LES CAPETIENS
LOUIS X LE HUTIN, SA VIE

 

LOUIS X LE HUTIN EPOUSE CLEMENCE DE HONGRIE

Après la mort en prison de sa première femme Marguerite de Bourgogne (mort dont certains lui imputent la responsabilité), Louis X le Hutin se remarie le 1er août 1315. Dans l'espoir de donner un héritier mâle à la Couronne, il épouse Clémence de Hongrie, fille de l'Angevin Charles 1er Martel, roi de Hongrie, et de Clémence de Habsbourg.

Le sire Jean de Joinville, compagnon de Louis IX et âgé de plus de quatre vingt dix ans, est allé chercher la jeune fiancée à Naples où, orpheline dès l'âge de deux ans, elle a été élevée à la Cour de son oncle, le roi de Sicile. Clémence a attendu près de vingt deux ans avant d'obtenir une demande en mariage tant espérée; et c'est le roi de France en personne qui la présente! Belle, d'une blondeur nordique, courtoise envers tous, humble, elle porte bien son prénom. Eblouie par la chance qui lui est offerte, c'est pleine d'espoir et d'enthousiasme qu'elle s'embarque avec sa suite et les ambassadeurs français à bord du navire qui doit la mener à Marseille, première étape de son voyage.

Une violente tempête perturbe la traversée. Dans cette terrible aventure, la future reine de France ne perd que certains de ses bijoux, mais, même si elle a la vie sauve, l'événement semble de mauvais augure. Louis X le Hutin est l'aîné des fils de Philippe le Bel, à qui il a succédé en novembre 1314. L'Histoire a laissé de ce souverain un portrait peu flatteur : tout entier à ses plaisirs, dont la boisson et le jeu, inappliqué, voire apathique, mais aussi batailleur à ses heures, ce qui lui aurait valu son surnom de "Hutin", qui signifie querelleur. Il semble cependant que le couple se soit bien entendu et que, à défaut d'amour, Clémence ait éprouvé une réelle affection pour son époux.
Leur mariage est célébré à Troyes le 1er août 1315. Charles de Valois, oncle du roi, conduit Clémence à l'autel et monseigneur Jean d'Auxois reçoit le consentement des époux. A la sortie de la messe, les souverains sont attendus par une foule de paysans vêtus de simples chemises, voire de chiffons. Spontanément, la reine s'exclame : "Ne va-t-on pas leur faire l'aumône?" Pour lui complaire, Louis X ordonne à son chambellan de jeter quelques pièces de monnaie, ce qui suscite une scène de bagarre tumultueuse et pénible pour la souveraine. Un grand banquet de noces, qui dure cinq heures, est ensuite servi dans la grande salle du château. Point d'autres réjouissances : pressé de repartir guerroyer en Flandre, le roi n'a le temps ni pour de grandes fêtes, ni pour des "abondances". Deux jours plus tard, à Reims, le couple royal reçoit l'onction du sacre de l'archevêque Robert de Courtenay.

Louis X le Hutin meurt dix mois à peine après le mariage. Sa veuve en éprouve un vif chagrin et le pleure longtemps. Elle est alors enceinte de quatre mois. Elle ne semble pas avoir réclamé la régence, mais tant qu'elle porte en son sein l'espoir de la Couronne elle est ménagée par la famille royale et les Grands. L'assemblée des barons décide que si elle accouche d'un fils ele recevra jusqu'à la majorité de l'enfant un revenu annuel de vingt mille livres sur le duché d'Orléans et quatre mille livres à titre héréditaire. Mais la reine n'est pas en bonne santé, et déjà on soupçonne qu'elle pourrait accoucher d'un enfant mort-né.
Au palais du Louvre, le 15 novembre 1316, peu après minuit, elle donne naissance à un fils. Baptisé Jean, le bébé ne vit que quatre jours. "Il naquit et mourut ensemble (...). Les jugements de Dieu sont cachés", constate le chroniqueur Geoffroi de Paris.
Le pape Jean XXII écrit à la reine Clémence une lettre de consolation l'exhortant "à faire de ses larmes des armes ou des instruments de pénitence". La souveraine est si éprouvée par ce nouveau coup du sort qu'elle manifeste une prodigalité soudaine, autant de ses biens que de sa personne. Si bien que le pape la sermonne dans des lettres, l'exhortant à vivre dans l'effacement, la chasteté, l'humilité; la conjure d'être sobre, modeste dans son comportement et son apparence, de réduire ses dépenses et de ne pas se montrer toujours avec de jeunes gens. Il fait également en sorte que Philippe V le Long, le successeur de Louis X le Hutin, lui constitue un douaire, ce qui ne va pas sans poser de problèmes.
Clémence de Hongrie se retire finalement à Avignon en 1317, puis prend le voile au couvent de Sainte Marie de Nazareth, près d'Aix en Provence. Elle mourra le 13 octobre 1328, à l'âge de trente cinq ans.

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