LES CAPETIENS
HENRI 1ER, SA VIE
L'ETRANGE MORT D'HENRI 1ER
Le 4 août 1060, à Vitry aux Loges, près d'Orléans, Henri 1er meurt soudainement. Empoisonnement? Ou erreur médicale? C'est cette seconde cause qui semblera la plus vraisemblable aux médecins qui, au XIXème et XXème siècles, tenteront d'établir un diagnostic à partir de la relation laissée par le chroniqueyr Orderic Vital.
Le 4 aout 1060, à Vitry aux Loges, localité sise dans le forêt d'Orléans et proche de l'abbaye de Saint Benoît de Fleury sur Loire, Henri 1er meurt subitement. C'est la main dans la main de son épouse, la reine Anne de Kiev, qu'il rend son dernier soupir. Certes, depuis quelque temps, le roi, âgé de cinquante et un ans, s'est montré fatigué, usé par les guerres et les constantes chevauchées menées pour soumettre les grands féodaux. Mais personne ne s'attendait à le voir disparaître aussi soudainement. Et, inévitablement, la rumeur attribue la cause de son décès à un empoisonnement.
La mort d'Henri 1er est-elle due à une
imprudence ou à une erreur médicale? Malgré l'interdiction de son médecin, l'archidiacre
Jean de Chartres, le roi, pour étancher une soif inextinguible, aurait bu en
cachette de l'eau servie par son chambellan. Après son décès, le praticien insiste
sur ce fait, insinue que l'absorption de cette boisson a été fatale. Mais les
études faites au cours des siècles suivants par de nombreux hommes de l'art
mettent directement en cause le médecin du roi.
Selon le chroniqueur Orderic
Vital, Jean de Chartres a prescrit un purgatif à son patient. Sitôt le remède
administré, le roi en ressent les effets drastiques : il a très soif et devient
fort anxieux. Il se plaint de souffrir le martyre. Mais le médecin n'est pas
à son chevet ou n'entend pas, ou ne veut pas entendre, ses gémissements, une
faute qui vaudra à Jean de Chartres d'être surnommé "le sourd"! Bientôt,
le remède provoque de douloureuses évacuations, si violentes qu'une inflammation
de l'intestin se déclenche.
La mort du souverain est si foudroyante que certains
prétendent que le purgatif qui lui a été administré est un poison. Sans doute,
n'est-ce pas le cas. Cependant, au Moyen Age, le dosage des diverses substances
des médicaments composés reste une opération délicat, et les "erreurs"
ne sont pas rares. Pour dégager sa responsabilité et se protéger d'une éventuelle
accusation, Jean de Chartres impute la cause du décès à l'eau que le roi a eu
l'imprudence de boire à son insu et contre son avis. Mais il semble qu'aucun
purgatif n'ait été assez dangereux pour, une fois mis en contact avec cette
eau, se décomposer et libérer un agent puissamment toxique. Contrairement à
ce qu'a affirmé le médecin pour se défendre, la boisson absorbée par Henri 1er
était probablement inoffensive.
C'est ainsi que le roi laisse une veuve
et tois jeunes enfants, dont l'aîné, Philippe 1er, héritier de la Couronne,
est âgé d'environ huit ans. Avant de mourir, il a eu le temps d'associer son
successeur au trône et de le faire sacrer, le 23 mai 1059, par l'archevêque
Gervais de Reims. Il a par ailleurs confié la tutelle du jeune Philippe à son
épouse, la reine Anne de Kiev, et à son gendre, le comte Baudoin de Flandre,
en qui il a une entière confiance. En ces temps où la féodalité semble plus
puissante que jamais, cette précaution n'est pas un luxe; d'autant que, pour
la première fois dns son histoire, la dynastie cépétienne est confrontée à l'avènement
d'un souverain mineur.
A la mort d'Henri 1er, l'autorité de la monarchie
est sévèrement battue en brèche par les grands féodaux. En Normandie, le duc
Guillaume, le futur Guillaume le Conquérant, affirme son indépendance vis-à-vis
du roi de France, alors qu'il n'a pas encore conquis l'Angleterre. Le frère
du roi, Robert, exerce dans sa plénitude la suzeraineté sur la Bourgogne. Les
ducs d'Aquitaine, pour leur part n'apparaissent plus que sporadiquement dans
l'entourage du capétien, lors des grandes expéditions militaires et des cérémonies
religieuses, auxquels, en tant que princes chrétiens, ils ne sauraient manquer.
Les comtes de Toulouse et de Bretagne, qui se sentent presque étrangers au royaume,
ne se considèrent pratiquement plus liés par le devoir féodal. Les descendants
d'Henri 1er, son fils, Philippe 1er, et surtout son petit fils, Louis VI, devront
s'employer à reconquérir simultanément la réalité du pouvoir et le prestige
attaché à la Couronne de France.
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