LES CAPETIENS
CHARLES
IV LE BEL, SA VIE
CHARLES IV LE BEL, DERNIER DES CAPETIENS DIRECTS
Au cours d'un règne de six ans, Charles IV le Bel a tenté de poursuivre l'ouvre de ses ancêtres et s'est appliqué à réorganiser les finances et la justice. Mais à sa mort, le 1er février 1328, le problème de la succession au trône se pose pour la troisième fois avec acuité. Comme ses frères et prédécesseurs, Louis X le Hutin et Philippe V le Long, Charles n'a pas d'héritier mâle. La dynastie des Capétiens va ainsi disparaître avec le troisième fils de Philippe le Bel, tombant dans l'escarcelle des Valois alors que les relations avec les Plantagenêt deviennent de plus en plus tendues
Lorsque Charles, comte de la Marche, fils cadet de Philippe IV le Bel, est sacré à Reims, le 11 février 1322, il succède à ses deux aînés, Louis X le Hutin et Philippe V le Long. Il a pour le royaume de grands desseins politiques et moraux et hérite du grand oeuvre entrepris par Philippe Auguste, par Saint Louis et par son père, Philippe IV le Bel. Royaume féodal regroupant plusieurs entités territoriales au début du XIIIème siècle, la France est progressivement devenue un Etat moderne où le roi exerce sa souveraineté par l'intermédiaire d'une administration qui s'est considérablement développée et où la justice royale s'applique systématiquement en dernière instance. Dans le droit fil de l'oeuvre réalisée par ses ancêtres, Charles IV fait effectuer un recensement fiscal, l'état des paroisses et des feux. Rédigé de 1326 à 1328, il précise que le domaine royal englobe 23 671 paroisses et 2 469 987 "feux" (foyers au sens de l'imposition) sur une superficie d'environ 320 000 kilomètres carrés. On peut ainsi estimer la population du royaume à quelques dix huit millions d'individus, nombre qui témoigne de l'essor économique et démographique du pays.
Ces avancées dans l'organisation du
pouvoir n'ont cependant pas leur équivalent au plan militaire. Ainsi le roi ne
dispose-t-il que des contingents levés par ses vassaux à l'occasion de la guerre.
Dans ce contexte, les événements survenus en Guyenne prennent une importance toute
particulière. En effet, Edouard II, roi d'Angleterre et également duc de Guyenne, tarde
à prêter serment d'allégeance au roi de France, son suzerain pour cette dernière
région. Omnipotent dans son pays, il regimbe à l'idée de s'abaisser devant un autre
souverain. Tirant prétexte de l'occupation par les Anglais du château de Saint Andros,
Charles IV obtient la commise du fief qui l'autorise à occuper le territoire à la place
de son vassal. Il confisque ainsi presque la totalité de la Guyenne, dont il s'arrogera
la plus grosse part, lors de la paix de 1327. Malheureusement, les carences de son armée
lui interdisent la complète maîtrise du terrain. Après plusieurs années de statu quo,
ce problème se posera avec une acuité nouvelle à la mort des deux adversaires (Edouard
décède en 1327, Charles en 1328) et débouchera, vingt plus tard sur la guerre de Cent Ans.
La plus grosse difficulté qui se
présente à Charles IV est d'ordre successoral. Il n'a pas d'enfant au moment de son
sacre et, depuis 1315, son épouse, accusée d'adultère, est emprisonnée à la
forteresse de Château Gaillard. Dans un premier temps, le roi demande au pape Jean XXII
l'annulation de son mariage, et l'obtient en 1322, au motif que sa femme est la fille de
sa marraine. La même année, il épouse Marie de Luxembourg, fille de l'ancien empereur
Henri VII et soeur du roi Jean de Bohème. Mais, deux ans plus tard, celle-ci meurt en
couches. L'enfant, un garçon, ne lui survivra pas. En 1325, un nouveau mariage unit
Charles à Jeanne d'Evreux, qui donne le jour à une fille, Marie.
Malgré ses mariages successifs, Charles est toujours sans héritier mâle lorsqu'il
décède, à Vincennes, le 1er février 1328. Le problème de sa succession fait l'objet
d'un véritable suspense. Jeanne d'Evreux, sa veuve, étant enceinte, on attend avec
impatience de savoir quel sera le sexe du royal rejeton. Avec la naissance d'une fille,
Blanche, le règne des Valois peut commencer...
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