LES CAPETIENS
HENRI 1ER, SA VIE
HENRI 1ER EPOUSE ANNE DE KIEV
Veuf après un premier mariage resté stérile, Henri 1er épouse en secondes noces, le 19 mai 1051, une princesse russe, Anne Kiev. Pendant près de dix ans, le Capétien vivra une union heureuse avec la fille du grand prince Iaroslav 1er le Sage, qui lui donnera trois fils et une fille.
Depuis 1044, Henri 1er est veuf de Mathilde
de Frise, qui est morte sans lui donner d'enfant. Afin d'assurer la continuité
de la dynastie, le Capétien est en quête d'une nouvelle épouse issue d'une lignée
digne de sa puissance. Convoler avec une jeune femme de la noblesse du royaume
lui semble bien en dessous de son rang; d'autant que, en octobre 1043, le comte
d'Anjou Geoffroy Martel a uni sa belle fille à l'empereur allemand Henri III.
Henri
1er entretient de bonnes relations avec l'Angleterre, mais aucune princesse
n'est à marier. Or, en ce milieu de XIème siècle, on loue dans toutes les cours
d'Europe les splendeurs de la principauté de Kiev, prospère cité commerçante
"aux quatre cents clochers",
"égale de Byzance".
Peut être le roi a-t-il aussi entendu parler des luttes familiales au terme
desquelles le grand prince Iaroslav 1er a, comme lui, affirmé sa souveraineté
et ressent-il de la sympathie pour ce seigneur fort cultivé. En 1048, l'évêque
Roger de Chalons est envoyé en mission à Kiev. Les contacts pris sont suffisamment
encourageants pour qu'Henri 1er y envoie, vers la fin de 1049 ou au début de
1050, une seconde ambassade pour ramener en France la plus jeune des filles
de Iaroslav 1er, Anne.
Il faut plusieurs mois aux ambassadeurs
d'Henri 1er pour traverser l'Europe, suivis par des chariots, chargés de riches
présents : brocarts des Flandres, broignes en cuir d'Etampes, draps de Reims
et dentelles d'Orléans, bijoux et objets d'art, enluminures réalisées par les
moines de l'abbaye de Saint Denis. Au mois de mai 1050, Iaroslav 1er les accueille
avec les marques de la plus grande hospitalité. Quelques semaines plus tard,
ils repartent en compagnie d'Anne de Kiev, princesse à la beauté blonde et lumineuse,
âgée d'une vingtaine d'années. Dans ses bagages, la jeune fille emporte des
richesses de son pays à profusion : peaux d'ours de l'Oural, fourrures d'Astrakan,
cravates en zibeline, soieries d'Ispahan, miel et or de Colchide (actuelle Géorgie),
parfums d'Arménie, outres de vodka, oeufs d'esturgeon de la Volga.
Lorsque
Anne de Kiev fait son entrée à Senlis, Henri 1er est immédiatement séduit par
son éblouissante beauté. Les noces sont célébrées à la cathédrale de Reims le
19 mai 1051, jour de la Pentecôte. La mariée, , qui porte une robe de soie damassée
sous un manteau d'hermine drappé aux lys de France, est sacrée reine lors de
la même cérémonie. Tous les grands vassaux du royaume sont présents, ainsi que
quelques délégations lointaines : le comte de Sussex, venu au nom du roi d'Angleterre
Edouard le Confesseur, et le jar (maire du palais) Ragnwald, envoyé du
roi Edmond de Suède. L'un des ambassadeurs nordiques remet à la mariée un magnifique
collier en jaspe, cadeau de sa soeur aînée, Elisabeth, qui a épousé le roi de
Norvège.
Installée au château de Senlis, la reine
Anne règne avec bienveillance sur la mesnie royale, les serviteurs de la Maison
du roi. Bien qu'elle parle difficilement le Français, elle se mêle volontiers
à la foule les jours de marché et se plaît à bavarder avec les marchands, ce
qui lui vaut une grande popularité. Elle aime aussi chanter et jouer de la musique
avec ses compagnes, telle Adélaïde de La Ferté Baudoin, avec qui elle entretient
une amitié privilégiée et fait de longues promenades en forêt.
Au cours des
premières années de son mariage, Anne de Kiev reste à Senlis et, à partir de
1052, donne successivement le jour à trois fils, Philippe, le futur Philippe
1er, Robert, qui meurt vers l'âge de cinq ans, et Hugues, le futur comte de
Vermandois, ainsi qu'à une fille, Emma, morte en bas âge. Son union avec Henri
1er semble heureuse et, quand les enfants ont un peu grandi, elle accompagne
couramment son mari dans ses incessants déplacements. C'est ainsi que,
en juillet 1058, elle séjourne à Melun puis, en août de la même année, à Cambrai
où le roi délivre un diplôme à l'abbaye d'Hasnon. En mai 1059, elle est à Reims,
où elle assiste avec toute la famille royale au sacre de son fils aîné; puis
elle se rend à Dreux pour y faire une donation en faveur de Saint Pierre de
Chartres. Mais, le 4 août 1060, le bonheur conjugal est brisé : la mort d'Henri
1er laisse Anne de Kiev veuve à l'âge de trente six ans.
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