LES CAPETIENS
PHILIPPE IV, LES PERSONNALITES |
GUILLAUME DE NANGIS, HISTORIOGRAPHE DES CAPETIENS Chef de l'atelier d'historiographie de l'abbaye de Saint Denis, le moine Guillaume de Nangis mène à terme une Vie de Louis VII. Entre 1285 et 1300, il rédigera encore une Vie de Louis IX et une Vie de Philippe III le Hardi. Parallèlement à ces hagiographies, il fera un remarquable travail d'historien en s'attelant à une Chronique universelle qui court depuis la Création jusqu'à la fin du XIIIème siècle. Né vers 1250, le moine Guillaume de Nangis apparaît en 1289 dans les comptes de l'abbaye de Saint Denis comme chargé de la garde et de la transcription des chartes, lettres et privilèges de la communauté, mais il a intégré le monastère bien avant d'y exercer cette charge d'archiviste, peut-être plus de quinze ans plus tôt. Succédant au moine Primat en tant que chef de l'atelier d'historiographie, il s'acquitte d'une des missions traditionnellement dévolues à l'abbaye : consigner l'histoire des rois de France. Guillaume de Nangis commence par mener à bien une Vie de Louis VII. Puis il dirige la rédaction d'une Vie de Louis VIII et, de 1285 à 1297, écrit lui-même une Vie de Louis IX, suivie d'une Vie de Philippe III le Hardi, composée à partir de 1287. Il dédie ces deux derniers ouvrages à Philippe le Bel, qui montre un vif intérêt pour la vie de son père et surtout celle de son grand-père, le pieux Saint Louis. Avec humilité, l'auteur avoue dans la préface de sa Vie de Louis IX qu'il s'est inspiré d'autres travaux, tels ceux de Gilon de Reims, également moine à Saint Denis et rédacteur de la première partie de l'ouvrage, et du dominicain Geoffroi de Beaulieu. Ecrite en latin, cette hagiographie de Saint Louis sera traduite en français dans les dernières années du XIIIème siècle. Nangis s'attache notamment à y démontrer la supériorité du roi de France sur tous les autres souverains de son temps, à en faire l'héritier des empereurs romains. Après avoir évoqué sa mort devant Tunis, il souligne : "Tous les gouvernants du monde de cette époque furent inférieurs au roi". Selon lui, le fait que Louis IX ait triomphé de tous ses ennemis est la manifestation de sa puissance temporelle mise au service de la paix entre les peuples et de la défense de l'Eglise, ce dans la continuité de la tradition impériale. Le moine de Saint Denis est par ailleurs le premier à exalter le roi d'élection divine : le roi christianissimus, le "Très Chrétien", alors que Geoffroi de Beaulieu le qualifiait seulement de "juste et pacifique". Depuis le milieu du XIIIème siècle, l'abbaye
de Saint Denis a élargi le champ de ses activités de l'hagiographie
royale à l'histoire universelle. Le deuxième ouvrage de Guillaume
de Nangis, qui deviendra sa tâche principale, est une Chronique universelle,
rédigée avant 1297, mais à laquelle l'auteur travaillera
jusqu'à sa mort, en juin ou juillet 1300. Elle couvre la période
allant de la Création à cette date. Pour le XIIIème siècle,
le moine a consigné année après année non seulement
l'histoire du royaume de France, mais aussi de l'Empire germanique, de Constantinople,
des royaumes d'Angleterre, de Jérusalem et de Sicile. C'est pour lui
l'occasion de mettre encore plus en valeur la figure de Saint Louis et d'en
faire un second Charlemagne : en montrant que les Capétiens ont recueilli
l'héritage carolingien, il assimile Louis IX à un Empereur. Page MAJ ou créée le |