du contact des cheveux longs et huilés. Au XVIème siècle, en France, la fraise est d'abord portée par les dames, mais les messieurs ne tardent pas à renoncer au col à l'italienne pour l'arborer eux mêmes. Sa mode fera d'autant plus fureur que, à partir du début de l'année 1578, le roi Henri III en personne l'adopte. La fraise est constituée d'un "feuilleté" de mousseline ou de linon, quinze lés de fine toile superposés, larges d'un tiers d'aune (environ quarante centimètres). Henri III, qui prend souvent lui-même soin de ses vêtements, est soucieux de toujours porter une collerette plissée impeccablement blanche et empesée, pour laquelle il invente un nouvel empois. A mesure que la mode se répand, la fraise
prend des dimensions extravagantes. "A
voir la tête d'un homme sur ces fraises, il semblait que ce fût le chef de Saint
Jean sur un plat", ironise le chroniqueur Pierre
de l'Estoile en faisant allusion à Saint Jean Baptiste décapité. Les étudiants
se moquent allégrement de cette parure qui doit son nom à la fraise (l'intestin
grêle du veau). A la foire de Saint Germain, les plus insolents déambulent affublés
d'une collerette en papier, en chantant à tue tête : "A
la fraise, on reconnaît le veau"! Mais les quolibets
des rieurs n'ont pas l'heur de plaire à Sa Majesté qui se fâche. Et l'algarade
a pour conséquence de susciter un regain d'enthousiasme de la part des élégants. On jase d'autant plus que la fraise n'est
pas le seul élément emprunté au costume féminin. Les viriles chausses bouffantes
sont remplacées par un modèle étroit, directement inspiré par les caleçons des
dames, qui met en valeur les jambes masculines gainées de soie. Ces chausses sont
dites "à la polacre" ou "à la vénitienne", car elles auraient
été découvertes par Henri III lors de ses voyages en Pologne et à Venise; mais
elles sont si collantes qu'on les désigne le plus souvent sous le sobriquet
de "culots". "De cordons emperlés
sa chevelure pleine s'indigne-t-il dans des vers aussi virulents à l'égard de la mode qui trotte que de l'extravagance affichée d'Henri III. Page MAJ ou créée le |