LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, LES ARTS
ET LES SCIENCES
LA BASILIQUE DE SAINT DENIS : PREMIER TRESOR DU ROYAUME DE FRANCE
Située aux portes de Paris, la basilique de Saint Denis est intimement liée à l'histoire de la royauté française. Après avoir abrité le tombeau de Saint Denis et été le lieu de vénérations de saintes reliques, elle est devenue l'emblème de la monarchie. La plupart des rois de France y sont inhumés et on y conserve les objets du sacrement royal.
L'abbé Suger est fort satisfait. Le roi
Louis VII le Jeune, la reine Aliénor d'Aquitaine et près d'une trentaine de prélats
assistent en cette belle journée du 11 juin 1144 à la consécration du choeur de la
basilique de Saint Denis qui vient d'être entièrement restauré.
Quelque vingt ans plus tôt, en 1122, Suger, abbé de Saint Denis et conseiller du roi,
suggère à Louis VI le Gros, de faire reconstruire dans toute sa magnificence l'abbatiale
carolingienne rudement éprouvée par les invasions normandes. Les travaux débutent en
1137 et, trois ans plus tard, les deux tours du massif occidental sont consacrées.
La "Passion de Saint Denis"
raconte comment Denis, évêque missionnaire de Paris, est martyrisé, vers 250, avec ses
disciples, Rustique et Eulère. Le corps du Saint est recueilli par une paysanne qui
l'inhume dans son champ. La tombe fait rapidement l'objet d'un véritable culte populaire
avant d'être intégrée dans un mausolée plus important. A partir du IXème siècle, une
autre version apparaît sous l'influence de Hilduin, abbé de Saint Denis, qui rédige en
835 une nouvelle vie du saint. Denis est assimilé à l'évêque d'Athènes, Denys
l'Aréopagite, converti au 1er siècle par l'apôtre Paul. Selon ce récit miraculeux,
Denys, martyrisé puis décapité à Montmartre, aurait ramassé sa tête et l'aurait
portée lui-même sur le site de la basilique. Cette légende a fait l'objet de bien des
contestations qui ont finalement abouti à une incroyable surenchère : en 1053, une
exploration de la crypte destinée à confirmer la présence de saintes reliques aurait
permis la "découverte" d'une épine de la couronne du Christ et d'un clou de la
Croix!
Vers 475, Sainte Geneviève fait élever une première église. Quelque 200 ans plus tard,
Dagobert fonde l'abbaye de Saint Denis et sera le premier roi de France à y être
inhumé.
Sous le règne de Louis VI le Gros, la
basilique de Saint Denis accède au rôle de guide spirituel du royaume. L'abbé Suger
instaure, en 1124, le rituel de la remise de la bannière du Vexin, oriflamme de la
basilique qui a été adopté par les premiers Capétiens. Louis VI, s'apprêtant à
partir en guerre contre l'Espagne, vient prier Saint Denis "de défendre son royaume,
de sauver sa personne, de résister aux ennemis". On lui remet l'oriflamme de soie
vermeille. Les châsses d'argent contenant les reliques sont sorties de la crypte et
exposées sur l'autel. Elles ne seront rentrées qu'à son retour. Cette cérémonie,
élevant Denis au rang de saint patron du royaume de France, est respectée jusqu'au
XVIIIème siècle à l'occasion de chaque départ en guerre. Elle s'accompagne à
l'occasion d'une régence de l'abbé de Saint Denis sur les affaires du royaume - comme
celle de Suger au cours du règne de Louis VII le Jeune, puis celle de Mathieu de Vendôme
lorsque Saint Louis part en croisade.
A partir de Dagobert, les rois de France commencent de se faire inhumer à Saint Denis
(certains, comme Charlemagne, n'y sont pas ensevelis). A partir de l'avènement des
Capétiens, à la fin du Xème siècle, la tradition s'établit définitivement. C'est
encore sous l'impulsion de l'abbé Suger qu'apparaît la pratique de déposer à Saint
Denis les objets du sacre (les regalia, tels que les couronnes et les vêtements royaux).
Les successeurs de Louis VI ne respectent pas tous cette habitude qui ne s'imposera que
sous le règne de Saint Louis.
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