LOUIS XII FAIT LA PAIX AVEC HENRY VIII D'ANGLETERRE (7 août
1514)
Réconcilié avec tous les monarques européens,
Louis
XII n'est plus en conflit qu'avec le roi d'Angleterre Henry VIII. Or, cette
guerre coûte cher à l'Anglais, sans affaiblir en rien le royaume
de France. D'un commun accord, les deux souverains entament des négociations
secrètes, qui aboutiront à la paix de Londres, le 7 août
1514. Une réconciliation qui sera scellée avec la jeune Mary Tudor,
soeur du roi d'Angleterre.
En ce printemps 1514, la Sainte Ligue s'est dissoute. Louis
XII a fait la paix avec le roi Ferdinand d'Aragon et le pape Léon X,
lequel
l'a réconcilié avec l'Empereur Maximilien d'Autriche, qui s'est
lui-même rappoché des Vénitiens, ceux-ci ayant agi avec
l'aval de leurs alliés Français! Même les Suisses ne se
montrent plus aussi menaçants depuis que le roi de France distribue en
secret de grosses sommes d'argent dans les cantons helvétiques. Seul
Henry VIII, le roi d'Angleterre, poursuit les hostilités contre la France.
Mais le Tudor a dépensé beaucoup d'argent pour s'emparer de places
d'importance secondaire, sans pour autant réussir à entamer le
"royaume des lys" : la puissance et le territore français restent
intacts.
Début juin 1514, maître Jacques Hurault, général
des Finances de Normandie, se rend à Londres. Il est mandaté par
Louis XII pour négocier la rançon des seigneurs français
faits prisonniers lors de la défaite de Guinegatte en août 1513.
Ce n'est qu'un prétexte pour endormir les espions à la solde des
puissances étrangères. En réalité, l'homme de
confiance du roi de France est chargé d'une mission secrète :
renouer des liens avec le souverain anglais en vue d'une réconciliation.
Beaucoup moins voyant qu'un ambassadeur extraordinaire, qyui serait escorté
de sa suite, il peut ainsi rencontrer discrètement Henry VIII. Au
cours de ces audiences privées, le roi d'Anglmeterre se montre chaleureux
et fort bien disposé envers la France. Sans grande difficulté,
il accepte une suspension d'armes. Un geste de bonne volonté qui ne lui
coûte guère : depuis plusieurs mois, les opérations militaires
sur les fronts d'Artois et de Picardie sont pratiquement figées. Ce
préalable établi, les discussions achoppent sur un point : le
cas de Richard de La Pole, duc de Suffolk. Celui-ci, voulant venger la mort
de son frère Edmond, impliqué dans un complot contre Henry VIII
et exécuté sur ordre du roi, est venu l'année précédente,
avec des lansquenets allemands, combattre sur le front de Picardie aux côtés
des Français contre ses compatriotes! Aujourd'hui, le roi d'Angleterre
exige qu'on lui remette le traître, qu'il promet à un cruel châtiment.
Par l'intermédiaire de ses négociateurs, Louis XII s'y refuse
fermement : question d'honneur et de dignité. Durant plus de deux semaines,
les négociations sont suspendues. Mais, le désir de paix et de
réconciliation primant, on trouve finalement le moyen de s'accorder.
Louis XII oblige Suffolk à quitter sa Cour et à se retirer à
Metz, en terre d'Empire, mais il s'engage à lui verser une pension annuelle
de six mille livres tournois pour services rendus.
Désormais, plus rien ne s'oppose à ce que
les négociations secrètes aboutissent enfin à la paix.
Celle-ci est proclamée le 7 août 1514 et entérinée
par la signature du traité de Londres. En premier lieu, l'accord prévoit
que la paix durera un an après la mort du premier des deux rois qui viendrait
à décéder. Par ailleurs, Louis XII accepte de payer les
arriérés de la pension prévue par le traité d'Etaples,
dont le montant est presque doublé : la France versera un million d'écus
à l'Angleterre, par annuités de cent mille livres. De son côté,
Henry VIII garde Tournai. Enfin, la réconciliation franco-anglaise
est scellée par un mariage, celui de Louis XII, veuf d'Anne de Bretagne
depuis à peine sept mois, et de Mary Tudor, le jeune soeur d'Henry VIII.
Or, la main de la princesse a été promise au jeune archiduc Charles
de Gand, petit-fils de l'Empereur Maximilien, le futur Charles Quint. Qu'importe!
Faisant fi de sa promesse, le roi d'Angleterre voit avant tout ses intérêts.
Estimant périlleux de s'allier aux Habsbourg, il a besoin d'une France
assez forte pour contrebalancer leur puissance. C'est donc sans état
d'âme qu'il donne sa soeur, dans la fleur de ses dix huit printemps et
renommée pour sa beauté, au roi de France, âgé de
cinquante deux ans, goutteux, édenté et cacochyme. Trois jours
plus tard, le 10 août 1514, le contrat de mariage est établi. Henry
VIII d'Angleterre fait une excellente affaire : la dot de sa soeur est prélevée
sur l'indemnité promise par la France. Pour Louis XII, ce renversement
d'alliance est avant tout un succès politique.
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