LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, LE PEUPLE |
LA "VAUDERIE" D'ARRAS Au printemps 1460, plusieurs Arrageois, parmi lesquels de hautes personnalités de la ville, sont accusés de pactiser avec le diable. Malgré les résistances de la population et du duc de Bourgogne Philippe III le Bon, la "vauderie" d'Arras se soldera par de nombreuses exécutions sommaires. C'est à Langres, dans la Haute Marne, que débute l'affaire. En 1459, un ermite, Robinet de Vaulx, accusé de magie noire, est arrêté et poussé à dénoncer deux de ses connaissances d'Arras, d'où il est originaire. Ce qu'il décrit lors de ses aveux est si terrifiant qu'il est condamné au bûcher et exécuté. Les deux "complices" incriminés sont arrêtés et emprisonnés. Il s'agit de Deniselle, une prostituée, et de Jehan Lavite, surnommé "l'abbé de peu de sens", une sorte de baladin sans doute un peu simple d'esprit qui fréquente les foires de la région. Détail accablant : Lavite conclut toutes ses interventions d'un mystérieux : "N'en déplaise à mon maître"; un maître qui ne peut être que le Malin, le diable en personne. La justice ecclésiastique entre en action fin 1459, sous la haute main de l'inquisiteur Pierre Le Broussard, secondé par deux juges dominicains, le zélé Jacques Dubois, chanoine d'Arras, et Jean Fauconnier, évêque in partibus de Beyrouth. Torturés à plusieurs reprises, Deniselle
et Lavite finissent par décrire avec précision leurs pratiques
secrètes. Pour se rendre au sabbat, également appelé "vauderie",
dans un bois des environs d'Arras, ils chevauchent des bâtons recouverts
d'un onguent magique destiné à leur permettre de voler. Ils rejoignent
ainsi le diable, qui prend diverses formes : homme, bouc, chien... S'ensuivent
des rites d'adoration satanique, des profanations s'achevant toujours par une
orgie où toutes les perversions sont de mise. Lors de ces réunions
impies sont préparées des potions à base de crapauds ayant
mangé l'hostie, de poudre d'os de pendus et de sang de jeunes enfants.
Lavite avoue avoir perpétré deux crimes et Deniselle avoir sacrifié
son enfant. Confiés à la justice séculière, qui
s'appuie sur leurs aveux, les accusés se rétractent en vain :
ils périssent sur le bûcher en mai 1460. Le retentissement est énorme et inquiète
le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Arraas, relevant de ses domaines, il demande
qu'un contrôle soit exercé sur le procès. Il saisit également
les théologiens de Louvain, qui se montrent réservés, mais
ne peuvent influer sur la procédure en cours. Malgré sa volonté
d'en finir, Philippe le Bon ne détient pas tous les pouvoirs face au
fanatisme des juges, qui voient là l'occasion de détruire ce qu'ils
imaginent une contre-société secrète à la solde
du diable. La population désapprouve également l'action en cours.
Arras est une ville drapière moderne où les maisons cossues et
les ateliers sont nombreux. Ce scandale, qui touche toutes les couches de la
population, lui fait une publicité déplorable : le commerce local
s'en ressent durement, les Arrageois se sentent discrédités. Page MAJ ou créée le |